16. S'avouer vaincu

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Je soufflais sur tout ce que je trouvais : chaises, livres, meubles, tapis et la poussière volait de partout. Je me posais un instant debout, en balayant mon regard sur la pièce.
Mes yeux se fermèrent et ma langue passait sur mes dents. Je n'étais peut-être pas assez fort pour la protéger.
Peut-être que je n'allais pas y arriver.
Peut-être que Nick allait réussir à avoir ce qu'il voulait.
Et peut-être que je ne la reverrais plus jamais.

Mon corps se réveillait et j'étais pris d'une rage noire. Je hurlais dans toute la pièce, j'en devenais rouge et toutes mes veines se dessinaient. C'était comme si l'on venait de m'arracher le cœur.
Je jetais les anciens papiers qui se trouvaient dans le bureau et foutais tout par terre. Les tiroirs vides, je regardais au mur où se trouvait une photo de moi et ma famille. Immédiatement, je me précipitais vers elle pour l'arracher en mille morceaux.
Je n'avais plus aucun membres de ma famille sur qui compter. Ils avaient tous fait les traîtres.
J'étais dans un sale état, coincé entre la haine et la rancœur. L'amertume qui sommeillait en moi depuis plusieurs années venait de refaire surface. Elle s'était abattue sur mon cœur de pierre qui n'en était plus un.
J'avais l'impression d'être poignardé une nouvelle fois. J'avais peur, je craignais pour elle. J'étais terrorisé à l'idée de perdre sa joie de vivre, de perdre nos moments passés ensemble et de la perdre elle tout entière.
Des frissons parcouraient mon échine lorsque je pensais à elle. C'était comme si de la pluie tombait sur mon corps, et que j'étais genoux à terre, devant mon plus gros cauchemar.
Mes épaules tremblaient sous le poids d'une douleur insurmontable alors que je fixais le vide abyssal en dessous. Les souvenirs de ma vie autrefois joyeuse avec Ava tournoyaient dans mon esprit, maintenant déchiré et souillé par une série d'évènements tragiques qui allaient arriver. Mes genoux fléchirent et je m'effondrais. Le cri silencieux de mon âme détruite se perdit dans le hurlement du vent contre la fenêtre.
Je devais penser positif et arrêter de m'apitoyer sur mon sort car sinon, l'après-midi allait être longue. Je me relevais et pris une grande inspiration pour me calmer.
Décidé à remettre ce bureau à neuf, je dégageais tout ce qui était pourri et je changeais la disposition. Il devait y avoir un tas de matériel au sous-sol, histoire de retaper la pièce à neuf. Un petit coup de peinture et de ponçage de meuble et le tour sera joué.
Ça allait occuper mon après-midi et c'était mieux comme ça.
Je sortais du bureau comme si de rien était et descendais les escaliers pour aller fouiller dans le garage.

Tu fous quoi ? Me demandait Cole.

Je m'occupe, dis-je en fuyant la question.

Cole fronçait les sourcils et me regardait partir au sous-sol.
Ça faisait un bail que je n'avais pas été dans le tout petit atelier du garage. Mais il y avait pas mal de trucs : une boîte à outil, de la peinture et un tas d'autre chose de bricoleur.
Je prenais tout ça entre mes mains et remontais à l'étage. D'abord, je passais dans ma chambre pour me changer. Je n'allais pas bricoler avec un t-shirt propre...
J'enfilais un marcel noir qui sculptait parfaitement mon corps et mes muscles, ainsi qu'un jogging noir. Les outils en main, je me dirigeais dans mon bureau. C'était bien une des seules après-midi que je ne passais pas avec Ava. Ça changeait.
Je versais la peinture dans un bac, et plongeais le pinceau dedans pour commencer à peindre lorsque quelqu'un ouvra la porte.

Mec, tu fais quoi ? Me demandait Raphaël.

Il est temps de changer un peu la décoration, souriais-je.

Raphaël souriait à son tour en allant prendre un pinceau qu'il trempa dans la peinture.

Qu'est-ce que tu fais ? Demandais-je.

Je viens t'aider, ça ne se voit pas ? Riait-il en agitant son pinceau dans la peinture.

Je n'avais peut-être plus de famille, mais mon cartel en était une nouvelle. Mes parents m'ont toujours appris à bien respecter cette hiérarchie au sein de la mafia.
Mais finalement, un groupe marche mieux lorsque l'on forme une famille, non ?
Je souriais bêtement et Raphaël commençait à peindre le mur.

Faux profils (Tome I, II & III)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant