Faux profils (Tome I, II & III)

11. Fugitifs

La voix de mon frère résonnait derrière ce téléphone. Je ne voyais et n'entendais plus rien autour, seulement sa voix.

J'étais comme enfermée dans une bulle. Et cette bulle, c'était lui. Oui, même si au plus profond de moi je n'aimais pas mon frère, le savoir en vie faisait de moi quelqu'un d'heureux.

J'étais à terre, en sanglots. Connor hurlait sur son balcon, il ne savait pas ce qu'il se passait.

— Ava, dis-moi ce qu'il se passe ?! Hurla-t-il.

Mes yeux rouges remplis de larmes se posèrent sur lui. Je n'arrivais pas à sortir ne serait-ce un mot de ma bouche. Les seuls bruits qui sortaient, c'était ceux de mes pleurs.

— AVA, DIS-MOI CE QU'IL SE PASSE OU JE PASSE PAR DESSUS LA BARRIÈRE, Cria Connor de plus en plus fort.

— Raph-Raphaël... Dis-je en larmoyant au téléphone.

L'expression faciale de Connor se changea instantanément. Ses yeux qui fixaient le sol se mirent une nouvelle fois à entrer en contact avec les miens.

— Passe le moi, annonça Connor de façon brutale alors que je venais, après des heures, avoir des nouvelles de mon frère que je croyais mort.

Je me levai pour me diriger vers la porte de ma chambre. Connor était derrière et en ouvrant, son visage ne changea pas à la vue de mon état. Seule sa main venait se placer derrière mon coup en essuyant une de mes larmes avec son pouce.
Mon regard était vide de désespoir.

Comment pouvait-il ne rien ressentir ?

Même si je le regardais avec beaucoup de mélancolie, il ne réagissait pas et faisait comme si l'appel de Raphaël n'était pas miraculeux.

— Passe-moi le téléphone, fit-il en retirant sa main pour me le prendre des mains.

Je croisais mes bras à l'idée de ce que Raphaël pouvait avoir à dire. Le téléphone était toujours en haut-parleur, Connor restait à côté de moi.

Étonnant pour quelqu'un qui n'en a rien à faire de moi.

— Raphaël, où tu es ? Demanda Connor sur un ton un peu plus que sérieux.

— Je suis à la maison, on a réussi à neutraliser les gars mais ça ne serait tarder avant que d'autres arrivent, répondit-il. Il faut que vous partiez d'où vous êtes, ils ont déjà dû localiser mon appel et savent sûrement où vous êtes.

La mâchoire de Connor se crispa. La cible était donc moi, et non mon cartel ?

Pourquoi ?

Pourquoi tant d'acharnement sur moi ?

— Putain mais pourquoi tu ne répondais pas ?! Criai-Je au téléphone en pleurnichant.

— J'ai réussi à chopper l'un d'entre eux vivant. Avec les gars, on essaie de le faire parler, répondit Raphaël avec des bruits de ce qui ressemblait à de la torture en fond.

— Est-ce que tu sais pour qui ils bossaient ? Demanda Connor.

— Non, mais tout ce que je sais c'est que Logan est lié. Mais, il se fait très discret sur le cartel pour lequel il bosse, assura mon frère.

Logan.
Encore ce prénom, toujours ce prénom. Quand je pense que je lui ai adressé la parole au gala...

— J'en étais sûr que c'était lui. Je l'avais vu en partant. Ce chien me suit vraiment partout, s'exclama Connor sur les nerfs.

Connor était rouge de nerf. Ce nom, Logan, le mettait hors de lui. C'est vrai qu'en y pensant, je ne connaissais rien de sa vie, de son passé. C'était quelqu'un d'assez fermé qui ne montrait rien.