Chapitre 12

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J'ai dû faire trois fois le tour du palais, et je n'ai rien d'intéressant à raconter. Je sais que c'est stupide, mais je m'ennuie déjà. Jasper et Bianca ne sont plus là, j'ai perdu tous mes repères. Peu après que Sebastian soit parti, j'ai inspecté rapidement ma suite qui est beaucoup trop grande, puis je suis sortie.

J'ai fait le tour en reprenant les escaliers que j'avais emprunté plus tôt et suis descendue au rez-de-chaussée. Je n'y ai trouvé rien de fameux, hormis une grande salle principale où les trônes du roi et de la reine étaient vides. J'ai passé la tête dans la cuisine également mais il n'y avait personne. J'ai l'impression que ce château est complètement vide et ça me désespère au plus profond de moi.

J'ai également remarqué que les cuisines donnaient sur une écurie ; j'ai vu quelques salons vides, des chambres et salles de bains. Je me demande pourquoi la cour du roi n'était pas là bien avant mon arrivée. Un roi doit toujours être accompagné de sa cour, n'est-ce pas ?

J'erre dans les couloirs, sans aucun but précis, complètement larguée. Je brûle d'envie de rentrer chez moi et de m'enfuir loin d'ici. Malheureusement, je n'ai aucun plan de secours, aucune idée en tête et je sais très bien que partir d'ici est impossible.

Lassée, je m'assieds sur un fauteuil dans un couloir quelconque, pensive. Je n'ai même pas parlé une fois au roi ou à mon futur époux mais j'ai bien l'impression que ma présence les dérange. Peut-être que le prince ne veut pas de ce mariage ? Mais pourquoi le roi me détesterait-il ? C'est bien lui qui a accepté le contrat, non ?

— Tu es vraiment un abruti ! crie une voix féminine dans le couloir.

Surprise, je lève la tête vers ce qui s'apparente être la princesse Arynn. Elle est accompagnée d'Ander, et Julio leur court après, un jouet représentant une voiture dans la main.

— Qu'est-ce que tu veux que je te dise !

C'est la première fois que j'entends sa voix et je reste quelque peu sceptique. Pourquoi a-t-il l'air tout le temps énervé ? Du moins, du peu que j'en ai vu il n'a vraiment pas l'air sympathique.

— Tu pourrais au moins être aimable avec elle, réplique la princesse. Parler à quelqu'un n'a jamais tué personne !

Ils n'ont toujours pas remarqué ma présence mais je crois bien que leur discussion porte sur moi. Je me racle la gorge et les deux se tournent vers moi. Julio reprend le chemin en sens inverse en mimant le bruit d'un moteur et disparaît au bout du couloir.

Je croise le regard du prince et le soutiens quelques secondes. Frustré, il remet sa veste en place et s'apprête à partir dans la direction opposé quand Arynn le retient :

— Reviens ici !

Il ne s'arrête pas, se retourne mais continue de marcher. De son index, il me pointe et déclare d'un ton cinglant :

— Je n'ai aucunement l'intention de lui adresser la parole, d'être aimable ou bien même d'apprendre à la connaître ! Tu sais parfaitement que notre mère a organisé ce mariage dans le seul but de me remettre sur les rails mais ça a tout l'effet inverse ! Je ne veux pas de ce mariage et surtout pas épouser une fille comme elle !

Et il reprend sa route, en m'ignorant complètement. Je reste assise, le dos parfaitement droit, les sourcils froncés. J'ai toujours été habituée à entendre des critiques toute ma vie, la plupart venant de ma mère. Ça me blessait à chaque fois qu'un mot vexant sortait de sa bouche. Elle me disait trop grosse, trop "normale", pas assez parfaite, pas assez elle.

Et puis un jour, j'en ai eu marre. Qui était-elle pour me dire quoi faire ? Ma mère, certes. Mais avait-elle le droit de me critiquer à chaque mouvement que je faisais, à chaque kilo que je prennais, à chaque geste inattendu que j'esquissais ? Qui était-elle pour me dire quoi faire ?

