𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1

Chapitre 38

Je tente de faire disparaître les traces sur mes joues en frottant mais je n'ai pas l'impression que cela soit parti. Fixant mon visage dans le miroir, je me trouve pitoyable. Ma peau est rougie, mes lèvres pâles et mes petits yeux sont laids. Je suis un laideron sur pieds, je l'ai toujours été.

Reniflant bruyamment, je prends de l'eau en coupe dans mes mains et l'asperge sur mon visage. Je suis entrée dans la première salle de bains que j'ai trouvée et maintenant, je me laisse choir contre le sol, épuisée.

J'ai envie de m'endormir pour toujours et que l'on ne me réveille que quand Ander sera prêt à m'écouter. J'ai envie de rentrer chez moi et de retrouver mon lit, ma vie d'avant. J'ai envie de voir la tête de Bianca tous les matins alors que nous déjeunons ensemble, j'ai envie de me promener avec Jasper, de le retrouver lui et tout le reste. J'aurais voulu que mes parents ne meurent jamais afin de pouvoir rester éternellement une enfant. Parce que c'est ça, dans le fond. J'ai voulu grandir trop vite. Je veux prendre la tête de mon royaume alors que je ne suis même pas capable de gérer mes sentiments.

Alors j'imagine. Je rêve. Je ferme les yeux. Et c'est à ce moment que la porte de la salle de bains s'ouvre lentement. Mes paupières se rouvrent pour laisser couler quelques larmes et je le vois, devant moi.

— Eileen ?

Il est d'une beauté frappante. Saisissante. Il est un tableau que l'on ne cesse d'admirer, une peinture que l'on ne peut que dessiner. Il est un hymne sacré que je chantonne tout bas, rêvant de ses bras se refermant autour de moi. Il est la lyre, la musique, une vie oubliée. Un mensonge refoulé.

Je l'imagine inquiet. Le regard surpris, il se penche vers moi, la respiration lourde et saisit mes mains. Et il me contemple lentement, longuement avec attention, cherchant le moindre défaut sur mon visage qu'il trouvera aisément.

— Tu es magnifique, dit-il, pourtant, d'une voix douce.

Cette voix, elle me berce. Il referme ses bras autour de moi et me serre. Il presse mon corps contre le sien, sa main sur mes cheveux, me chuchotant à quel point il est désolé et qu'il sera toujours là pour moi, quoiqu'il arrive. Il me répète en boucle que je suis splendide et qu'il m'aime plus que n'importe qui dans le monde. Et moi, je savoure. Je profite de la moindre seconde de répit.

Ander sèche mes larmes, plonge ses yeux dans les miens et je me noie. Je peine à respirer dans la bleutée de son regard et ma poitrine se comprime. Je halète presque. Je revis en même temps, comme une bouffée d'oxygène alors qu'il porte sa main à mon visage. Sa peau douce entre en contact avec la mienne et c'est un feu d'artifice qui éclate dans mon corps. Son souffle vient se mêler au mien dans une synchronisation parfaite et je lève le bras. Effleure son front, la ligne directrice de sa mâchoire, ses lèvres, son cou.

— Eileen...

Et il répète mon prénom encore et encore. Sa mélodie s'insinue dans mes oreilles et je chuchote son prénom. Notre osmose se propage dans la pièce et je m'approche encore plus près. Sa bouche s'ouvre, se referme. S'ouvre de nouveau. Il hésite. J'hésite.

— Je suis tellement désolé, chuchote-t-il.

Et il plante un baiser sur mon oreille tout en murmurant dans mon oreille :

— J'aurais voulu que les choses se passent différemment...

Un autre baiser là. Ses lèvres effleurent ma joue alors que ses doigts fins voyagent sur ma nuque. Il attire mon visage au sien et un torrent d'émotions me saisit à la gorge. Il provoque en moi quelque chose d'inexplicable. Les mots ont disparu. Tout autour de moi a disparu.

Il n'y a qu'Ander et notre proximité troublante. J'aimerais que cela ne s'arrête jamais. J'ai l'impression de tomber. Lentement, doucement. Je me vois, poussée dans le vide, les bras tendus en tentant de m'accrocher à quelque chose. Je ne crie pas. J'ai l'air bousculée. Ander est en bas et il a la tête levée vers moi. Il sait que je tombe et il ne fait rien, il s'est déjà laissé partir pour moi. Et ma chute est retenu par ce que je n'explique pas. Je suis arrêtée en plein élan et je hurle, je me débats. Je veux le rejoindre mais je n'y arrive pas.

J'ose sortir de ma transition et retrouve Ander. N'y tenant plus, nos lèvres se joignent dans une douceur innée. C'est comme si toute ma vie, je n'étais née que pour ce moment-là. C'est comme si en un claquement de doigts, la Terre avait arrêté de tourner. Ander m'attire un peu plus contre lui, approfondissant son baiser et ses mains se baladent sur mon corps, l'explorant, le découvrant.

Je croise mes bras derrière sa nuque et me laisse submerger par mes émotions, en fermant les yeux. Je vis, j'aime, j'apprends. Je saisis le moment, je me découvre aussi bien que lui. Les lèvres d'Ander se font plus pressantes et descendent dans mon cou. Je lâche un râle de plaisir et me laisse aller. Sa bouche dépose un milliard de baisers brûlants sur ma peau et je me noie. Je divague et n'y tenant plus, je ramène son visage au mien.

Je l'embrasse comme si ma vie en dépendait, comme si mes jours étaient comptés.

— Ander, je suis tellement désolée, soufflé-je entre deux baisers.

Il ne m'écoute pas et continue de dévorer ma bouche. De mes doigts, je lui tire les cheveux. Il n'est pas assez proche, il n'a jamais été assez proche. Je le désire tellement que cela en devient douloureux. Et puis, il finit par devenir plus pressant, plus insistant. Je ne le reconnais pas.

Je rouvre les yeux. Ander n'est pas là. Il n'a jamais été là. Un immense vide se fait ressentir autour de moi et je croise les bras sur ma poitrine. Il n'était qu'un songe et j'ai aimé me torturer l'esprit. Je le voulais, je l'ai eu. Mais seulement dans mon esprit. Je fixe le carrelage de la salle de bains, dévastée de l'intérieur. L'eau a continué de couler, la porte est toujours fermée à clef.

Mes larmes ne coulent plus, mais c'est mon cœur qui saigne.

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Reree

J'ai bien aimé écrire ce chapitre, c'est pas quelque chose de foufou, mais c'était drôle de l'imaginer ahah

Comme j'ai pris de l'avance, je posterai sûrement d'autres chapitres plus tard !

Et merci pour tous ceux qui votent et commentent quotidiennement, vous êtes mon rayon de soleil ☀️

Bizz bizz

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