J'ai dix minutes pour le trouver. Je me suis quand même hâtée pour me préparer. J'ai enfilé une robe bleu clair, fluide et légère, sans corset qui me tombe jusqu'à la cheville. J'ai attaché mes cheveux avec ma broche en or et porte un long collier fin qui habille mon décolleté. Avec un peu de maquillage, j'ai réussi à camoufler les dégâts qu'ont causés ma nuit blanche mais j'ai toujours l'air fatiguée.
Peu importe, maintenant. Je ne peux plus rien arranger. Ander doit sûrement être en bas, en train d'accueillir les invités avec ses parents. Il faut que je me dépêche, je n'ai plus beaucoup de temps.
Je sors de ma chambre précipitamment et descends les escaliers à toute vitesse. Il ne me faut pas beaucoup de temps pour trouver la famille royale : ils sont dehors sous le ciel bleu et le soleil éclatant. D'un pas rapide, j'arrive dehors. Le roi, la reine et Ander sont de dos. Par conséquent, leur fils ne prévoit pas ma présence quand je me poste à ses côtés, levant la tête vers lui. Il est pris au piège.
— Je dois te parler.
Il ne baisse pas les yeux vers moi. Tous les trois sont postés, dans l'attente d'accueillir de nouveaux visiteurs.
— Je crains ne pas pouvoir vous recevoir pour une entrevue, Eileen.
Et ça me brise le cœur qu'il me vouvoie. Je ne laisse pas démonter et réplique :
— Écoute-moi bien, si je suis venue, ce n'est pas dans l'idée de te faire souffrir plus qu'autre chose. Sebastien m'a embrassée de...
— Ah, Eileen ! retentit la voix du concerné dans mon dos. Vous tombez bien, ma douce.
Je. Vais. Le. Massacrer. Je vais lui arracher ses testicules, les découper finement avec un scalpel et les donner aux cochons. Ensuite, je lui offrirai une mort lente et douce. Je suis persuadée qu'il existe des dizaines de torture capables de le faire hurler comme un bébé.
Je ne me tourne même pas vers lui, mes yeux restent braqués sur le visage d'Ander. Le roi et la reine se tenant plus loin, ne peuvent pas entendre notre conversation.
— Sebastien, je vous jure que si vous ouvrez la bouche ne serait-ce qu'une fois de plus pour m'interrompre, je vous tuerai lentement dans votre sommeil.
Ander ne réagit pas. Il ne me regarde toujours pas et j'ai peur d'avoir perdu. De l'avoir perdu. Il fixe l'horizon et je le vois prendre une grande inspiration. Il se tourne alors vers moi, ou plutôt nous –moi et Sebastien qui se tient trop prêt– et déclare d'un ton glacial :
— Je pense ne pas avoir été assez clair avec vous deux. Sebastien, je crois que tu as eu ce que tu voulais et tu dois être suffisamment content à l'heure qu'il est pour me laisser tranquille ? Et Eileen... Je...
Il ne finit pas sa phrase. Je m'approche de lui mais Sebastien m'arrache le poignet. Et c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Si jusqu'ici, j'ai été assez gentille pour supporter tout ce qu'il me faisait, je n'en peux plus. À chaque fois que j'ai besoin de me retrouver seule avec Ander, il faut qu'il soit là. Il est la malédiction de mon cœur. Un pansement qu'on a du mal à arracher, une plaie impossible à soigner.
— Assez !
Je me dégage de sa poigne, me tourne vers lui et le fusille du regard.
— Je ne vous aime pas, je ne veux pas de vous et me marier avec vous serait la dernière chose au monde que je souhaiterais ! Tout ce que j'ai toujours voulu se trouve juste derrière moi et en aucun cas, je ne vous laisserais ruiner mes chances !
Sebastien me dévisage, estomaqué et la voix d'Ander résonne dans mon dos :
— Il n'y a plus de chances, Eileen. C'est fini.
Furieuse, je me tourne vers Ander et lui martèle le torse de mes poings, hargneuse. J'ai peur, peur de ce qui va sortir d'entre mes lèvres. Je ne me contrôle plus, ce sont mes émotions qui parlent et cela me terrifie de l'intérieur.
— Non, ce n'est pas fini ! Je n'ai jamais joué avec tes sentiments, Ander et c'est bien quelque chose que je ne ferai pas. Je n'ai jamais voulu embrasser ton imbécile de demi-frère et si j'étais venue te voir...
Je m'arrête, essoufflée. Il attend la suite, les yeux brillants.
Si j'étais venue te voir c'était pour te dire que je t'aime !
— Si elle était venue te voir, c'était pour t'annoncer nos fiançailles.
J'ai envie de pleurer. De lui arracher les yeux pour les donner aux alligators. De lui coudre la bouche. J'ai des pensées meurtrières en tête actuellement et j'ignore ce qui me retient. Ander ne va pas croire ça, il n'est pas idiot. Et pourtant si. Il se rembrunit, me regarde mauvais. M'assassine moi et son frère du regard. Triture ses doigts. Se mord les lèvres. Déglutit. Prend une grande inspiration.
J'en prends une aussi. Pour la première fois de ma vie, j'ose. J'ose comme jamais avant. Sebastien ne gagnera pas, pas aujourd'hui. Il est loin de cela. Alors quand je m'approche d'Ander, que je comble la distance entre nos deux corps, il me semble à des milliers de kilomètres de tout ça. Il est devenu un grain de sable parmi des milliards lorsque je prends le visage du prince en coupe. Tout mes problème semblent s'être envolés et j'ai l'impression de flotter sur un petit nuage. J'ai l'impression que je ne pourrais jamais être aussi proche d'Ander qu'à l'heure actuelle. J'ai l'impression que tout s'est effacé autour de moi.
Plus rien n'existe. Plus rien hormis cette proximité, son souffle se mélangeant au mien alors qu'il est confus, troublé, qu'il ne comprend pas, qu'il veut lire dans mon regard mais je suis devenue un mur de briques. J'ai envie de rester ainsi toute ma vie. Lui, contre moi, son visage dans mes mains, sa beauté déposée aux creux de mes doigts, ses yeux m'emportant avec lui.
Et alors que je me penche pour combler la distance entre nos lèvres, une voix aigue retentit :
— Ander !
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Re!Que de suspense dit donc... J'espère que ce chapitre vous a plu :)
Le prochain sortira demain, en attendant n'hésitez pas à voter et à commenter !
Et à laisser vos théories pour la suite, à qui pourrait appartenir cette mystérieuse voix aigu ? :o
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𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1
RomanceDans un monde où l'amour ne se choisit pas, où les décisions ne vous appartiennent pas et où les choses vous sont imposées vit Eileen De Montancourt. Princesse depuis sa naissance, du haut de ses dix-neuf ans, la jeune femme est destinée à succéder...