Un jour, j'ai compris que ma mère n'avait pas les mots parfaits. Ça a été un travail dur à faire pour ignorer ses remarques. Et celles des inconnus, j'y travaille toujours mais ce prince, je n'y arrive pas. J'ai toujours voulu faire bonne impression, paraître courtoise même si je ne l'étais pas forcément et ce qu'il vient de déclarer, ça appuie un peu plus sur mon cœur et sur ce que je ressens.

Il ne veut pas de ce mariage comme je n'en veux pas également. J'aimerais me mettre en accord avec lui pour que nous redevenions tous deux libres mais malheureusement, ce n'est pas moi qui tire les ficelles de ce contrat malsain.

Je pousse un soupir, lassée.

— Il ne faut pas lui en vouloir, déclare la princesse. Il a juste peur.

Elle est merveilleusement magnifique. Ses longs cheveux sont bruns, brillants et parfaits, ses yeux noisette me scrutent avec une curiosité qui, certes, me met mal à l'aise mais elle a un je-ne-sais-quoi de rassurant.

Elle remarque que je la détaille un peu trop longuement et fait de même pour moi. Je meurs d'envie de creuser ma propre tombe pour paraître si ridicule face à elle.

— J'aime bien euh... ta robe.

Mes joues rosissent. J'ai l'air pathétique.

— Sincèrement, reprend-elle. Tout va bien ? Tu es un peu pâle.

J'essaie de hocher la tête, en vain. Mon esprit est ailleurs et j'ai trop chaud. J'étouffe ici.

— Je... Oui, ça va. Je suis désolée, j'ai la tête ailleurs.

— Aucun souci. Ma mère te cherchait pour mettre au point les modalités du mariage et...

— Oh, vous voilà vous deux !

Arynn se retourne et sourit en apercevant sa mère s'avancer vers nous. Elle me fait ensuite un rapide signe de la main avant de s'en aller, me laissant seule avec la reine qui me tend son bras.

— Je vous cherchais, ma chère. Avec mon époux, nous avons mis en place les futures dates du mariage.

Elle me sourit, toujours aussi chaleureuse et nous avançons dans le palais. Elle me parle encore et encore et j'écoute seulement un mot sur deux. Dieu sait que cette femme est bavarde !

— ...aura lieu le quatorze août, dans un peu plus de trois semaines. J'espère que tout sera prêt mais normalement, nous seront au point !

Je hoche la tête pour la quinzième fois, sans broncher.

— Quelque chose ne va pas ? m'interroge-t-elle en s'arrêtent subitement.

Je réfléchis. Puis-je lui dire ? Bien évidemment, elle saura peut-être m'aider.

— C'est juste que... je suis un peu anxieuse. Votre fils ne m'a pas adressé un mot depuis mon arrivée, et j'ignore quoi penser, j'ai seulement l'impression de faire tâche dans vos vies à tous.

Son sourire disparaît pour laisser place à une expressions navrée.

— Je suis désolée, Eileen. Ander a... vraiment du mal avec ce mariage. Mais ne t'inquiète pas, il finira par s'ouvrir à toi.

Sincèrement, je ne crois pas un mot de ce qu'elle me raconte. Elle a beau y croire, vouloir y croire, moi je n'y crois pas. J'ai bien vu le regard que m'a lancé le prince il y a de cela quelques minutes, et je sais pertinemment que la haine visible dans son regard ne changera jamais.

Du moins, pas de sitôt.


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Yo ! Vous allez bien ?

Pour ceux qui passent par-là, n'hésitez pas à me laisser votre avis et/ou à voter, ça m'encourage vraiment à continuer (dans tous les cas je vais continuer d'écrire mais ça peut vraiment booster un auteur)

En tout cas, j'espère que l'histoire vous plaît pour le moment, et on se retrouve bientôt pour un nouveau chapitre ^^

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant