À dix heures moins cinq, je suis devant la porte, prête et en tenue. Enfin, en tenue. J'ai juste enfilé un legging noir et un pull en matière polaire assez fin. Je suis un peu mal à l'aise dans cette tenue étant donné qu'elle moule pratiquement tout mon corps, et il faut dire que je ne suis pas souvent confortable avec cela.
Arynn m'a rejointe quelques minutes après mon arrivée, belle comme une déesse. Elle a noué ses longs cheveux en deux tresses qui lui tombent dans le dos et revêtu une tenue de cavalière beaucoup plus chic que la mienne.
— On devra se faire une journée shopping un jour pour t'acheter de nouveaux vêtements ! m'intime-t-elle avec un grand sourire.
J'ignore si cela signifie que je m'habille très mal ou que j'ai franchement besoin de nouveaux vêtements. Dans tous les cas, je ne le prends pas mal. Personnellement, j'ai attaché mes cheveux en queue de cheval relativement basse. Je déteste les faire basse mais l'équitation m'y oblige aujourd'hui.
Nous sortons du palais et la brise matinale vient rafraîchir mon visage. La reine Irena nous rejoint dans la seconde et sa voix résonne dans mon dos :
— Comme vous êtes belles !
Je me retourne pour m'abaisser en une révérence, ignorant les mots d'Ander qui s'insinuent dans mon esprit.
Il a juste voulu me blesser, je sais parfaitement faire les révérences.
La reine a revêtu une tenue du même style que sa fille, en un peu plus formel et ses longs cheveux bruns sont également attaché en une queue de cheval, identique à la mienne. Ses grands yeux bleus me fixent, attentive et elle finit par jeter un coup d'œil derrière elle.
Sebastien passe la porte, ajustant ses manches et je manque de défaillir. Il est d'une beauté infaillible. Il porte une de ces vestes à boutons argentés que les célèbres cavaliers enfile, un pantalon marron qui suit le haut et des bottes noires montantes. Passant une main dans ses cheveux, il m'adresse un sourire resplendissant.
— Bien le bonjour, mes dames.
S'abaissant pour une courte révérence, la reine tape dans ses mains, heureuse :
— Il ne manque plus que Dimitri et Ander.
À ses mots, les deux hommes se dessinent derrière elle. Si Sebastien est magnifique, sa beauté n'est qu'un euphémisme en comparaison à celle d'Ander, il est à tomber par terre. Ses cheveux, plus sombres que ceux de son demi-frère sont légèrement humides, et je remarque qu'à aucun moment donné il ne m'adresse ne serait-ce que l'ombre d'un regard.
Je ravale ma salive et me détourne à l'entente de bruits de sabots des chevaux. Six nous attendent, deux à la robe noire, deux autres à la robe marron foncé et les deux derniers blancs.
— Avez-vous déjà monté, ma chère ? s'enquiert la reine Irena derrière moi.
Elle enfile ses gants et descend les marches, me tirant par le bras. J'hésite à lui dire que je fais dans la compétition. Je n'ai pas envie de paraître prétentieuse alors je réponds :
— Quelques fois seulement.
Mon mensonge semble la satisfaire. Je regrette un instant car j'aimerais vraiment prouver de quoi je suis capable mais je me convaincs intérieurement que ce n'est pas le bon moment. Que j'aurais tout loisir à faire mes preuves plus tard.
Les selles déjà installées sur les chevaux, la reine monte son cheval à robe blanche avec aisance, le roi la suit. Les deux chevaux à la robe marron sont occupés par Sebastien et sa sœur et les deux derniers pour moi et Ander.
Tous montent à cheval et moi, je reste quelques secondes là, désignant celui qui m'est assigné. Il fait exactement la même taille que ceux que j'avais l'habitude de monter et cela me rappelle de trop nombreux souvenirs. Une voix me coupe dans mes pensées :
— Vous montez demain ou aujourd'hui ?
Sebastien m'observe, un sourire ravageur aux lèvres. Je vois Ander lever les yeux au ciel avant de partir au trot en rejoignant les autres qui sont déjà devant.
Je me hisse donc sur la selle avec une aisance qui surprend Sebastien et pars moi aussi au trot. La sensation de monter sur un cheval m'avait terriblement manquée. Sebastien me rattrape et lance d'une voix forte :
— Vous êtes une cavalière, n'est-ce pas ? Vous avez ce mouvement... des hanches...
Ses yeux descendent sur mes reins et je rougis inconsciemment. Il relève les yeux, lui aussi rouge et un sourire lui barre le visage. Je ne réponds pas et accélère le pas.
— Vous devriez participer à nos concours si vous savez monter, reprend-il.
Les autres sont plus loin devant nous mais Ander est un peu à la traîne. Il a un de ces dos magni...
— Que diriez-vous d'une course ?
Je me demande si le prince nous écoute. Il a la tête légèrement sur le côté et plus j'y réfléchis, plus cela me paraît plausible.
— Maintenant ?
— Pourquoi pas ? Sur le long chemin devant nous. Le premier arrivé à l'entrée des bois gagne !
Un sourire compétitif se dessine sur mes lèvres et c'est les mains serrées autour des rênes que je déclare :
— J'y arriverai la première !
Et nous partons tous les deux au galop, sans prévenir. Sebastien me distance d'un mètre à peine et double sa sœur par la droite. Moi, je double Ander sur la gauche qui me lance un regard, sidéré.
Après avoir dépassé le couple royal, j'accélère la cadence et le vent balaie mes cheveux. Sebastien et loin derrière moi et l'adrénaline coule dans mes veines alors que j'arrive brièvement à l'orée de la forêt. Le prince me rejoint quelques secondes plus tard, essoufflée, les yeux emplis d'un sentiment nouveau : de l'admiration.
— Wow... Vous jouez carrément dans la cour supérieure !
Les autres nous rejoignent et la reine me félicite :
— Bravo, Eileen, vous venez de battre l'un des meilleurs cavaliers de cette famille.
Arynn tape dans ses mains après avoir brandi ses deux pouces en l'air et le roi me jette un regard mauvais. Décidément, tel père tel fils.
— Mais elle n'a pas battu LE meilleur, intervient une voix.
Ander vient se placer à côté de moi, les yeux noirs et déclare d'une voix assez forte pour que toute la famille l'entende :
— Le premier arrivé au bout du chemin gagne.
— Non, intervient Sebastien. Le chemin est trop boueux, Eileen risquerait de glisser.
— Qu'est-ce que ça peut te faire ? réplique Ander. Elle est une cavalière affirmée, cela ne devrait pas lui poser de problème.
Et en effet, cela ne me pose aucun problème. Je vais le battre comme j'ai battu Sebastien. Je me positionne aux côtés d'Ander et la reine derrière nous s'exclame :
— Trois... deux... un... partez !
Et c'est parti. Dès le début, je distance Ander de plusieurs mètres. J'ai fait de l'équitation pendant plus de dix ans, il ne pourra jamais me battre et je brûle d'envie de réduire son arrogance à néant. De briser son orgueil. Il me reste une vingtaine de mètres avant la fin du chemin et je me vois déjà le cœur empli de fierté, acclamée. Peut-être que je rêve trop.
Alors que j'accélère encore plus le pas, je ne prévois pas l'immense flaque de boue glissante qui se dessine devant moi. Le cheval se prend le sabot dedans et apeuré, il vire en arrière et moi, je lâche les reines pour aller m'écraser directement contre le sol.
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HeyyD'abord, je tenais à m'excuser pour tous les cavaliers qui passent par-là, ce n'est clairement pas mon monde et j'ai essayé de décrire avec le peu de vocabulaire que je connaissais...
J'espère quand même que cela vous a plu, comme d'habitude si j'arrive à avancer dans l'écriture je posterai un nouveau chapitre ce soir, sinon ce sera demain !
Bizz 💓
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𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1
RomanceDans un monde où l'amour ne se choisit pas, où les décisions ne vous appartiennent pas et où les choses vous sont imposées vit Eileen De Montancourt. Princesse depuis sa naissance, du haut de ses dix-neuf ans, la jeune femme est destinée à succéder...