Faux profils (Tome I, II & III)

1. Connor - Dans le mal

[PS : musique triste tout le long !]

La maison semblait vide sans elle. C'était comme si une part de moi avait disparue dans l'oubli. Comme si l'on m'avait arraché la moitié de mon cœur.

Je me souviens encore de ce moment. Je n'avais jamais roulé aussi vite et j'aurai pu y passer. Mon cœur battait à mille à l'heure devant la double porte de la maison qui était entre ouverte.
Avec le bout des doigts, je faisais pression sur la porte et observais la scène lugubre devant moi. Il y avait des traces de sang par terre et ce fameux doudou qu'elle avait réussi à attraper lors de notre sortie à la fête foraine. Il était étalé au sol, couvert de sang.

La haine qui émanait en moi était tellement forte qu'elle s'était transformée en profonde tristesse. Je sombrais dans quelque chose que je n'avais jamais réellement connu auparavant et ça m'effrayait. Les sentiments m'avaient rattrapés à une vitesse fulgurante et je ne pensais pas arriver à ce stade. Je devenais impuissant face à cette situation que je n'arrivais pas encore à réaliser. J'étais dans le déni le plus total malgré les semaines qui passaient.

Je ne parlais plus, ne riais plus et le peu de mots qui sortaient de ma bouche n'exprimaient rien. Les gars commençaient à s'inquiéter de mon état. Cole qui avait toujours été présent pour moi n'arrêtait pas de me poser cette fameuse question à laquelle nous répondons tous faussement la même chose.

— Connor, est-ce que ça va ? Dit-il pour la je ne sais combientième fois.

Mes yeux rivés sur le bois de mon bureau, c'était comme si ses paroles étaient inaudibles.

— Connor je te par-

— Oui, rétorquais-je en mentant.

Il était clair que je n'allais vraiment pas bien, et pourtant, je ne trouvais rien d'autre à répondre que « oui » pour que l'on me fiche la paix.

Je pouvais rester des heures, voire la journée tout entière dans mon bureau à fixer le vide comme un débile sous les yeux de mon ami.

— Bon écoute Connor, je sais que ce n'est pas facile mais-

— Tais-toi, répondis-je sur le coup en le coupant.

Face à ces mots durs, mes yeux s'étaient fermés, je ne voulais pas me remémorer cette scène qui tournait en boucle sans arrêt, ça devenait trop problématique. J'entendais uniquement Cole souffler de désespoir, ainsi que la porte se claquer. Il venait de partir, après avoir essayé une énième fois de me raisonner.

Connor, réfléchis, réfléchis. REFLECHIS PUTAIN DE MERDE.

Mon poing tapait contre mon bureau, au point de me faire une entaille. Ça faisait des semaines que je cherchais un moindre indice, mais rien. Il n'y avait putain de rien et ça me rendait nerveux. Je passais de la tristesse à la haine en l'espace de quelques secondes, j'étais mort de l'intérieur. Ava était la seule personne qui faisait briller cette infime partie de mon cœur.