CHAPITRE 05 :

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LOLITA.

La solitude.

Elle nous pousse à croire qu'on est finalement condamnée à souffrir, alors qu'on est seul à s'enfermer dans cette prison.

On se contraint à regarder le monde se détruire devant nos yeux, en continuant à penser qu'on est seul face à nos démons...La réalité est si violente, qu'on ne pourrait pas croire qu'on est de ceux qui nourrissent nos propres démons afin qu'ils nous tiennent de leurs chaînes.

Si j'avais arrêté de ressasser cette après midi d'hiver, où mon père avait décidé de m'offrir quelque heures de son temps libre pour que je puisse lui raconter à quel point je m'ennuyais de lui. Si j'avais réussi à faire taire les coups de feu réussi à fermer les yeux sur les trois trous qui perçaient son ventre. Si seulement le lâche qui a tué mon père aurait tiré six centimètres plus haut sur mon cœur.

Je n'aurais pas eu à endurer cette solitude.

Mon regard se perd sur Caleb qui pianote sur le clavier de son ordinateur depuis des heures, son expression est stoïque, indéniablement concentrée.

J'ignore ce qu'il doit faire exactement, en réalité, j'évite de me poser des questions dont je ne veux pas avoir les réponses. Je peux entendre le ciel gronder au dessus de nos têtes, la pluie s'abat violemment contre les murs de cette prison. J'ai l'impression d'être enfermée ici depuis des jours, l'attente est insupportable. Un mélange de peur et d'angoisse me torture le ventre. Je me surprends encore à espérer que toute cette histoire ne soit qu'un malentendu.

Les murs se referment sur moi, je le sens. Ils m'étouffent et les battements saccadés de mon cœur sont la preuve qu'une nouvelle crise d'angoisse va rapidement reprendre l'ascendant sur moi.

Je baisse les yeux sur mes cuisses frêles et humides, tentant désespérément de contrôler ma respiration sifflante. J'ai besoin d'abattre mes poings contre mes cuisses jusqu'à ce que la douleur me fasse oublier à quel point je suis endommagée mais les chaînes m'empêchent tout mouvement.

L'idée d'affronter Diego à nouveau m'angoisse, ma respiration s'accentue rien qu'à cette pensée.
Et si je n'étais pas assez forte pour affronter un démon comme lui ?

Je suis terrorisée à l'idée de me dire qu'il peut être la cause
de ma perte. Qu'avec un seul mot il peut me réduire en poussière. Et alors que je pensais que ma crise d'angoisse avait atteint son paroxysme. La porte s'ouvre sous un crissement sourd qui me fait sursauter.

Je consulte Caleb du regard qui jette un œil à la porte qui se referme progressivement, une faible lumière illumine légèrement la cellule avant de totalement disparaître.

— Comment se porte le Minimoys ? Interroge une voix grave.

Caleb ne répond pas à cette question rhétorique, la seconde qui suit j'aperçois un visage inconnue qui vient se planter devant moi, quelque mètres nous séparent encore mais je peux facilement discerner ses cheveux blonds qui paraissent presque brun à cause de l'obscurité. Il m'observe, un sourire narquois scotché sur ses lèvres tandis que je tire sur les chaînes pour lui montrer à quel point je me porte merveilleusement bien.

— Caleb, est ce que c'est des manières de traiter des invités ? Détache la, tu veux ?

Caleb lève les yeux au ciel avant de refermer son ordinateur, il se lève et s'approche de moi, les clés de ma liberté en mains.

Je soupire de soulagement lorsque j'entends la clé tourner dans le mécanisme des menottes.

Lorsque mes mains se libèrent j'analyse mes poignées meurtris, mon épiderme marqué vire au violet. Je déglutis, les deux hommes se sont éloignés pour discuter, je n'entends pas grand-chose si ce n'est mon cœur s'abattre sauvagement contre ma cage thoracique. Ma paume sur le mur m'aide à me redresser, je tremble, mes membres affaiblis peinent à me soutenir.

— Se sont les ordres, Caleb. Allez, il faut y aller.

LolitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant