QUATORZE.

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PACO
GÕMES


Je n'ai plus la notion du temps mais si je
compte le nombre deux fois qu'on est venu m'apporter à manger dans cette petite pièce humide. Je crois que ça fait quatorze jours. La fenêtre au-dessus de ma tête montre que le soleil brille. Pourtant, la chambre me paraît sombre tout comme moi d'ailleurs. Ma chemise est tachée de sang et mon pantalon de crasse venant de nul part. Le sandwich par terre me dégoûte, la faim m'a été coupé dès que j'ai compris que je ne sortirais pas d'ici. Je transpire.

— Paco.

— Daniel Delagraça je ne sais pas où elles sont et je ne sais pas où ils sont.

Comme tous les jours, on m'interroge pour savoir où sont les filles. Toutes les journées sont pareilles pour moi, je mange à la vue de tous. Je dors à la vue de tous et je meurs à la vue de tous. Daniel passe l'encadrement de la porte et souffle.

— Paco tu dois savoir, tu étais en contact avec eux.

— J'étais, insisté-je lassé.

— Putain ! Je ne pense pas que tu réalises ce qui peut se passer si tu ne nous dis rien.

— Beaucoup de gens vont mourir ? Daniel ce jeu est un cycle. On fait la guerre pour intérêt et l'intérêt ramène la guerre.

— Edelia est en danger ! Marina est en danger et ma nièce ! La mienne, elle a sept mois et elle doit rester sans son père bordel ! Tu te rends compte de la merde qu'elles doivent passer à cause de toi et de ces bande de cons !

— Edelia a été en danger dès le premier jour de sa venue dans notre monde. Marina a été en danger dès que Edelia l'a entraînée dans sa nouvelle vie. Kayeles dès qu'elle est venu, sa vie est devenue un putain de jeu. On ne peut choisir quand ni comment commencent les événements de notre vie. Si c'était le cas, on aurait jamais regretté nos actes du passé et les opportunités qu'on a pas saisi.

Il jure, ses veines apparaissent, la colère se lit sur son visage. Ses traits doux et réconfortants sont devenus horribles et intimidants. Daniel Delagraça, toi père de ce groupe, aujourd'hui tu vas réussir à avoir les informations que tu veux.

— Matagalpa…

Cette ville perdue est là où ma mère se rendait pour célébrer la fête des morts. Elle disait que c'était une ville morte pour elle. De toute, ce n'est pas ma mère donc rien à foutre de ce qu'elle peut penser ou dire.

Daniel m'examine tandis que je fais tourner la bouteille de whisky vide dans ma main.

— Ne me dis pas que ?!

Je hausse les épaules.

— Je suis à Esteli et non pas à Matagalpa.

Il part presque en courant, je reste affalé sur le sol salit à cause des miettes de nourriture et des flaques d'alcool. Le visage de ma petite Edelia me revient et je ne peux m'empêcher de sourire.

Une tâche de rousseur, deux tâches de rousseurs…

Une tâche de rousseur, deux tâches de rousseurs…

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