Chapitre 23

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— Aucun problème, nous discutions simplement, affirme le calvitien.

Ander a la main posée sur ma taille et moi, j'ai arrêté de respirer. Déjà, parce qu'il n'a jamais été aussi gentil et serviable publiquement, et ensuite parce que j'aime cette proximité. Ce n'est pas la même chose qu'avec Sebastien, quand je lui prenais les mains, le sentiment ne suivait pas. Mais avec Ander... Il faut que je me ressaisisse.

— Bien, je tiens aussi à vous rappeler que le roi, un jour –qui j'espère sera le plus tard possible–, mourra et par conséquent, je serai à la tête de ce pays. Il serait malheureux d'avoir des différends quant aux méthodes de traiter la princesse Eileen, ne pensez-vous pas ?

Et il ponctue sa phrase d'un sourire étincelant, un sourire que je ne lui ai jamais vu. J'ai envie de lui baiser les pieds sur le moment. Où est donc passé le vrai Ander ? Me l'aurait-on remplacé d'une plus vive copie ?

— Bien évidemment, il en va de soit, Votre Altesse Royale, répond le chauve en s'abaissant dans une révérence.

Et tous trois déguerpissent sans demander leur reste. Je me tourne vers Ander, l'air outrée, prête à le féliciter d'une certaine manière lorsque son visage se ferme et qu'il me relâche.

— Sebastien veut te voir. Nous nous verrons plus tard.

Il se détourne de moi mais je le rattrape, ma main autour de son bras. Ses grands yeux bleus se posent sur moi.

— Il y a un problème ?

— Pas le moins du monde, va rejoindre ton Sebastien. J'irai discuter avec quelques nobles.

La jalousie se retranscrit dans sa voix et je ne peux m'empêcher de dissimuler un sourire. Agacé, il regarde ailleurs. Et ça me fait sourire encore plus.

— Vous pouvez le dire si vous souhaitez que je reste avec vous, vous savez...

— Non ! Je ne veux pas cela et je ne l'ai jamais prétendu.

Grognon, il croise les bras sur son torse et je me retiens de remettre la mèche qui lui tombe sur les yeux en place. Dieu sait qu'il est beau. Et je le répète bien trop de fois.

À peine.

— Ander, je peux rester avec vous. Je préférerais, par ailleurs.

Et ses yeux s'illuminent. Je les avais toujours trouvé éteints. D'un bleu profond, ils semblaient tristes ou mélancoliques, enfin il n'y a jamais eu cette petite étincelle malicieuse ou chaleureuse qu'aurait Sebastien par exemple. Et j'ignore si cela a un rapport avec lui.

Mais il se rembrunit automatiquement. C'est comme un réflexe chez lui, lorsqu'il est trop heureux sur un moment, il se voile la face et revient au point d'origine.

— Non, va avec lui. Je m'en sortirai parfaitement sans ta désagréable présence.

Son ton sec me laisse quelque peu surprise et il s'en va, comme ça. Je retire toutes les choses positives que j'ai pu dire sur lui. Il est un être odieux, monstrueux et cruel en tout points. Il mériterait la guillotine ! Bon, peut-être pas la guillotine mais au moins la torture. Une torture lente et douce pour bien lui faire comprendre tout ce qu'il me fait ressentir et je pense même que...

— Princesse !

Sebastien accourt vers moi, tout sourire et pendant quelques secondes, de la déception se loge dans mon cœur. Au fond de moi, je sais que j'aurais préféré voir Ander et non son frère. Mais c'est quelque chose que je ne peux pas déclarer ouvertement. Ander ne m'apprécie pas forcément et puis, j'ai d'autres choses à penser en tête.

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant