Chapitre 54

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Ander va trop vite et moi, je suis à la traîne. Il a des trop grandes jambes aussi, j'ai du mal à suivre. Sa main tient fermement la mienne au point de me faire mal. Mes cheveux volent au vent alors que nous nous faufilons à travers la foule. Je me suis retournée plusieurs fois pour voir que deux gardes nous suivaient. Ils portent l'uniforme de mon pays, ce qui signifie qu'ils ont été directement envoyés par mon oncle. Ce qui me réconforte également dans l'idée que Bianca peut être ici.

Les regards des passants sont emplis de curiosité mais la plupart doivent juste se demander ce que nous sommes en train de faire, à courir comme si notre vie en dépendait. Et elle en dépend.

— Ander, j'ai mal aux jambes !

Il ne m'écoute pas. S'il est sportif, c'est une bonne chose pour lui, mais moi j'ai du mal à le suivre. Mes poumons me brûlent et j'ai un point de côté au niveau du ventre. C'est une sensation horrible dont je n'arrive pas à me défaire. J'essaie d'inspirer longuement et de prendre des grandes bouffées d'oxygène mais je suis complètement à la ramasse.

Nous atteignons le bout de la rue et Ander tourne sur la droite puis sur la gauche. Il est dur de se frayer un chemin à travers les passants puisque nous sommes en sens inverse. À trois reprises, je manque de percuter des musiciens et à trois reprises, je me rattache à la main d'Ander. La mienne devient moite et je finis par le lâcher, n'en pouvant plus.

Je m'arrête en plein élan et Ander se tourne vivement vers moi, les sourcils froncés.

— Eileen, nous devons avancer ! crie-t-il.

Voyant que je n'arrive pas à aligner trois mots, il soupire, reprend ma main et avance d'un pas rapide vers une petite ruelle sombre. Des gobelets jonchent le sol. Je peux enfin reprendre mon souffle.

Nous nous arrêtons à la moitié de la ruelle qui est figée dans le noir et il me suffit de lever la tête pour comprendre qu'elle est couverte d'un toit et que par conséquent, la lumière ne peut pas se propager.

— On ne peut pas rester indéfiniment ici, on va devoir repartir, déclare Ander.

Il fait quelques pas et je remarque qu'il est à peine essoufflé. Alors que moi, il me faut bien deux minutes pour reprendre clairement ma respiration. Je m'adosse à un mur, larguée. La musique se fait moins forte ici et j'arrive mieux à entendre sa voix.

— J'ai... un point de côté...

Ander fait quelques pas vers moi et il ajoute :

— On n'a plus beaucoup de distance à parcourir, ne t'inquiète pas.

— Tu penses que Rewind s'en est sorti ?

— Il est agile et rusé, je ne doute pas de ses capacités.

Un silence s'écoule et Ander avance de nouveau, se rapprochant de moi. Ma tête claque contre le mur et je lance :

— Qu'est-ce qu'on fera une fois qu'on aura retrouvé Bianca ?

Il ne répond pas tout de suite. Je le vois qui m'observe dans l'obscurité et un mince filet de lumière se propage pour venir éclairer mon visage.

Un instant, je me mets à rêver. À rêver d'un monde où je suis devenue reine de mon pays, où Ander et moi sommes ensemble, un monde où tout serait parfait. Un monde avec Bianca, Rewind et Arynn, avec toutes les personnes qui m'ont un tant soit peu rendue joyeuse. Un monde où je serais libre et où le visage d'Ander serait la seule chose que je verrais tous les matins.

— Je l'ignore... souffle-t-il.

— Quelque chose me taraude l'esprit, interviens-je de nouveau.

— Dis-moi ?

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant