Faux profils (Tome I, II & III)

3. Jalousie maladive

7h.

J'avais passé une bonne soirée avec les gars, ça me faisait penser à autre chose qu'elle. D'un côté, je voulais écouter le conseil de Cole et prendre mes distances avec Ava, mais de l'autre, j'avais juste envie de la coller jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus respirer. Je la voulais que pour moi, mais elle en avait décidé autrement, et ça me confortait encore plus dans l'idée que je n'allais pas abandonner et que j'étais déterminé à la récupérer.
J'étais adossé sur l'îlot central, en train de manger un croissant tandis que les autres gars étaient autour de la table, avec des petits yeux. Ils étaient explosés, et pourtant, j'avais bu beaucoup plus qu'eux hier soir.

— Programme de la journée, Connor ? Me demanda Raphaël en buvant son café.

Je m'avançais vers eux avec un verre à la main.

— Faites ce que vous voulez, je ne serais pas là ce matin, annonçais-je.

— Ah oui, c'est vrai, dit Gabriel.

Oui, je devais aller chercher les médicaments pour mon ingrate. Je regardais l'heure sur ma montre, il était presque 7h30 et la pharmacie ouvrait à 8h.

J'allais évidemment me pointer à l'ouverture.

Étant donné que personne faisait la vaisselle dans cette maison, ni moi d'ailleurs et qu'Ava n'était pas dans son état, je pris mon verre et le mis dans le lave-vaisselle. Les gars me regardaient avec des gros yeux. C'était un exploit, Ava n'arrêtait pas de m'engueuler à cause de ça avant, quand je mettais tout dans l'évier.

Une fois cela fait, je partis en direction de ma chambre pour enfiler un t-shirt et prendre une clé de voiture au hasard. Le garage était aussi rempli que dans l'ancienne villa, et puis j'avais aussi appelé une compagnie de bateau pour faire envoyer toutes mes voitures à Las Vegas. Je venais de piocher la clé de la voiture dans laquelle Ava et moi avions pris la fuite. Tant de souvenirs...

J'avançais en direction du garage et appuyais sur le bouton pour ouvrir la voiture. Je me glissais à l'intérieur et observais le siège passager qui était vide. Mais, je me remémorais des souvenirs avec elle collée à son siège à cause de la vitesse, ses ongles s'étaient enfoncés dans le cuir noir et il restait encore des traces. Mes doigts passaient dessus et mon regard s'attristait. Bordel, qu'est-ce que j'aimais quand elle était au près de moi.
Je n'avais pas le temps de rêvasser et de m'apitoyer sur mon sort, je démarrais la voiture et sortis en ville. Avec une voiture pareille... j'étais loin de passer inaperçu mais j'aimais ça, j'aimais être au centre de l'attention.

J'étais enfin arrivé, je venais de garer la voiture devant et je sortais. Un groupe de fille passait devant moi en me détaillant du visage et en me souriant. C'étaient des gamines, elles avaient à peine 20 ans, pas plus, ça me dégoûtait. Même ma Ava qui en avait 23 était sûrement plus mature. Je les ignorais et entrais dans la pharmacie, la dame qui était derrière le comptoir ressemblait étrangement à mon ingrate, elle était brune, ses cheveux légèrement bouclés étaient attachés et frôlaient son cou. Son regard était perçant et ses yeux verts, magnifiques.

— Monsieur, je peux vous aider ? Me demanda-t-elle.

J'étais absorbé par tant de ressemblance alors je ne répondais pas, j'étais dans ma bulle et même si ce n'était pas mon ingrate j'avais envie d'embrasser cette femme pour me donner espoir. Bordel, Connor ressaisis toi tu dis de la merde.
Mon visage se débloqua et je sortais de mes pensées en m'avançant vers la femme.

— Heu- Excusez-moi, je peux vous demander votre nom ? M'exclamais-je.

La femme fronçait les sourcils, et ne comprenait rien.