25. Tire ou écroule toi

750 24 11
                                    

J'avais tout perdu en l'espace de quelques jours, mes amis, Connor, ma vie, et le peu de confiance restante que j'accordais aux hommes.
Remise de mes émotions, même si c'était loin d'être la joie, je pris une serviette et essuyais mes cheveux et mon mascara qui coulait sur mes joues. Je n'aurai jamais dû faire ça aussi, même si j'en avais envie. Parfois, il faut contourner ses envies, car elles peuvent nous faire sombrer plus vite qu'on ne le pense.
Je sortis de la salle de bain, avec les cheveux mouillés qui prenaient l'air, les faisant légèrement bouger. Je ne faisais que regarder le sol quand je marchais, pour me diriger vers ma chambre.
Je n'étais pas du tout d'humeur à aller manger, alors je préférais gratter mes mots sur le bout de papier de mon journal intime. Assise par terre, les genoux en l'air, je commençais mon roman et me remémorant toute la scène. Les pleurs revenaient de plus belle, car j'avais cette image de Connor ancrée en moi, qui ne voulait plus partir, son regard sur le mien, au son de la douce mélodie de l'eau contre le bac de douche. Et ses cheveux, mal coiffés et tout plats à cause de l'eau.

On mange, s'exclama la voix de mon frère en toquant à ma porte.

Je lâchais mon stylo et collais mon carnet contre moi. Je ne voulais pas que mon frère le vois, si jamais il rentrait. Voyant qu'il ne rentrait pas, je plaçais mon carnet sous mon lit et me levai pour lui ouvrir la porte. Son visage exprimait tout et n'importe quoi, mais surtout de l'intrigue. Il était comme un peu attristé de mon état, qui se voyait beaucoup sur mon visage rouge, orné par les larmes.

Je n'ai pas faim, répondis-je en ouvrant la porte juste pour y passer mon œil.

Raphaël me détaillait du regard mais ne savait pas quoi me répondre car il n'y avait rien à redire. Je n'avais pas faim, point. Il finissait par acquiescer de la tête et partit. J'en profitais pour récupérer mon journal et continuer à écrire, pendant des heures s'il le fallait.

« Cher journal, aujourd'hui fut une journée riche en émotions... Je suis à la fois malheureuse et heureuse, c'est étrange. Mon petit nuage gris était revenu pour me déverser sa pluie torrentielle et j'avais tenté le diable en embrassant Connor. Est-ce que je regrettais ? Peut-être, ou peut-être pas. Je ne savais pas. Mais, je savais une chose, c'est que j'avais apprécié de mon côté. En revanche, retomber dans une relation pleine de mensonge et de violence ce n'était pas du tout ce que j'imaginais, donc Connor n'était pas fait pour moi, si je pensais avec ma tête. Pourtant, mon cœur me disait tout autre chose, il me disait de prendre des risques, même s'il faut se l'avouer, je pense en avoir pris pas mal depuis quelques mois ! [...] »

Je m'évadais en écrivant des tonnes et des tonnes de paragraphes, oubliant les problèmes qu'il pouvait y avoir. En bas, j'entendais les gars crier, ou plutôt Connor s'énerver sur les gars.

FOUILLEZ MOI TOUTE LA MAISON ! Criait-il.

Je ne pouvais pas le voir, mais j'entendais très bien ses paroles. Il avait ordonné aux gars de fouiller toute la maison, sûrement pour rechercher celle qu'il ne coïnciderait plus comme sa mère. À première vue, ça n'avait pas l'air d'être un monstre mais les apparences étaient trompeuses. Cette femme travaillait pour Nick, en laissant son fils dans une merde monstrueuse.
Le bruit des pas des gars se faisaient entendre partout dans la maison. Le petit clic de leur arme qu'ils chargeaient résonnait également. Ces derniers temps, tout était trop dangereux, Nick s'approchait de plus en plus de nous, enfin... de moi. Il était malin et le savait, je n'étais même plus en sécurité dans ma propre maison.
Quelque chose me faisait mal à ma jambe. Évidemment, mon pansement s'était enlevé et j'avais oublié d'en remettre un. Et puis, je n'avais pas le choix d'en remettre un si je voulais que ça guérisse le plus vite possible.

Putain, dis-je en me relevant pour ouvrir la porte et repartir dans la salle de bain qui elle, n'avait plus de porte.

J'ouvris le placard au dessus du lavabo, et pris la trousse. Il était hors de question que je demande à l'un des gars, j'avais déjà attisé trop de pitié, ce que je n'aimais pas. La trousse à la main, je m'enfermais à nouveau dans ma chambre pour faire ce putain de bandage de merde. Je ne savais pas trop comment m'y prendre, mais j'avais vu les gars faire, donc j'essayais de reproduire leurs gestes.
Je désinfectais, puis plaçais le bandage autour de mon mollet. En fait, ce n'était pas si compliqué, en espérant que ça tienne. Je remballais tout le matériel, et ouvris ma porte. Cole était devant, prêt à toquer.
Il vit immédiatement mon visage de dépressive et compris qu'un truc pas net s'était passé, mais je me doutais d'avance que Connor et mon frère avaient déjà mis au courant les gars sur « Jonas ».

Faux profils (Tome I, II & III)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant