Faux profils (Tome I, II & III)

21. Embarras sans précédent

Mon coude était posé sur le bord de la vitre, et je conduisais d'une main. Le danger se rapprochait de plus en plus de nous et à un moment où un autre, la menace s'abattra.
Malgré les efforts que je faisais, la pression était toujours au même stade, voire plus forte. Ce fils de chien allait vraiment réussir à avoir ce qu'il avait toujours voulu : Ava.

— Je n'ai pas assuré, dis-je soûlé de la situation.

Je voyais dans ma vision périphérique sa tête tourner vers moi. Elle ne savait visiblement pas trop quoi répondre.

— Ce n'est pas de ta faute, répondit-elle en se tenant les bras.

— Si, c'est entièrement ma faute, rétorquais-je en me mordant la lèvre supérieure.

Je n'ai pas géré sur ce coup là, vraiment pas.

— Tu n'y es pour rien Connor, continuait mon ingrate.

— Ava, je n'ai qu'une mission depuis le début, c'est de te protéger et à chaque fois qu'on est ensemble quelque chose tourne mal ! Criais-je en enfonçant mes ongles dans le cuir noir du volant.

Je pouvais voir son corps frissonner. Elle ne voulait pas affronter la vérité en face mais c'était pourtant clair, ma présence la mettait en danger plus qu'autre chose.

— Ils ont le pouvoir sur toi, et sur moi Ava, continuais-je.

Nick savait très bien que s'il me touchait, il touchait également Ava et inversement.

— Je t'interdis de dire ça, poursuivait Ava en haussant le ton.

— Tu sais aussi bien que moi que c'est vrai putain ! Hurlais-je.

— Oui, et alors ? Tu crois que parce que Nick a un avantage on doit abandonner ?! Braillait-elle en faisant de grands gestes

— Qui t'a parlé d'abandonner ? Je dis juste qu'on est deux fois plus vulnérables, reprenais-je.

Elle soufflait et se laissait tomber dans le fond de son siège. La vérité est dure à entendre, elle faisait mal mais il fallait l'accepter et vivre avec. Je n'étais plus cet homme fort et puissant comme auparavant, j'étais celui à qui la vie avait apporté une femme, à qui la vie allait sûrement lui jouer des tours. Mais cette femme en valait la peine.

— On va éviter toutes sorties qui pourraient nous mettre en danger, finissais-je en me raclant la gorge.

Ava se relevait subitement de son siège pour me regarder avec des grands yeux verts.

— Je suis ta prisonnière maintenant ? Criait-elle la bouche grande ouverte.

— Non Ava, c'est le mieux à faire c'est tout, répondis-je.

— Donc tu penses que le mieux à faire c'est de m'enfermer dans une putain de maison ?! Hurlait Ava de toutes ses forces.

— Je ne le pense pas, j'en suis sûr et certain, m'exclamais-je en me raclant la gorge.

La priver de toute sortie n'était pas mon but. Ce n'était pas ce que je voulais, loin de là, mais c'était devenu une grosse nécessité.
Elle soufflait ironiquement à côté de moi, je venais de la dégoûter. J'essayais d'ignorer ses mimiques qui reflétaient son mécontentement et je me concentrais sur la route sinueuse. J'avais fait exprès d'emprunter une autre route moins connue pour ne pas que l'on se fasse suivre bêtement.
Le soleil qui commençait à se cacher inondait la route désertique. L'itinéraire s'étendait devant comme une ligne infinie que se perdait à l'horizon. La couleur marron de la terre bordait la route d'un côté, tandis que de l'autre, des rochers parfaitement sculptés surgissaient du sol.
Ava s'était mise à regarder par la fenêtre, perdue dans ses pensées, les cheveux balayés par le vent brûlant. Il ne restait qu'une dizaines de minutes avant notre arrivée.