Chapitre 41

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Rewind est un excellent guerrier, il n'a pas menti. Il manie l'épée avec une agilité déconcertante. Il a beau être très grand, une certaine grâce se dégage de ses mouvements.

L'épreuve a débuté il y a dix minutes et nous sommes tous assis sur des sièges plutôt confortables, à quelques dizaines de mètres de l'espace dédié au combat. Il a été clôturé par un filet fin et deux princes se relaient tous les dix minutes. Celui qui gagne poursuit l'épreuve et celui qui perd s'en va. Rewind n'a pas été éliminé pour le moment et à chaque combat qu'il fait, je sens mon cœur battre fort dans ma poitrine. Qu'il soit blessé m'importe peu mais il doit absolument remporter l'épreuve. Ander n'obtiendra pas cette stupide balade.

Quand on parle du loup... Ander entre dans le cercle dessiné, son épée à la main, beau comme un dieu. Il ne porte pas de casque et sur le moment, je le pense inconscient. Surtout quand je vois son adversaire : un gros balourd de deux mètres de haut et épais comme un roc. Le but étant de faire sortir le concurrent en-dehors du cercle, je ne le crois pas une seule seconde capable de le battre.

— Nous accueillons désormais nos deux prochains candidats : le prince Alexander du royaume de Lucrenda et le prince Zleden du royaume d'Ethern ! Celui remportant cette manche se verra aller directement en final et se battre contre le prince Rewind, du royaume d'Imir !

À son nom, Rewind bombe le torse, fier de lui et moi je me ronge les doigts. Je dévisage Ander qui se tient en bas, l'air serein comme s'il s'apprêtait à faire quelque chose d'habituel.

— À mon signal... Combattez !

C'est pile au moment où le combat commence que quelqu'un vient s'assoir à côté de moi. Je ne tourne pas la tête, une longue chevelure brune suffit à me faire comprendre de qui il s'agit.

— Je crois que nous n'avons pas été assez bien présentées, chantonne la voix de Cecilia.

Je décide de l'ignorer. Mon regard se porte sur Ander qui manie son épée avec grâce. Faisant quelques pas en arrière puis en avant, il menace son concurrent. Celui-ci manque clairement de quelque chose qui le rendrait bon au combat. Je le trouve assez brute dans chaque mouvement qu'il fait et peu rapide.

— La pauvre Eileen aurait-elle donc perdu sa langue ?

Je tourne lentement la tête vers elle. Entre la premier fois où je l'ai vu et maintenant, elle a changé. Elle a l'air désormais... impitoyable. Et hautaine. Je parie qu'Ander lui a raconté nos petits problèmes.

— La roturière a un problème ?

Je m'en veux sur le coup. Dans le fond, je m'en fiche royalement qu'elle soit de sang noble ou pas, mais c'est la jalousie qui a parlé.

— C'est bas, lâche-t-elle.

Comme ton intelligence.

Je me retiens de parler et je dois me faire violence pour garder la bouche fermée. Cecilia ne m'a rien fait, à part peut-être tourner trop autour d'Ander mais ce n'est pas quelque chose de blâmable et être méchante avec elle serait juste idiot et puéril de ma part.

— Je l'avoue, confirmé-je. Je n'ai rien contre vous Cecilia, mais je ne suis pas dans un bon jour actuellement.

— J'ai cru l'avoir remarqué.

Et son expression hautaine disparaît. J'ai du mal à la cerner et cela me perturbe.

— Ander compte énormément pour moi, lance-t-elle de but en blanc, et je ne laisserai personne lui faire du mal.

— Le blesser n'a jamais été mon intention.

Je pose les yeux sur Ander qui, d'un mouvement rapide, part en enchaînement d'épais. Les coups fusent et je ne comprends absolument rien, tout ce que je vois c'est que le prince Zleden est en position de faiblesse. Il peine à rattraper les coups et tente piteusement des mouvements. C'est une question de temps avant qu'il n'échoue.

— J'en doute, répond-elle.

Elle souffle sur ses ongles et je la classe dans ma tête dans la catégorie "pétasse incernable". Je ne l'aime pas, elle ne m'inspire pas confiance.

— Peu m'importe vos doutes, réponds-je sarcastiquement, ma relation avec Ander ne vous regarde pas et vous ne serez jamais concernée.

— Quelle relation au juste ?

Coup de poignard en plein ventre. Pas le cœur parce que Cecilia ne signifie rien pour moi.

— Il ne vous a jamais aimée, ma chère.

Et le poignard tourne lentement, déchire chaque parcelle de peau qui me recouvre. Je ne la regarde même pas, mes yeux restent bloqués sur Ander. Il a...

— Il ne vous aimera jamais et vous refusez de le comprendre et de l'accepter. Quel dommage.

Il a dessiné mon visage. Il était jaloux, il l'a lui-même dit. Je l'ai blessé. On ne blesse pas quelqu'un pour qui on ne ressent rien. C'est impossible. Il a dessiné un croquis de mon portrait ! Je ne dois pas l'écouter, elle fait cela pour me déstabiliser.

— Peu importe tout ce qu'il a pu vous raconter. J'ai eu assez de temps jusqu'ici pour comprendre que si, par le passé, il a pu se montrer intéressé par vous, ce sentiment a disparu quand vous l'avez trahi avec son frère.

Et je hurle à la Eileen forte qui sommeille en moi de se réveiller, de crier à cette sorcière qu'elle n'est qu'une moins que rien et que je suis aimée mais rien ne se passe. Le regard dans le vide, mes larmes ne tomberont plus. J'avais pensé avoir surmonté ma période de deuil mais c'était juste un passage éphémère. Mes pleurs auront beau disparaître, il n'en reste pas moins que la douleur et la solitude s'enracinent dans mon cœur.

— Je doute que quelqu'un vous ait déjà aimée, Eileen. On récolte ce que l'on sème, dirait-on.

C'est à ce moment qu'Ander, d'un mouvement d'épée, désarme Zleden et celui-ci sort du cercle. Des exclamations surgissent de partout et Cecilia se met à applaudir en se levant en même temps.

Je garde les yeux braqués sur Ander. Ander, qui laisse tomber son épée au sol et qui s'essuie le nez du revers de la main. Levant la tête, j'ai peur. Peur qu'il se tourne vers Cecilia et qu'il la dévisage avec cet même expression qu'il me réservait il y a encore quelques jours.

Ses yeux cherchent quelqu'un et mon cœur est prêt à se briser pour la millième fois quand il aura trouvé la personne qu'il souhaite voir. La personne qui anime son cœur.

Je me lève, je dois partir, je ne veux pas voir ça. Et mes jambes se mettent à trembler lorsqu'Ander s'arrête sur moi. Qu'il m'étudie de là où il se trouve. Qu'il se frotte les doigts, laissant ses bras tomber. Un peu d'espoir renaît en moi mais ce n'est pas suffisant. Cela ne sera jamais assez.




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Hey hey hey

J'espère que ce chapitre vous a plu 🥺 N'hésitez pas à laisser vos théories pour la suite à chaque fois, parfois ça m'inspire !

Aussi j'ai une question, le chapitre 45 (qui sortira ce week-end au plus tard) fait plus de 2000 mots et je me demandais s'il ne serait pas mieux de le couper en deux. Personnellement cela ne me dérange pas mais c'est par rapport à vous, pour savoir si lire 2k de mots c'est beaucoup ou si au contraire ça ne vous dérange pas

Bref dites-moi surtout !

Les 2 prochains chapitres sortiront demain ^-^

Bizz bizz

💓

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant