𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1

Chapitre 55

— J'ai une idée. Je vais aller faire diversion en parlant un peu avec les gardes. Je mimerai un malaise, ils m'aideront et pendant ce temps-là, vous passerez en courant derrière eux et vous escaladerez le grillage. Vous récupérez Bianca et moi, je m'enfuis.

Caché derrière le mur, Rewind semble fier de sa proposition. Ander le fixe, la bouche ouverte, l'air blasé.

— Tes idées sont nulles, réplique-t-il. Et tu as le culot de proposer ce plan aussi ingénieux que ta petite cervelle.

Rewind s'offusque, croise les bras sur son torse et rétorque d'une voix vexée :

— Eh bien, vas-y, nous t'écoutons Monsieur Parfait.

Peu après l'apparition de Rewind dans la ruelle, nous avons continué de remonter la grande rue. Nous avons semé les gardes et avons réussi à rejoindre mon domaine mais le problème, c'est que trois gardes sont postés devant les grillages. Et cela fait dix minutes qu'Ander et Rewind se chamaillent pour savoir qui aura la meilleure idée.

Pour répondre à Rewind, Ander sort l'arme qu'il gardait précisément jusqu'ici.

— Tu ne vas pas tirer sur les gardes, tout de même ?

— Je vais me gêner.

Et il s'apprête à faire un pas en avant quand je l'arrête, le tirant par le bras. Il me regarde, l'air béat et je secoue la tête.

— Pas question que tu tires sur les gardes.

— Tu vas déclencher une guerre, rajoute Rewind.

— Et alors ? s'exaspère Ander.

— Et alors Ecclosia est peut-être l'une des plus grandes puissances mondiales. Donc ton pays coule. Tu coules. Et bam, plus d'Ander pour faire des bébés avec Eileen.

Je m'étouffe et Ander s'énerve. Grinçant des dents, il lâche d'un ton saugrenu :

— Je ne sais pas pourquoi tu es venu mais tu gênes mes plans.

— Même la petite dame n'est pas d'accord avec ton idée ! Personne ne gêne tes plans, avoue juste que tes solutions sont nulles aussi.

— Bon stop ! interviens-je.

Ils vont finir par se battre, c'est une évidence. Je ne comprends pas comment ils peuvent être autant en désaccord l'un avec l'autre, surtout sur des sujets ainsi. Ander s'indigne, croise les bras tel un enfant et Rewind lui fait des grimaces.

Je lui jette un regard et cligne plusieurs fois des yeux.

— Non, mais vous avez quel âge ?

— C'est lui qui a commencé ! siffle Ander.

— Tu es un menteur professionnel à ce que je vois, raille son acolyte.

— Tu te rappelles dans la voiture quand je t'ai dit que ta tête s'éclaterait contre le bitume avant que...

Je pose ma main sur son torse pour le faire taire et Ander daigne enfin poser les yeux sur moi. N'en pouvant plus, je m'exclame :

— Arrêtez de vous comporter ainsi, tous les deux. J'ai une idée. Ander, passe-moi ton pistolet.

Il fronce les sourcils et secoue négativement la tête.

— Hors de question que tu y touches. Tu ne sais pas viser, si je dois tuer quelqu'un, je m'occuperai d'abord de cet énergumène en face et après...

Et c'est reparti. Je ne les écoute même plus tellement je suis à bout. J'ai en face de moi deux enfants incapables de se concentrer et d'être coopératifs pour un plan.

— Je n'ai pas besoin de savoir viser pour exécuter mon plan, dis-je. Passe-moi ton pistolet et laisse-moi faire pour une fois !

— Oui, rends-toi utile et donne lui ton arme, lance Rewind avec un sourire moqueur.

Ander le fusille du regard et décide de l'ignorer en se tournant vers moi.

— Qu'est-ce que tu vas en faire ?

— Le vendre pour partir en croisière, quelle question ! Fais-moi confiance, s'il te plaît.

Ander marmonne, soupire puis s'agace. Il finit par me le tendre et satisfaite, je l'examine. Je ne sais pas trop bien comment on tire mais j'imagine que je vais trouver sur le moment.

Je lève la tête et jette un regard autour de moi. Nous sommes tous les trois cachés derrière un petit muret. En face de nous, il y a ma demeure avec les trois gardes. Derrière les grilles, j'aperçois le petit chemin que j'avais l'habitude d'emprunter avec Jasper. Jasper... Je ne lui ai pas reparlé depuis mon départ. Je ne sais même pas ce qu'il devient.

Prenant mon courage à deux mains, je longe le mur, et me positionne au bout. Je suis dans un angle de manière à ce que les gardes ne me voient pas. Mes mains deviennent moites autour de l'arme et dans un élan de folie, je vise le pistolet en l'air et je tire. La détonation résonne dans un bruit sourd et Rewind et Ander me fixent tous deux, bouche bée, la mâchoire en tombant presque.

J'accours vers eux, jette un coup d'œil sur le côté alors que Rewind s'exclame :

— Mais qu'est-ce que tu as fait ! On va être repérés maintenant et...

— Non, elle a réussi, intervient Ander. Elle a tiré au bout de la rue, les gardes sont partis voir d'où provient le tir. On a le champ libre. Mais on n'a pas beaucoup de temps.

Ander attrape ma main et nous filons en direction du grillage. Les trois gardes sont partis voir de l'autre côté de la rue, alarmés. Je me dépêche de tirer les grilles et nous entrons ensemble sur le domaine.

Rewind referme la grille derrière nous et je leur fais signe de me suivre. Au lieu d'emprunter le chemin –nous serions aperçus à des kilomètres–, je leur fais signe d'entrer dans les bois.

— On va longer par la forêt et on entrera par la porte arrière. Le mieux est que vous m'attendiez dehors.

— Pas question que tu y ailles toute seule, souffle Ander. Je viens avec toi.

— Moi aussi, lance Rewind.

— Ta présence n'est pas voulue, réplique Ander.

— La tienne non plus.

— Qu'est-ce que tu en sais ?

— Eileen me l'a dit.

— Je n'ai rien dit du tout, arrêtez bon sang !

Ander assassine de nouveau Rewind du regard et je passe ma main sur mon visage. J'ai juste envie de dormir. Et j'ai faim aussi. Je veux retrouver Bianca... Elle me manque tellement.

— Ce n'est pas ta sœur qui est dehors ? s'exclame Rewind.

Je lève la tête et me fige. Si, c'est elle ! Elle est en train de courir vers nous et je ne comprends rien. Le visage effrayé, elle court comme si sa vie en dépendait et moi, je n'y tiens plus. Au diable la discrétion, je sors des bois pour la rejoindre. Lorsqu'elle me voit, son visage s'illumine et un soulagement indescriptible me parvient.

Je n'ai pas le temps de la rejoindre qu'un cri masculin retentit. Figée, je me retourne.

— Ander, derrière toi !

Mais c'est trop tard. Une dague se plante directement dans son bras et il étouffe un cri.

_______________
Ree

Merci à tous ceux qui ont répondu dans la partie d'avant ! (mon choix se porterait plutôt sur faire un tome 2 indépendant sur Bianca par exemple, on retrouverait Eileen et tous les autres persos en arrière-plan) (ça reste à voir)

Il faudrait encore que je change le titre de PE et j'avoue que je n'ai aucune idée (si vous avez des idées je suis preneuse 😂)

Un prochain chap sortira peut-être ce soir si j'avance dans l'écriture

Sinon ce sera demain !

Bizz bizz

💓