L'ombre Du Passé [Trafalgar Law x Oc]

65_ La pommade de Bepo

Les yeux machinalement posés sur l'armoire devant elle, à mesure qu'elle se plongeait quelques mois plus tôt, elle reprit :

- Disons que je suis tombée par hasard sur vous. Je comptais passer mon chemin lorsque Bepo s'est fait volé ses provisions. Mais quand j'ai vu sa tête dépité lorsque tu lui as dis que ce serait retiré de se part du butin, je n'ai pas pu m'empêcher de vouloir lui venir en aide...

- Attend, c'est depuis ce jour que tu m'as pris pour un radin !? s'indigna-t-il.

Elle écarquilla ses yeux en le regardant avant de pouffer :

- Oui totalement, ce n'est pas le cas ?

Trafalgar fronça ses sourcils agacé :

- Je ne comptais pas lui retirer de sa paie ! Franchement je rêve, tout ça pour ça. râla-t-il en repensant à la remarque qu'elle lui avait faite devant le vendeur de l'île de Krou.

- Navrée très chère, mais tu étais très crédible, Bepo t'avait visiblement pris au sérieux alors moi aussi. se justifia-t-elle avec son sourire moqueur.

- Bepo est crédule. Pourtant il me connait, je n'aurai pas fait ça. Pas à lui tout du moins...

Elle arqua un sourcil :

- Qui d'autre n'aurait pas eu droit a ce traitement de faveur ?

Il lui lança un regard appuyé qu'elle ne mit pas longtemps à saisir puisqu'elle reprit son sérieux avant d'hocher la tête en détournant le regard :

- T'as bien raison.

Étonnement lorsqu'il était question des deux frères, Éleysia semblait moins avenante qu'avant...

Elle parvint à arracher un sourire moqueur à Trafalgar qui croisa ses bras avant de se reculer pour s'adosser à la paroi du Polar après s'être déchaussé.

La jeune femme l'imita. Elle était surprise qu'il prenne ses aises, ce n'était pas dans ses habitudes, elle le trouvait presque agréable ce soir. D'autre part c'était l'une des rares fois où il n'étudiait pas. La blonde se demandait bien pourquoi mais n'osa pas poser la question tout haut, de peur qu'il ne prenne ça pour une formulation détournée de lui dire de s'en aller.

À vrai dire, elle appréciait sa compagnie lorsqu'il ne se comportait pas de manière froide ou bien juste grognon.

- Ensuite ? questionna-t-il en gardant ses pupilles argentées sur elle.

La demoiselle dévia son regard devant elle à nouveau :

- Mmh ensuite... Eh bien j'ai rattrapé le gosse qui vous avait volé et j'ai donné un coup de main à Bepo qui avait failli renverser les sacs.

Le noiraud laissa échapper un léger soupir.

- Puis je suis arrivé et tu es partie n'est ce pas ?

- Oui. "Pourquoi ?" le devança-t-elle en commençant à le connaître. Parce que je ne comptais pas vraiment me faire remarquer.

Il fronça ses sourcils pour la énième fois :

- Si c'était le cas tu n'aurais pas pris le risque d'aider mon équipage lorsque la marine s'en est prise à eux en mon absence.

Elle soupira :

- Je ne sais pas pourquoi je suis restée après ça. J'avoue que j'aurais du partir après avoir battu la marine, ainsi tu ne m'aurais probablement jamais vu. Mais je ne sais pas, peut-être par curiosité ou prudence, je suis restée.

- Curiosité ?

Éleysia fixa son regard sur Trafalgar lassée :

- Je vais t'appeler inspecteur.

Il ricana sans pour autant contester.

Elle roula des yeux avant de lui donner sa réponse, gardant ses prunelles ancrées dans les siennes :

- J'étais curieuse de voir ce que tu étais devenu.

- ...

- Oui, on en revient toujours à la même question.

- Vais-je avoir le droit à une réponse cette fois ?

Law ne savait pas pourquoi mais à chaque fois que le sujet revenait sur le tapis, son rythme cardiaque s'accélérait. Il espérait vraiment connaitre la réponse, il voulait savoir. Il avait cette sensation que c'était quelque chose d'important, un moment dans sa vie qui lui tenait à cœur de se rappeler.

Éleysia soutenait son regard en silence, pesant peut-être le pour et le contre. Elle semblait troublée.

Leurs visages n'étaient pas bien loin l'un de l'autre. Lire d'aussi près la détermination dans ses yeux la fit frissonner.

Mais évidemment elle tourna le regard :

- Non je regrette.

Il souffla du nez en levant sa tête vers le plafond avant de fermer ses yeux puis passer une main sur son visage.

Il y avait cru. Encore.

Il avait espéré.

Mais non, toujours pas. Elle ne voulait pas le lui révéler.

Pourquoi ne se souvenait-il pas de son visage ? Qu'avait-il oublié bon sang !?

Il savait qu'il se rapprochait un peu plus de la vérité, qu'il ne manquait pas grand chose pour qu'elle ne crache le morceau.

- Bon. J'étais venu pour ça à la base.

De sa main libre il leva un petit pot devant lui puis baissa à nouveau ses iris vers la jeune femme qui fixait le pot nullement étiquetté.

Il l'éclaira bien vite :

- C'est la pommade. Je voulais m'occuper de tes blessures moi même tout à l'heure, mais je n'ai pas pu. Alors laisse moi voir ça maintenant.

En silence elle le jaugea du regard sans bouger.

Ce n'était pas une bonne idée elle le savait. Mieux vaut refuser gentiment maintenant que de patauger plus tard en sachant qu'il était borné.

- Inutile de t'embêter avec ça, ce ne sont que des hématomes, je peux étaler la pommade toute seule.

- J'insiste.

Eh merde. Il allait clairement pas lâcher l'affaire ça se voyait dans ses yeux.

Si elle persévérait à le repousser cela paraîtrait d'autant plus louche.

- Comme tu veux. soupira-t-elle finalement.

Il vint s'asseoir en tailleur face à elle tandis qu'elle fit de même.

La demoiselle suivit ses gestes lorsqu'il fit tourner le couvercle avec soin avant de le poser à ses côtés, sur les draps beiges.

Avant qu'il n'ait à le lui demander, elle tendit ses avants bras dans sa direction.

Rapidement il les examina du regard pour constater que c'était effectivement en bonne voix de guérison.

Du bout des doigts il attrapa un peu de pommade, posant le pot entre eux.

Suite à quoi son autre main chaude se glissa derrière le bras droit d'Éleysia, le plus amoché, pour le maintenir doucement tandis que son ses doigts venait y appliquer la crème avec précaution.

La jeune femme fut surprise par la douceur du pirate, il était appliqué à la tâche, ses sourcils étaient toujours froncés et il ne semblait pas vraiment s'en rendre compte. Sûrement était-ce l'habitude lorsqu'il se concentrait.

Il massa la peau lisse et bleutée de la demoiselle en silence afin de fluidifier la circulation du sang mais également dans le but que la pommade imprègne bien les pores de sa peau.

Il s'attarda quelques minutes sur chacun de ses bras avant de relever ses yeux gris vers celle qui le fixait avec attention.

- Autre part ?