Chapitre 67

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Tous m'ont fait leurs adieux. Arynn est venue, la reine aussi et celle-ci n'a pas reparlé de la dague qui est subtilement cachée dans ma manche depuis quelques heures. Elle m'a juste fait ses adieux en bonne et du forme.

Maintenant, je suis assise sur une chaise, toujours dans ce même bureau où les cris des gens fusent de dehors. Je suis épuisée, que cela soit physiquement comme mentalement. J'ai peur de ne pas tenir. Je suis terrifiée à l'idée d'échouer.

La porte s'ouvre alors de nouveau et cette fois-ci, la silhouette d'un homme se dessine. Deux pas en avant et je remarque qu'il s'agit de mon oncle. Il passe la porte et derrière son épaule, j'aperçois lord Herndon. Je retiens un haut-le-cœur et je brûle d'envie de me lever mais je n'en fais rien. Je reste assise, l'air forte et lorsque la porte se referme derrière mon oncle, je ne dis rien.

Il porte un beau costume gris, avec une cravate bien mise et ses yeux sont toujours aussi petits, cachés derrières ces horribles lunettes. Un immense sourire se dessine lorsqu'il voit mon état et il s'exclame d'une voix bien trop joyeuse :

— Eileen, quel plaisir de te voir ! Dommage que cela soit dans de telles circonstances, j'aurais aimé que nous nous entendions d'une autre manière.

Je ne réponds pas. Je ne bouge même pas quand il s'approche vers moi et qu'il s'assoit juste en face de moi. Mon cœur bat lourdement dans ma poitrine et je sens mes mains devenir moites alors qu'il poursuit :

— J'avais réfléchi à plusieurs méthodes pour ton exécution, la pendaison, la guillotine –bien que cela soit très vieux jeu et ancienne époque– et la piqûre me semblait être la meilleure des idées. On t'injectera une substance qui empoisonnera ton organisme, qu'en penses-tu ?

Ma bouche s'ouvre puis se referme. Puis se rouvre de nouveau et je demande :

— Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu tiens tant à me voir morte ?

Ma voix est nette, distincte et ne laisse paraître aucune émotion. Les yeux de mon oncle m'étudient longuement et il finit par hausser les épaules, toujours avec ce sourire triomphant aux lèvres.

— Parce que tu es devenue problématique, Eileen. Du premier jour où tes parents sont morts jusqu'à ce jour-ci, tu n'as cessé d'être un problème. Bianca n'est pas aussi assoiffée de pouvoir que tu ne l'es, la menace sera enfin éteinte lorsque tu mourras.

Jusqu'ici, je n'ai rien fait de contraignant. Je suis simplement aller chercher Bianca à Ecclosia lorsqu'il voulait la marier. Je me retiens de lui balancer cela à la figure.

— Peut-être que si tu arrêtais de vouloir marier tes nièces à tout-va, il n'y aurait jamais eu de problème, rétorqué-je amèrement.

Ses yeux ne cillent pas et je me demande comment un homme comme lui peut être aussi détestable. Comment il peut être aussi odieux, aussi froid et aussi insensible au sort de sa famille.

— J'ai toujours voulu votre bien, que ce soit à toi comme à Bianca, répond-il.

— Arrête, arrête de mentir. Depuis la mort de nos parents, tu n'as cessé de te comporter comme un connard avec nous, tu veux marier Bianca à un quinquagénaire !

Il hoquète, choqué de mon langage et se lève, le regard menaçant.

— Je t'interdis de me parler ainsi !

Et je me lève à mon tour et le défie.

— Sinon quoi ? Mon destin est déjà scellé, qu'est-ce que tu veux faire ? Entendre la vérité t'a toujours blessé, avoue-le. Tu ne supportes pas que les choses n'aillent pas dans ton sens. J'aurais dû être reine depuis le début !

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant