Chapitre 32

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Ander lâche ma main et se dirige directement vers les marches qu'il monte deux à deux. Passant à côté de son frère, il lui donne une tape sur l'épaule et lui adresse quelques mots que je ne perçois pas d'ici.

Sebastien, en revanche, contracte la mâchoire mais reporte son attention sur moi. Ander disparaît par la porte centrale et je reste quelque peu perdue. C'est bien ce que je pensais.

Bianca, elle, pour la première fois, ne sait pas où se mettre. Elle me lance un regard et je m'approche d'elle.

— Tu peux... Enfin, on va aller te demander une chambre, ne t'inquiètes pas.

Arynn descend les marches alors, venant à notre secours et un immense sourire se plaque sur ses lèvres. Ses longs cheveux tombent en cascade sur ses épaules. Elle porte une robe bleue magnifique qui met sa peau pâle encore plus en valeur qu'elle ne l'est déjà.

— Vous êtes enfin là !

Son sourire se crispe lorsqu'elle baisse les yeux vers nos deux robes pleines de boue. Je déglutis, mal à l'aise mais son visage redevient automatiquement joyeux.

— Ne vous inquiétez pas, on va vous faire nettoyer cela ! Tu es donc...

Elle se tourne vers ma sœur qui répond d'une voix un peu gênée :

— Euh, Bianca...

Sur ses mots, trois silhouettes se dessinent devant les grandes portes : le roi, la reine et Ander. Il ne m'a donc pas abandonnée et est simplement parti chercher ses parents. Maintenant, ils sauront eux aussi que j'ai menti et que je ne me suis jamais rendue dans les écoles du sud comme je l'avais prétendu. J'ai envie de dire que c'était inévitable d'une certaine manière, c'était simplement une question de temps avec qu'ils ne l'apprennent.

Mais je ne suis pas sûre en revanche qu'ils connaissent les raisons de mon départ. S'ils le savaient, je pense que la reine n'aurait pas ce sourire étincelant aux lèvres. Elle descend vivement les marches et s'approche de nous directement.

— Eileen ! Et... tu es Bianca, n'est-ce pas ? Ander m'a fait vent de tes incroyables prouesses ! (elle se tourne vers moi à ces mots, puis :) Mais pourquoi ne nous as-tu pas dit directement que tu étais partie chercher ta sœur ? Nous aurions pu tout à fait comprendre, quand il s'agit de la famille, Dimitri et moi sommes compréhensifs !

Je suis perdue et Ander le voit. Il descend rapidement les marches et vient se poster à mes côtés, soufflant à mon oreille :

— J'ai inventé une excuse bidon. Joue le jeu.

Je souris et m'exclame, l'air désolée :

— Je suis navrée, j'avais pensé que vous ne m'autoriseriez pas à aller la chercher... Je croyais que sa présence serait un fardeau en plus de la mienne que vous devez supporter à longueur de journée !

— Enfin, Eileen, cesse tes bêtises, toi et ta famille serez toujours les bienvenus ici ! Quoiqu'il en soit, nous préparerons une chambre pour Bianca, et si elle a le moindre souci, qu'elle n'hésite pas à en parler aux domestiques. Rentrons à l'intérieur, maintenant.

La reine se détourne, suivie d'Arynn et je me penche vers Ander.

— Le mensonge serait donc une seconde nature chez toi.

Il fait mine de me fusiller du regard mais je sais dans le fond qu'il en rit. Me dépassant, il rejoint sa mère et sa sœur et moi, je prends la main de Bianca. Elle semble moins énervée qu'avant et plus aimable, peut-être parce qu'elle sait qu'elle ne risquera rien ici.

— Tu me pardonnes ? dis-je en papillonnant des yeux.

— Ça va pour cette fois, mais je reste quand même déçue que tu aies préféré en parler à Jasper plutôt qu'à moi.

Jasper... Cela fait une semaine que je n'ai plus de contact avec lui, il faudrait que je pense à lui envoyer un courrier. Une lettre, quelque chose du moins.

— Promis, la prochaine fois, tu seras la première au courant.

Nous entrons à l'intérieur et Sebastien ainsi que Julio ont mystérieusement disparu. Sebastien doit sûrement m'en vouloir, je ne sais pas et franchement, je ne me soucie plus trop de lui. Une domestique vient alors à nous pour nous annoncer que la chambre de Bianca n'est pas encore prête et qu'il faudra attendre un peu.

Je m'assois donc aux côtés de Bianca sur un fauteuil en velour contre le mur et nous fixons toutes les deux Ander. Il est en pleine discussion avec son père. Les cheveux emmêlés, ses bottes pleines de boue, leur conversation a l'air détendue. La reine se tient non loin, parlant à Arynn et Julio sort d'une pièce en courant comme une furie.

— Je vole !

Il tend les bras pour faire l'avion et je fronce les sourcils. Quand il fonce droit dans les jambes de son père, le roi marmonne une flopée d'insultes polies et lui demande d'aller jouer plus loin. Julio n'en fait qu'à sa tête et fonce dans les jambes d'Ander. Celui-ci s'arrête de parler, saisit son petit frère et commence à le chatouiller. Impossible pour moi de retenir un sourire.

— Tu l'aimes ?

Je me crispe. Bianca scrute attentivement la moindre expression de mon visage. Le regard d'Ander croise le mien et lui aussi a un sourire flottant aux lèvres.

— Non, je souffle.

Mon cœur, pour me punir, se met à battre fort dans ma poitrine.

— Dommage. Il t'aime à coup sûr.

Bianca malaxe ses doigts et finit par poser sa main contre sa joue, le coude contre sa jambe en dévisageant la famille royale.

— Il ne m'aime pas.

— Comment peux-tu en être sûre ?

— Il l'a dit lui-même.

Et c'est vrai. Il l'a affirmé il y a bien quelques jours, certes avant notre petite virée à Ecclosia mais tout de même.

Bianca soupire et lâche :

— Tu sais, entre des mots et de véritables sentiments, il y a un fossé qui se creuse. Et pour les hommes, c'est pire. C'est carrément une galaxie entre ce qu'ils disent et ce qu'ils pensent.

Julio part en courant et Ander ne le poursuit pas. Il reprend sa conversation avec son père. Et je redoute à un moment qu'il lui demande d'annuler le mariage. Je redoute le fait que tout puisse s'arrêter aux moindres mots qu'il prononcera.

— Tu l'aimes, Eileen. Ça en crève les yeux. Il y a tellement une tension bizarre entre vous que ça me donne envie de gerber. Même dans la voiture, je t'ai vu lui prendre la main.

— C'est faux, mens-je.

Bianca me fusille du regard, outrée que j'ose lui mentir ouvertement.

— Allez quoi, ça va pas te tuer d'aller l'embrasser.

Mes joues deviennent cramoisies et je rétorque :

— Jamais de la vie !

Elle lève les yeux au ciel et se lève.

— Je propose que nous ayons une discussion entre filles. Allons dans ta chambre ! Tu as besoin d'être un peu plus secouée que ça.

Et sans attendre, elle me tire par le bras et nous partons d'ici.


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Heyy

Comme dit, on se retrouve pour le chap 32 et j'espère de tout cœur qu'il vous plaira !

Le prochain sera riche en rebondissements on va dire, n'hésitez pas à laisser vos théories pour la suite :)

Je le posterai sûrement ce soir encore ^^

Bizz bizz

💓

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant