Chapitre 68

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Ander me tire lourdement par le bras en m'emmenant directement vers la salle de trône. Je tente de décrocher sa main de mon poignet mais rien n'y fait. Alors, je râle, je m'époumone, je me plains mais il demeure imperturbable. Impénétrable.

— Mais qu'est-ce que tu fais, bon sang !

Et quand il pose sur moi un regard noir, je me mets à douter. Peut-être que j'ai mal interprété, peut-être qu'hier lorsque l'on m'a emmenée dans le bureau, il ne portait pas de masque. Peut-être qu'il m'a mentie, peut-être que j'ai été dupe trop longtemps.

Alors quand nous arrivons devant les immenses portes en bois, je me fige. Je sais que derrière celles-ci attend la mort et Ander a l'air plus que décidé à me jeter à l'intérieur. Dans une dernière tentative, je lutte, je tente de le repousser mais il est trop fort. Il ne fait rien, il ne bouge pas, il ne m'aide même pas !

— Ander, tu n'as pas le droit...

Ma voix se brise. Mon oncle nous suit de près derrière et il commence à s'agacer en nous voyant arrêtés devant cette porte. Deux gardes ferment la marche et c'est à ce moment précis qu'Ander leur fait signe d'ouvrir. Ils se dépêchent de s'exécuter et Ander me broie un peu plus le poignet alors que nous pénétrons dans la salle du trône.

Et moi, je ne comprends pas. Pourquoi Ander ferait-il cela, dans quel but surtout...

— Je croyais que tu disais m'aimer, dis-je dans un murmure à peine distinct.

Et pourtant, il m'entend. Il pose sur moi un regard froid, toujours le même. J'ai l'impression d'avoir reculé un mois en arrière, j'ai l'impression de retrouver le Ander du début.

Alors nous avançons jusqu'au roi installé confortablement sur son trône et où la reine est postée à côté. Sebastien, un peu plus en retrait, se tient debout non loin. J'imagine que c'est parce qu'il est le bâtard du roi qu'il n'a pas le droit d'avoir son siège attitré.

Quoiqu'il en soit, Ander me lâche brutalement au sol et je finis à genoux devant une foule de dizaines de personnes. Je tourne la tête, le cœur battant à mille à l'heure et je me retiens de vomir en voyant tous ces regards braqués sur mon misérable visage. Un silence règne et je suppose que c'est le roi qui a installé cette ambiance dans la salle.

Mon oncle arrive juste derrière nous, s'abaisse dans un mouvement courtois puis va se poster non loin de Sebastien. Je remarque que Cecilia est elle aussi en retrait et que son regard noir est braqué sur moi. Elle a le visage tout boursoufflé et les yeux rouges.

Je parcours la salle du regard. Je n'ai aucune échappatoire, je n'ai aucun moyen de sauver ma peau. Deux gardes font les gardiens devant les portes et j'ai une multitude de personnes prêtes à m'arrêter en cas de fuite. Je suis fichue. Bianca n'est même pas là, Rewind non plus et Jasper s'est volatilisé. Je suis seule contre tous.

— Bien, si nous nous retrouvons aujourd'hui, c'est pour ordonner l'exécution de cette traîtresse, Eileen de Montancourt !

Les gens hurlent et je me mets à penser qu'ils sont de véritables chiens enragés. Le roi se lève, satisfait d'avoir créé un brouhaha puis finit par taper dans ses mains, intimant le silence.

Il se tourne vers la foule, les mains en l'air, une expression joyeuse au visage. La reine est horrifiée derrière lui, je le lis dans ses yeux. Sa main est positionnée devant sa bouche, dans l'histoire de se calmer je suppose et elle fixe son mari, l'air résignée.

— Il y a quelques jours à peine, elle a attenté à la vie de mon très cher ami ici présent, le roi d'Ecclosia !

Nouveaux hurlements. Mon oncle semble ravi du tournent que prend cette exécution et je me demande s'il sait que le roi s'en fiche complètement de lui et qu'une fois morte, il n'aura plus personne à marier. Dans le fond, Ecclosia est assez riche et m'envoyer à Lucrenda était seulement dans l'idée de m'éloigner du trône mais l'hypocrisie qui règne dans l'air me donne la nausée.

— Pour ce crime, elle sera exécutée et par les bons soins de mon fils, Ander !

Arrêt sur image. Je relève la tête, le visage livide, ma mâchoire en tombant presque et je cherche Ander du regard mais il m'ignore. Le roi jubile face à ma réaction, le public applaudit tels de bons petits esclaves et mon oncle a un sourire aux lèvres.

Je pensais devoir mourir par injection de poison ? Je pensais que... Non, tout cela est une énorme blague. Je vais me frotter les yeux et sortir de mon rêve, tout cela n'est qu'un cauchemar. J'ai dû rêver, j'ai inventé toute cette histoire.

— Alors Ander, est-ce que tu es prêt ? chantonne le roi.

Irena me scrute, l'air neutre. Je ne comprends plus rien, je suis perdue. Il y a deux minutes à peine, elle me fixait avec pitié mais maintenant, elle a l'air totalement sereine. Comme si je n'allais pas bientôt mourir, comme si ma vie n'allait pas bientôt s'arrêter, d'une seconde à l'autre.

Alors Ander s'avance et saisit le couteau que son père lui tend. Il observe l'objet scintillant alors que son père s'exclame :

— Parce que le sang de cette traîtresse doit couler ! Pour la justice d'Ecclosia et de Lucrenda ! Pour toutes les fautes qu'elle a commises ! Pour s'être immiscée dans le couple de mon fils !

Cecilia jubile derrière et je comprends alors que leur petite mise en scène vient juste de naître. Ma mort par poison était bien prévue mais aux têtes que font les gens dans la foule, je devine qu'ils sont aussi surpris que moi de la tournure de cette exécution. Certains froncent les sourcils, la plupart même, face à l'exaltation du roi.

Lors d'une exécution, un roi ne devrait pas être aussi joyeux et euphorique de tuer quelqu'un. Il devrait toujours être impartial et j'ai l'impression que le père d'Ander est pris par sa folie.

Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions qu'Ander descend les marches pour me rejoindre. Ses yeux n'entrent à aucun moment donné en contact avec les miens, si bien que j'en aurai presque le cœur brisé. Presque. Parce que la nuit que nous avons passé et son visage si paisible m'indiquent le contraire. Il manque toujours la dernière pièce du puzzle.

Pourtant, il s'approche et je me mets à douter. Sa main tire doucement mes cheveux pour me faire pencher la tête en arrière et je l'observe par le dessous. Il lève le bras avec une lenteur qui me torture alors que le roi devant moi continuer de crier un charabia incompréhensible.

— Alors c'est ça, soufflé-je à l'attention d'Ander, tout va s'arrêter ainsi ?

Il pose la lame sur mon cou. Et je refuse d'y croire. Mon esprit reste persuadé qu'il joue un jeu.

— Il faut croire, répond-il.

Et je ferme les yeux.

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ree

comme d'habitude, le prochain chap sortira tout à l'heure

il me reste un bout de chapitre a écrire + l'épilogue et l'histoire sera terminée

Bizz bizz

💓

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant