Chapitre 19

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J'en ai ma claque. Au point où j'en suis venue à lui courir après pour lui demander clairement quel problème il peut avoir avec moi. J'entends Sebastien crier mon nom derrière moi mais je ne l'écoute pas. Pieds nus, faute de ne pas avoir enfilé de chaussures, je marche d'un pas furieux dans tous les couloirs du palais. Une idée vient soudainement éclairer mon esprit.

Plutôt que d'aller directement le voir, je vais aller chercher ce fichu croquis de moi qu'il a osé dessiner et lui demander des explications. Je saccagerai son atelier pour le trouver s'il le faut mais j'en ai plus que marre d'être traitée comme une moins que rien. Je ne veux même pas de ce mariage alors qu'il me le dise clairement si lui aussi, que nous puissions enfin tout arrêter ! Je rentrerai chez moi et retrouverai Bianca, Jasper et mon lit. Et je n'aurai plus toutes ces responsabilités sur le dos.

— Princesse !

Je m'arrête nette cette fois-ci. Sebastien me rejoint et c'est essoufflé qu'il déclare :

— S'il vous plaît, il n'en vaut pas le coup. Il est...

— Il en vaut parfaitement le coup ! Je vais l'épouser, ce n'est pas vous que j'épouserai ni un homme acceptable et bon, et ce n'est même pas ce que j'attends !

Je me détourne de lui pour me diriger directement vers l'atelier mais Sebastien me bloque en agrippant mon bras. Ses yeux marron viennent directement se planter dans les miens et son autre main se pose sur ma taille. Je le fixe, figée dans l'incompréhension.

— Écoutez-moi, il n'en vaut pas la peine et il ne vous donnera pas les explications que vous méritez. J'irai lui parler mais vous risquez simplement d'envenimer les choses.

— D'envenimer les choses ? Il vient à peine de sortir que j'étais hideuse ! Je n'épouserai pas un homme comme ça. Plutôt mourir en Enfer que de me voir sa tête méprisante tous les matins.

Je croise les bras sur ma poitrine, contrariée et étonnamment, Sebastien ne me lâche pas. Il me contemple comme on regarde une œuvre d'art dans un musée : avec attention et précision, comme s'il cherchait à m'élucider. Et je vois qu'il veut dire quelque chose mais il n'en fait rien. Sa prise se resserre autour de moi et à ce moment précis, je regrette de m'être emportée sur lui.

— Vous n'êtes pas hideuse, je peux vous l'assurer, souffle-t-il.

— Et pourtant l'homme que je vais bientôt épouser s'obstine à me le répéter.

Un frisson me parcourt l'échine quand le regard de Sebastien se fait plus intense et j'ai peur à un moment donné qu'il m'embrasse mais il n'en fait rien. De toute manière, s'il venait à m'embrasser je le repousserai comme la peste. Non pas que je ne veuille pas, enfin...

— Il ne le pense pas. Ander ne pense jamais ce qu'il dit.

— Il y a toujours une part de vérité dans un mensonge, rétorqué-je.

— Eh bien il est probable qu'il n'aime pas la robe mais il ne vous trouve pas hideuse, sincèrement.

— Vous n'en savez rien !

— Il est mon frère, Eileen !

Je m'éloigne de lui et garde les sourcils froncés. Je n'ai même plus envie d'aller chercher son stupide croquis, qu'il me dessine je m'en fiche ! Puis soudain, quelque chose me revient en tête.

— Pourquoi a-t-il parlé de tradition ?

Sebastien se frotte le menton et explique :

— Chez nous, la mode est assez importante, et l'avis d'un mari sur les vêtements de sa femme compte d'autant plus. Si l'homme n'approuve pas certains vêtements que son épouse essaye, elle ne doit pas les porter.

— Vous n'avez pas évolué dans le temps apparemment !

— Que dites-vous ?

Je n'ai pas le temps de répondre que des cris fusent venant du fond du couloir. Sebastien et moi accourons, lui se plaçant devant moi et je reconnais le petit salon. Nous attendons derrière la porte et je tends l'oreille.

— C'est une idée absurde !

Oh, le roi qui prend la parole. Je l'ai rarement entendu parler alors cela me fait tout drôle de l'écouter.

— Ce n'est pas absurde, c'est censé. Cette fille n'a rien à faire ici, d'autant plus qu'elle ne s'y plaît pas.

Ander paraît plus calme cette fois-ci. Je me hisse sur la pointe des pieds afin de voir quelque chose mais Sebastien me bloque la vue. Je le maudis.

— Tu n'essaie même pas d'apprendre à la connaître, soupire une nouvelle voix, celle de la reine. Depuis qu'elle est arrivée ici, tu ne fais que lui lancer des remarques cinglantes en pleine figure !

— Tu crois que j'ai envie d'apprendre à la connaître quand Sebastien est là à la suivre partout comme un toutou ? réplique-t-il, tranchant.

Et mon cœur loupe un battement. J'échange un regard avec Sebastien qui a le visage crispé. Si depuis le début, il est odieux avec moi seulement par jalousie, c'est totalement puéril de sa part !

— Nous lui avons déjà dit de garder ses distances, dit le roi.

Et son ton me surprend. On dirait qu'il défend Sebastien d'une certaine manière.

— Eh bien apparemment, cela n'a pas suffit !

Je déteste le ton condescendant qu'il emploie, comme s'il était supérieur. Pitié, dites-moi que je ne vais pas épouser quelqu'un comme lui où je me tirerai une balle avant le mariage.

— Peut-être devrions-nous annuler le mariage... lance la reine.

Et je manque de tomber sur Sebastien. Il me retient de sa main et me jette un regard noir.

— Il en est hors de question ! Ecclosia est l'un des pays les plus riches et développés du continent entier et ce mariage est nécessaire ! Tu épouseras cette fille, un point final. Maintenant, déguerpis d'ici et trouve un moyen pour te faire apprécier. Les lits n'ont pas été inventés pour rien !

Et Ander se fait jeter dehors sauf que nous ne sommes pas encore partis. La porte s'ouvre d'un coup brusque et je fais quelques pas en arrière mais mes pieds s'emmêlent et je m'étale de tout mon long sur le sol.

Sebastien tombe nez à nez avec son frère qui se contente simplement de l'ignorer. Il se décale et me jette un regard.

— Qu'est-ce que tu fais par terre ?

Sa voix est anormalement douce. Mes yeux alternent entre les deux frères et je ne tente même pas de me relever, avec cette robe c'est impossible.

— Euh... je...

Comprenant qu'il n'obtiendra pas plus de réponse de ma part, il passe à côté de moi et avant de disparaître, il me méprise. Littéralement. Il s'arrête pour me lancer un regard mauvais, ce qui me confirme bien qu'Ander est un connard.




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re!

je ne pense pas poster de chapitre ce soir, parce que je suis fatiguée et que je n'aurais pas le temps d'avancer dans l'écriture

j'en posterai un demain, comme d'habitude :)

le prochain chapitre sera + intéressant, celui-ci était un peu transitoire en attendant la suite

Bref n'hésitez pas à me laisser vos avis ça fait toujours plaisir ^^

bizz 💓

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant