Chapitre 30

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Il ne bouge pas et moi, je tente de rester forte. Je réapprends à respirer en même temps que parler c'est assez perturbant.

— C'est une proposition intéressante que je devrais mettre sur liste d'attente. Pouvez-vous vous retourner, Votre Altesse ?

Il s'exécute et je me dépêche de defaire mon corset et d'enfiler cette vulgaire chemise. En passant, cela me permet de calmer mon cœur et surtout l'état de mon visage : j'ai les joues toute rouges.

— Je sais que tu ne veux pas m'épouser et que tu préfères largement Sebastien mais mon père a raison, ce mariage pourrait être un avantage pour notre pays.

Je pose ma robe sur la chaise et Ander s'est déjà retourné. Il commence lui aussi à se déshabiller. Légèrement déçue qu'il envisage ce mariage par pure ordre d'intérêt, je hausse les épaules.

— Je n'aime pas Sebastien.

— Et tu passes tes après-midi avec lui ? réplique-t-il.

Je m'installe dans le lit en l'observant enlever sa veste trempée. Les bras croisés au-dessus de la tête, je rétorque :

— J'ai proposé de rester avec toi et tu as refusé.

— Je n'ai pas envie de m'attacher à toi si c'est pour que tu t'entiches de mon demi-frère au final.

— Je ne l'aime pas, Ander.

— Tu l'as embrassé.

J'ai envie de me pendre. C'est une boucle sans fin, il me reprochera toujours de l'avoir embrassé et je ne pourrais jamais me défendre. Et le pire dans cette histoire c'est que c'est Sebastien qui m'a embrassée ! Bon, il a écouté son cœur mais tout de même, il n'avait pas à faire ça. Cela me retombe dessus désormais.

Je lève les yeux vers Ander. Il déboutonne sa chemise, l'air concentré et je le mate ouvertement. J'ai déjà eu l'occasion de le voir torse nu le soir où je l'ai vu dessiner mon portrait mais je trouve que je n'ai pas pris assez de temps pour le détailler.

— Tu vas me fixer longtemps comme ça ?

Ses yeux interceptent les miens et je rougis de nouveau. J'aurais tellement aimé avoir plus de caractère ou peut-être plus de fierté, je ne sais pas, mais je déteste être aussi faible face à lui. Il ne s'est pas gêné une seule fois pour dire ce qu'il pensait de moi et moi, je deviens rouge écarlate juste pour cela !

— Peut-être, soufflé-je.

Ander ouvre grand sa chemise et vient la poser sur un radiateur, étendue. Je me dis intérieurement que je n'ai pas été aussi maligne que lui : j'ai simplement posé mes affaires sur la chaise. Elles n'auront jamais le temps de sécher d'ici demain. Ander me jette un coup d'œil et pousse un soupir. Il enlève alors sa chemise du radiateur, la pose sur la commode et saisit ma robe qu'il déplie. Il repart aussi tranquillement et l'installe dessus.

— Mais, je...

— Silence. J'ai pitié de toi, c'est tout.

Je me mordille la lèvre. Dire qu'il est mignon serait un euphémisme mais je ne me permettrais jamais ouvertement d'en affirmer plus. Il vient alors vers le lit, s'assied au bord et réfléchit.

— Je pourrais dormir dans la voiture si cela te gêne, déclare-t-il.

— Enfin, Ander, c'est juste un lit !

Il se retourne vers moi, l'air grave.

— Un lit peut être utile pour beaucoup de choses, tu sais.

Je le fusille du regard comme pour le disputer d'avoir des idées aussi... poussées.

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant