Chapitre 60

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— Plus jamais de la vie je n'irai me baigner.

Ander grimace alors que l'eau de mer vient titiller sa blessure et je me retiens de rire depuis dix minutes face à son air grognon.

— Pourtant je croyais qu'un peu d'eau ne te ferait pas de mal ?

Il me fusille du regard et un rire m'échappe. Il fait complètement nuit et le ciel est noir et dégagé, si bien qu'on peut apercevoir un champ d'étoiles sous nos yeux. La clarté de la lune illumine le visage d'Ander qui ne cesse de pousser des soupirs en regardant autour de lui.

De là où nous sommes, nous n'avons pas pieds et je suis obligée de battre des bras pour rester à la surface. Ander, lui, a les bras croisés sur sa poitrine et je devine qu'il doit sûrement avoir froid. Faute d'avoir un maillot de bain, nous nous baignons en sous-vêtements et je n'ai malheureusement pas pu observer la magnifique musculature de Son Altesse car il était dans l'eau avec moi.

Et je l'entends râler, alors que je m'allonge sur le dos pour profiter du ciel et de ses astres lumineux.

— Il fait trop froid et je n'aime pas le sel. Ça gratte, ça pique et quand je bois la tasse j'ai l'impression de devoir recracher mon âme. C'était une très mauvaise idée de...

— Tu peux arrêter de te plaindre ? le coupé-je avec un sourire dans la voix.

Il se rapproche de moi pour venir directement m'assassiner de ses yeux perçants. Les étoiles se reflètent dans son regard et je me redresse pour déposer un baiser humide sur ses lèvres. Alors que je recule, il me fixe, l'air béat, puis il fronce les sourcils, quelque peu perturbé et finit par reprendre son visage de grognon.

— Qu'y-a-t-il ? demandé-je en posant ma main sur son bras.

Il baisse les yeux pour regarder ma main puis revient à mon visage. Il fronce de nouveau les sourcils et je commence à m'inquiéter.

— Ander ?

— Tu me brûles.

— Comment ça ?

Je le vois déglutir puis il explique :

— Je ne sais pas... Je... Je crois que...

— C'est l'amour qui te rend aussi sans-voix ? dis-je sur un ton d'humour.

Et il se renfrogne avant de répliquer sèchement en se détournant de moi :

— Bien sûr que non.

— Tu m'aimes ?

— Non.

— Très bien, je vais sortir de l'eau.

Et je fais quelques mouvements mais il s'écrie :

— Attends !

Je me retourne, toute souriante et il bredouille :

— Bon, peut-être que je t'apprécie un peu, mais seulement un petit peu.

Satisfaite, je repars me mettre sur le dos et réponds :

— Tu devrais lâcher prise, tu verras c'est bien.

Et dans le fond, je sais qu'Ander est tombé avant moi, bien avant moi, dès le début quand il me répondait mal ou qu'il se montrait horrible avec moi et que je ne comprenais rien à rien. Il est tombé pour moi et quand j'ai commencé ma chute, il a tenté de remonter. Mais on ne peut jamais revenir en arrière lorsqu'on aime quelqu'un. On peut toujours avancer, mais chaque personne que vous aimerez dans votre vie vous volera toujours un morceau de votre cœur. Certaines prendront seulement une petite partie, d'autres prendront la totalité. Et Ander m'a volé l'entièreté du mien.

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant