Chapitre 58

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Nous avons passé la frontière et sommes maintenant de nouveau à Lucrenda. Il fait nuit, bien que le ciel soit parsemé de taches bleues et roses. La voiture s'est arrêté il y a un peu plus de deux minutes et je remarque que Bianca s'est endormie. Et Rewind la fixe, songeur. Je fronce les sourcils, intriguée. Personne ne regarderait ma sœur ainsi ou même, personne ne la contemple ainsi d'ordinaire. Rewind est vraiment bizarre.

Je tourne la tête et me rends compte qu'Ander s'est lui aussi endormi. Et je suis littéralement en train de fondre d'amour pour lui. Son visage repose sur ma tête et ses cils bruns recouvrent sa peau. Sa bouche est légèrement entrouverte et Dieu sait à quel point il est beau. Il est tellement...

— Arrête de baver, Eileen.

Rewind a dit ça si fort que j'ai envie de l'étrangler, de l'égorger vif. Il ricane puis reporte son attention devant lui. Un immense hôtel de deux étages nous fait face. On dirait un palace tellement c'est somptueux. Ses grandes portes et vitres laissent échapper la lumière en plus des lampadaires sur le côté.

— Bon, on devrait sortir.

— Cesse de parler aussi fort ! soufflé-je.

Mais c'est trop tard, Ander s'agite. Il marmonne des mots puis ouvre les yeux en battant des paupières. Rewind rit en sortant de la voiture et j'ai une envie de meurtre brûlante naissante en moi.

— Où sommes-nous ? murmure Ander.

Ses yeux croisent les miens et ne les quittent pas. Je suis si captivée par ses pupilles que j'en oublie de répondre. Il est tellement beau comme cela. Il a l'air si innocent, si paisible.

— On est arrivé, dis-je finalement.

Il marmonne de nouveau, se redresse plus fermement et ses bras encerclent ma taille. Il me fait tomber en arrière et je l'entends dire d'une voix à moitié endormie :

— Je suis au paradis et une déesse est venue pour me réveiller.

Mon cœur s'emballe alors qu'il reste comme ça, sa tête posée sur ma poitrine et je crois bien que c'est à ce moment que je réalise pleinement combien il compte pour moi.

Bianca se met alors à bouger. Elle se réveille, baille, nous regarde puis soupire avant d'ouvrir la portière et de soupirer. Ander resserre sa prise autour de moi et je n'ose pas bouger.

— Ton cœur bat vite, souffle-t-il.

Je ne réponds pas et il redresse un peu la tête pour déposer un baiser dans mon cou. Il se rallonge sur moi, ne me relâche pas et un rire m'échappe.

— On va devoir sortir, tu sais.

— Mmh... Demain...

Pas question qu'il se rendorme sur moi. L'idée ne me dérangerait pas mais la position est loin d'être confortable : je suis allongée de tout mon long sur la banquette et lui est juste posé sur moi tel un sac à patates. Autant dire que mon dos souffre actuellement.

— Ander...

— Chut. Laisse-moi te serrer dans mes bras avant que tu ne disparaisses.

— Je ne disparaîtrai pas, soufflé-je en caressant ses cheveux.

Il relève la tête et ses yeux sombres me lancent un regard plein d'espoir. L'espoir que quelqu'un l'aime un jour, l'espoir que je ne l'abandonne pas et je suis confuse. Il est tellement séduisant qu'aucune fille ne lui résisterait et plus d'une tomberait facilement amoureuse de lui. Alors pourquoi a-t-il l'air si effrayé ?

— Cecilia m'avait dit cela aussi, lâche-t-il en se laissant retomber. Elle m'avait promis plein de belles choses, elle m'avait dit qu'elle ne me quitterait jamais, que j'étais le seul.

Il s'arrête et reprend sa respiration. Je ne dis rien, je préfère le laisser continuer pendant qu'il arrive à mettre des mots sur ce qu'il ressent, et surtout pendant qu'il arrive à m'expliquer le fond de l'histoire.

— Je n'avais jamais aimé une femme autant que je l'aimais, rajoute-t-il et ses bras me serrent plus tort. Et puis un jour, je l'ai surprise avec Sebastien. Ils s'enlaçaient et elle l'embrassait, de son gré. C'est en parti pour cela que je ne voulais pas t'écouter. J'avais beau savoir que tu n'avais rien fait, je ne voulais pas que l'histoire se répète surtout... Surtout quand je ressens ce que je ressens pour toi. C'était plus facile d'essayer de t'oublier.

Mes doigts se figent dans ses cheveux et je sens son cœur battre en rythme contre le mien.

— Mais je n'ai pas réussi, Eileen. Je n'arrive pas à me détacher de toi, j'ai essayé. Quand je t'ai vue la première fois, j'aurais souhaité ne t'avoir jamais rencontré.

— Parce que je ressemblais à Cecilia ?

Il se redresse et quitte ma poitrine. Sa tête est toujours aussi proche de la mienne, ses lèvres penchées vers les miennes.

— Non, tu ne lui ressembles même pas, murmure-t-il. Mais sur le moment... Sur le moment je me suis demandé si tu étais réelle tellement tu es belle.

Mon cœur loupe un battement de nouveau. Je déglutis un nombre incalculable de fois et Ander pose sa main sur mon visage, l'air hésitant.

— Je n'ai pas peur de t'aimer, Eileen, dans le fond rien ne me retient. J'ai juste peur de te donner mon cœur et que tu l'écrases de tes doigts.

— Je ne ferais jamais cela... dis-je d'une voix trop basse.

— Tu ne peux pas savoir, peut-être que d'ici quelques semaines ou quelques mois, même quelques jours, tu rencontreras quelqu'un ou bien tu auras un déclic pour Sebastien et...

— Mais non, Ander, je ne pourrais pas. Je t'aime suffisamment pour savoir que je n'ai besoin de personne d'autre dans ma vie à part toi.

Et je m'approche un peu. Il ne dit rien alors j'en profite pour l'embrasser. Ses lèvres sont humides et d'une douceur exquise. Pendant deux secondes, il ne réagit pas mais il finit par m'attirer à lui, sa main dans mes cheveux, l'autre plaquée sur ma taille. Il se rassoit sur le siège alors que je grimpe sur lui, mes jambes de part et d'autres des siennes.

Son souffle se mélange au mien, nos cœurs battants en rythme et je crois bien que c'est à ce moment précis que je réalise mon amour pour lui. Cela me terrifie d'un côté de me dire que je l'aime mais je n'ai rien à perdre. Si cela ne fonctionne pas avec lui, c'est qu'il n'était pas fait pour moi. Et au fond de moi, j'ai l'intime conviction qu'il est l'homme de ma vie. J'ai beau avoir seulement dix-neuf ans, ce feu ardent qui me brûle la poitrine, je ne l'ai jamais ressenti auparavant.

Je lui ai déjà donné mon cœur. Je donnerais ma vie pour lui s'il le fallait.






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Helloo, ça va ?

J'espère que ce chapitre vous a plu ^^ n'hésitez pas à voter et à commenter comme d'habitude

Je me suis trompée dans le nb de chapitres qu'il me restait mais j'en posterai tout de même un autre un peu plus tard !

Bizz bizz

💓

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant