Une grande fille monte les marches et vient se jeter dans les bras d'Ander, me séparant de lui. Je recule de quelques pas, perdue et la dévisage. J'ai probablement un air méprisant au visage mais je m'en fiche.
— Tu m'as tellement manqué !
Ses cheveux noirs sont attachés en un somptueux chignon et ses grands yeux bleus se lient à ceux d'Ander. Et pour la première fois depuis longtemps, les siens se mettent à briller. Il a l'air heureux comme il ne l'a jamais été avant. Et c'est de voir cette fille qui le rend heureux. Et moi ça me détruit. J'entends Sebastien jubiler derrière moi, lançant des piques que je tente d'ignorer.
La fille est plus grande que moi et beaucoup plus jolie. Sa peau blanche est d'une perfection inégalée, elle n'a littéralement aucune ride, aucune cicatrice, aucune cerne. Des tâches de rousseur parsèment son nez et ses joues et elle a un sourire resplendissant.
— À moi aussi, tu m'as manquée.
Et cette fois-ci, je comprends la douleur qu'a pu ressentir Ander lorsque j'ai embrassé Sebastien. Je comprends sa souffrance. Juste à l'entente de ces mots pour cette fille, la jalousie envahit mon être.
La fille se tourne vers moi, le sourire toujoure colgate. Elle s'exclame :
— Oh, cela doit être...
— Mon ex-fiancée, Eileen.
Coup de poignard en plein cœur. Ander me dévisage froidement. J'ai perdu, je le sais. Et Sebastien s'exclame derrière moi :
— Ma future fiancée, par ailleurs !
— Plutôt mourir que de t'épouser, marmonné-je, tout bas.
— Enchantée, Eileen, je m'appelle Cecilia !
Je vais me pendre, c'est officiel. La question à se poser est : est-ce que j'attends demain ou aujourd'hui ? Si je le fais demain, je serai bien concentrée pour faire le nœud, préparer le tabouret... Alors que si je le fais aujourd'hui, je risque de me rater et cela ne serait pas joli à voir.
Cecilia, en plus d'être un canon sur pieds, a une voix d'une douceur incroyable. Elle se tourne alors vers Ander, les yeux plein d'espoir :
— Que dirais-tu que nous participions au tournoi ensemble ? Comme tu n'es plus fiancé et que je suis libre, cela pourrait être amusant !
Et c'est comme ça qu'Ander me plante. Il propose son bras à Madame Perfection qui le saisit sans une once d'hésitation et ils s'en vont marcher. Raconter les derniers potins. Ils s'embrasseront sûrement derrière les buissons et je ne le saurai jamais.
— Ah, la la, soupire Sebastien. Dommage que cette pauvre fille soit devenue veuve. Elle est désormais un cœur à prendre.
Et j'abandonne.
• • •
Sebastien m'a suivie où que j'allais. J'ai fini par le semer en rentrant au château et en empruntant plusieurs couloirs. Il n'a cessé de répéter qu'il avait fait cela pour mon bien, qu'Ander était le roi des bouffons et je n'ai aucunement cessé de le haïr. Je ne comprendrai jamais ses motivations et je n'ai même plus la force de comprendre.
J'ai alors jeté un coup d'œil par la fenêtre et j'ai pu voir Ander et Cecilia, assis dans l'herbe, en pleine discussion. J'avoue qu'un désagréable sentiment m'a prise à l'estomac. Et je me déteste de qualifier cela de jalousie. Je sais bien dans le fond que cela ne peut que s'apparenter à ça mais je suis terrifiée d'éprouver des sentiments pour un homme. Je l'ai toujours été.
Et c'est à ce moment qu'Arynn m'a trouvée alors que je remettais ma vie entière en question.
— Venez vous joindre à nous, très chère ! m'a-t-elle dit en me prenant par le bras.
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𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1
RomanceDans un monde où l'amour ne se choisit pas, où les décisions ne vous appartiennent pas et où les choses vous sont imposées vit Eileen De Montancourt. Princesse depuis sa naissance, du haut de ses dix-neuf ans, la jeune femme est destinée à succéder...