22. Une nouvelle inconcevable

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Je partais totalement en vrille par autant d'irresponsabilité de la part de mes parents qui étaient censés être mature. Mais bien évidemment, la maturité ne faisait pas partie des valeurs du cartel des Gonzalez. C'étaient tous des incapables sans cœur.
Mais au fond, je me disais que leur sang coulait dans mes veines, car ils étaient mes parents. Alors, je devais être comme eux, une vraie ordure.
Cole s'était relevé pour être à mon niveau et ne savait pas comment me calmer. En même temps la nouvelle était tellement bouleversante.

Je pensais que tu avais su et-

Non, ne dis rien, coupais-je d'un ton glacial.

Cette nouvelle n'apparaissait clairement pas au bon moment, surtout avec ce qu'il se passait avec Nick. Les tensions étaient de plus en plus fortes entre nos deux cartels et bien évidemment il fallait que ma mère soit en cloque.
Je n'en revenais toujours pas.
Elle m'avait déjà privé de toute enfance normale, de vie, de sentiments. Et elle était en train de reprendre le même chemin avec ce bébé qui n'allait jamais connaître ce qu'est la vie.
Il allait arriver dans le mauvais cartel, avec les mauvaises personnes. Et je savais très bien à quel point les enfants pouvaient être naïfs, alors et j'étais sûr que mes parents allaient lui monter la tête.
Il était hors de question que je laisse ma mère avoir cet enfant. En revanche, il était aussi inconcevable que je tue son bébé, car c'était tout de même mon futur petit frère ou ma future petite sœur.
Non, j'allais récupérer son enfant pour lui assurer une vie meilleure, qu'elle le veuille ou non.
Il était temps que cette salope récolte ce qu'elle a semé.
Je commençais à partir vers mon bureau pour me remettre de mes émotions et Cole avait compris que ça ne servait à rien de me retenir.
Dans la cuisine, Ace et Gabriel étaient encore là et ils me regardaient monter à l'étage en buvant leur verre.

Connor ? M'interpella Gabriel.

Dos à lui, je m'arrêtais et pris sur moi pour ne pas montrer ce qui n'allait pas. J'inspirais un bon coup et me tournais vers lui.

Oui ? Répondis-je en serrant mes poings.

Gabriel baissait son regard vers mes mains et il fronçait les sourcils, voyant que quelque chose n'allait pas.

Il y a quelque chose dont tu dois nous faire part ? Dit-il en attendant une explication.

Sûrement. Est-ce que j'en avais envie ? Non.

Je laissais planer le doute quelques secondes et répondis avec mon plus beau mensonge.

Pas à ce que je sache Gab, finissais-je en remontant à l'étage.

C'était une grosse erreur de ma part de ne pas le dire aux gars car au fond, c'était une information essentielle dans l'avancée de notre traque envers Nick. Si ma mère était réellement enceinte de je ne sais combien de semaines, ça signifiait qu'elle était affaiblie et vulnérable.
Je passais devant la porte d'Ava en m'arrêtant pour l'observer avec un visage fermé. Elle était en train d'écrire dans son journal et sa tête s'était relevée pour me regarder, pleine de questions.
Elle posa son stylo sur son lit et fermait son journal en s'asseyant.

Connor est-ce que ça-

Je ne restais pas écouter la fin de sa phrase, mais je me dirigeais m'enfermer dans mon bureau. Seul. J'entendais ses pas se précipiter vers ma porte mais ce n'était pas Ava qui allait me réconforter dans ce moment, j'avais juste besoin de solitude pour me reconcentrer sur moi même.
Les mains dans les poches, je balayais du regard le bureau qui me rappelait mes parents. Dans la poubelle à côté, il y avait encore cette photo de « famille » que j'avais déchirée. Mon regard était rempli de haine et de tristesse, c'était puissant.
Je ramassais les dizaines de bouts de photo et à l'aide d'un briquet, je les brûlais un par un en les jetant dans la cheminée.
Une larme solitaire tomba sur le cliché qui continuait de s'embraser. La photo était sacrifiée aux flammes et chaque bouts représentaient une partie de mon cuisant passé.
À chaque fois que j'en carbonisais un, je ressentais à la fois de la libération et de la douleur. Le crépitement des flammes semblait presque être apaisant. Je pouvais apercevoir la couleur du feu se refléter dans mes yeux grâce au gigantesque miroir au dessus de la cheminée.
Lorsque le dernier bout fut englouti par les flammes, je fermais mes yeux un instant et ressentais la chaleur du feu se coller sur mon visage. Je rouvris mes yeux quelque instant plus tard au son des tapements d'Ava à la porte. Les cendres de mon passé s'envolaient dans la nuit et une nouvelle page s'ouvrît. J'étais débarrassé du poids de ces souvenirs  douloureux, prêts à continuer le nouveau chapitre de ma vie que je venais de commencer.

Faux profils (Tome I, II & III)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant