Chapitre 48

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— À mon signal...

Mon cœur bat fort dans ma poitrine. Je sens que je vais me rater, cet impression persiste en moi et j'ai un mauvais pressentiment. Et s'il se met à pleuvoir, qu'un orage éclate et que je me fais frapper par la foudre ? Et si une attaque survient ?

Je chasse ces mauvaises pensées et essaye de me concentrer sur le positif. Sur Rewind et Arynn qui m'encouragent. Sur Ander qui est là, et il a beau éviter mon regard sa présence me suffit pour l'instant.

— Partez !

Tous démarrent en trombes et je rate le départ. Je donne de rapides coups sur les flancs du cheval et rattrape les autres. Mes cheveux sont balayés par le vent et je regrette un instant de n'avoir fait aucune queue de cheval. J'ignore ce qui m'a pris, à chaque concours je noue ma tignasse mais j'ai comme complètement oublié.

Je pars au galop sans réfléchir et dépasse les deux dernières filles qui sont à la traînent. Longeant les bois, mon cœur bat fort dans ma poitrine et j'ai peur de la vitesse, c'est la première fois que cela m'arrive. Peut-être parce que le souvenir de moi tombant du cheval surgit dans mon esprit pile à ce moment-là.

J'essaie de faire abstraction mais c'est plus fort que moi, je ne fais que penser négativement. Je souffle un bon coup et tire sur les rênes. Je double ainsi trois filles sur une vingtaine participant à la course. Devant moi, il en reste à peu près dix plus ou moins et j'aperçois la chevelure noire de Cecilia en tête.

Un élan de folie me parvient et le cheval accélère sous mes pieds. Je double ainsi un nombre de filles et je tire ensuite légèrement sur les rênes pour prendre un virage.

J'ai l'étrange impression que le bois se referme sur moi comme avec obscurité. Les arbres se dessinent, grands et majestueux mais quelque chose semble bizarre. Jusqu'ici, leurs feuillages paraissaient verdoyants et le soleil étincelant mais celui-ci ne brille plus autant qu'avant et tout paraît plus sombre. J'ignore si c'est seulement une impression ou bien les autres ressentent la même chose que moi mais elles n'ont pas l'air perturbées.

Je finis par éloigner ce mauvais pressentiment qui perdure en moi. Levant la tête, mes yeux se projettent au loin et je ne vois toujours pas la ligne d'arrivée. J'ignore si j'arriverai même à l'atteindre avant Cecilia : elle a pris une avance remarquable. On m'a toujours dit de viser plus haut et je sais au fond de moi que cette course est pour moi, qu'elle remplira une certaine fierté en moi si je réussis mais j'ai peur de ne pas être à la hauteur. De m'être surestimée.

Une fille me double puis une autre et je perds espoir. Je commence à avoir froid et si je m'écoutais, je ferais demi-tour pour rejoindre Ander et le serrer dans mes bras. Mais je ne fais rien. J'essaie de penser à Bianca et cela me suffit. Mon estomac se noue en même temps que je me reprends. Je vais gagner cette course, je dois y croire, quoiqu'il arrive.

J'accélère, peu importe les conséquences et plus le cheval galope, plus la silhouette de Cecilia se rapproche. Un sentiment de satisfaction me parvient et un sourire se dessine sur mes lèvres au fur et à mesure que je comble la distance, doublant princesse après princesse. Tournant à une autre intersection, j'aperçois la ligne d'arrivée à une centaine de mètres. Le public étant sur la gauche.

Bientôt, je me poste aux côtés de Cecilia qui n'en croit pas ses yeux. Elle tourne plusieurs fois la tête, l'air effarée et me crie par-dessus le vent :

— C'est ma victoire !

Cela suffit à me motiver encore plus. D'une main je continue de tenir les rênes, d'une autre je sors la cravache que je gardais avec précaution jusqu'ici et donne un petit un coup sur le côté. Cela suffit à la réveiller et elle accélère.

— C'est de la triche ! s'égosille Cecilia.

Elle m'imite et réussit à me rattraper. Cela ne sera jamais suffisant, je ne la laisserai pas m'écraser. Cette course est ma victoire, elle l'a toujours été. D'une certaine manière, je la compare à mes sentiments pour Ander. Celle qui gagne scellera définitivement la véritable union. Et il n'est pas question qu'elle remporte quoique ce soit, ni maintenant, ni jamais.

Et alors que j'arrive bientôt à la ligne d'arrivée, je me fige. Je me revois, en train de tomber, mon dos heurtant le sol brutalement. Je me revois, la tête de Sebastien penchée au-dessus de moi lorsque j'ai rouvert les yeux. Je me souviens d'Ander qui disait que j'avais accepté cette course de mon plein gré.

J'ai peur à ce moment-là. Peur que la situation se répète, que tout dégénère, que mon mariage avec Ander soit véritablement annulé et qu'il épouse cette idiote de Cecilia. J'ai peur de perdre la personne qui a bousculé ma vie du tout au tout.

— À moi la victoire !

Cecilia me dépasse de quelques centimètres. Et c'est à ce moment que je réalise quelque chose. Avoir peur est un sentiment normal et rationnel. Il me suffit juste de transformer cette faiblesse en force. Je prends une grande inspiration et donne de nouveau un coup de cravache sur l'épaule de la jument.

C'est ainsi que je la dépasse et que la ligne d'arrivée se dessine devant moi. À moi la victoire, à moi les applaudissement, à moi le Jeu des Roses.

Je passe la ligne d'arrivée avant Cecilia et mes espérances sont exaucées. Les applaudissements fusent, Sir Caster s'écrie dans son micro et moi, je continue d'avancer sur quelques mètres, étant obligée avant que la jument ne puisse s'arrêter. Je rentre quelque peu de nouveau dans les bois, suivie de près par Cecilia et je tire les rênes aussi fortement que mes bras me permettent.

Ma jument finit par ralentir et un sentiment d'euphorie me parcourt. J'ai gagné la course ! J'ai réussi à battre Cecilia.

Le cheval s'arrête complètement et j'essaie de reprendre ma respiration. Mes cuisses me font terriblement mal et je me laisse tomber en avant, épuisée. Une goutte de sueur dégouline sur mon front en même temps que les battements de mon cœur ralentissent. J'ai réussi... Je l'ai fait. J'ai gagné mon épreuve, j'ai gagné le cœur d'Ander.

Mon extase est de courte durée. C'est à ce moment précis que tout s'arrête. Un coup de feu retentit au loin, réveillant les animaux de la forêt et faisant s'envoler une trentaine d'oiseaux dans les airs. Des cris fusent du public derrière moi et je n'ai pas le temps de faire quelque chose. La jument prend peur, accélère brusquement et moi, je ne suis pas prête. Je ne tiens même plus les rênes et alors que le cheval part au galop, je perds l'équilibre et tombe en plein vol.

Mon dos vient heurter brutalement le sol, je roule et ma tête se retrouve face contre terre. Une voix résonne en même temps que je perds connaissance :

— Tu as perdu, Eileen. Si je ne peux pas l'avoir, personne ne l'aura.



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Ree

J'espère que le chapitre vous a plu ! Y'a 400 péripéties dans cette histoire j'ai l'impression, j'espère que ce n'est pas dérangeant 😭 au moins c'est pas mou du genou

Le truc de la cravache, franchement je m'y connais absolument pas donc je sais pas si c'est comme ça qu'on fait... Ou si c'est utile pour les courses donc bon

Aussi, j'avais pensé à faire une partie (entre 2 chapitres) questions, je vous pose des questions et vous y répondez en comms, ça peut être sympa pour vous connaître un peu plus je trouve ! 😁 (n'hésitez pas à me dire si l'idée vous intéresse)

Le prochain chap sortira ce soir je pense, je suis assez avancée on va dire ^^

Bizz bizz

💓

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant