DIEGOLes mois ont passé, aussi lentement qu'une effroyable torture qui semble demeurer pour toujours.
La douleur s'ancre au plus profond de moi, sous ma chair, laissant des cicatrices que même les tatouages ne peuvent dissimuler.
Et je me demande quand est-ce que ça va s'arrêter ?
Parce que le temps passe mais la douleur persiste, elle s'accroît de jour en jour, comme une entaille profonde qui refuse de guérir, ou que je refuse de panser.
Comme une maladie incurable, je suffoque en son absence, et il n'y a pas de remède à cette putain de souffrance.
Il n'y a pas de remède contre l'amour.
Ni de retour en arrière sur ce disque de nos souvenirs, où elle me promettait que ce serait pour toujours.
Elle apparaît parfois, dans les méandres de mes cauchemars pour y laisser un rêve qui apaisera les ténèbres qui m'engloutissent.
Un lendemain sans lumière, Lolita était comme la flamme qui me guidait à travers le noir.
Aujourd'hui je ne vois plus sans elle.
J'amène mon verre de cognac à mes lèvres, le liquide amer brûle ma gorge, mais ce n'est pas assez pour estomper le sentiment qu'elle a laissé derrière elle. Chacune des gorgées me rappelle ce que j'essaie d'oublier.
Je suis condamnée à oublier la femme que j'aime.
Mon regard scrute l'horizon à travers la fenêtre de mon bureau, je contemple l'empire que j'ai créé, et qui s'est étendu considérablement durant ces quatre derniers mois. J'ai laissé Trevas déteindre sur mon âme, telle une force obscure qui consume tout sur son passage.
Aujourd'hui je possède tout ce dont j'ai toujours rêvé ; la puissance, la richesse, le pouvoir.
Mais il me manque une chose qui m'obsède bien plus encore que le pouvoir.
C'est ma Lolita.
Trois cognements retentissent contre la porte, m'extirpant de mes pensées. J'articule un "oui" sec et mon regard se pose sur Caleb qui pénètre à l'intérieur avant de s'asseoir sur le fauteuil face à mon bureau.
Je le regarde, étaler plusieurs feuilles sur mon bureau dans un silence de mort.
Caleb est le plus efficace de mes hommes, et l'un de mes préférés. Je crois que c'est son silence que je préfère le plus. Il parle seulement lorsque c'est nécessaire, et contrairement à Carlos, Caleb n'a pas cherché à me faire la morale sur l'amour et toutes les merdes que ça provoque durant ces quatre derniers mois.
— D'après les nouvelles, une organisation russe serait arrivée au Mexique. Commence t'il d'un ton professionnel, ils se feraient appeler Skrytnyye Teni, Les ombres furtives. Tout ce que je sais, c'est que cette organisation a dans le viseur les cartels les plus puissants, dont le tiens. Et les seuls noms que j'ai réussi à trouver c'est Guzman Garcia et Katherina Koslov, j'ai mis des hommes sur le coup pour les rechercher, mais on devrait rester sur nos gardes.
Je passe ma main sur ma mâchoire en m'accoudant contre le bois de mon bureau. Ce n'est pas la première fois qu'on essaie de me la mettre à l'envers depuis que j'ai atteint le sommet, à vrai dire, je collectionne les ennemis, plus que jamais. Mais aucun d'entre eux ne fait le poids face à moi.
— Bien, et qu'est ce que tu peux me dire d'autres sur eux ? L'interrogé-je.
— Guzman Garcia est originaire du Mexique, il est parti il y a quelques années pour la Russie, mais il y a de grandes chances que ce soit un faux nom.
Son doigt désigne les feuilles posées sur le bureau qui reflètent les informations qu'il est en train d'énumérer.
— Et la russe ?
— Katherina Koslov, sœur de Alexei Koslov, il s'est fait tué dans un règlement de compte ici, au Mexique, l'année dernière. Son nom te dit quelque chose ?
Je réfléchis un instant, ce nom ne me dit absolument rien, alors je finis par secouer la tête.
— Je ne pense pas qu'il y ait un rapport avec cette histoire. Déclaré-je avant de coincer une cigarette entre mes lèvres.
— Aucune piste n'est à épargner. A part ça, Katherina semble à première vue être une fille banale, elle est diplômée en école d'infirmière et a servi à l'armée en tant qu'infirmière de guerre.
— Mets des hommes sur le coup, je veux les avoir à l'œil. Je ne veux prendre aucun risque.
Caleb acquiesce d'un simple hochement de tête avant de se lever, il se dirige vers la sortie mais alors qu'il s'apprête à sortir je l'interpelle :
— Caleb ?
Il se tourne pour river de nouveau son regard sur moi :
— Oui, patron ?
Je souffle la fumée contenue dans mes poumons avant de l'interroger :
— Rien de nouveau ? Je veux dire...Sur elle ?
Caleb plisse les lèvres dans un sourire désolé avant de rétorquer :
— Non, rien de nouveau. Nous la cherchons sans relâche. Je suis sûr que ça finira par payer.
J'opine d'un geste de la tête. Je ne peux dissimuler ma déception quand j'entends la même réponse que ces 120 jours. Lolita ne quitte plus mon esprit, son image dans ma tête frôle l'obsession. J'imagine sans arrêt ce qu'elle pourrait être en train de faire à chaque instant. Je me demande si elle pense à moi, si elle me hait toujours aussi profondément. J'espère chaque jour la voir passer cette porte, l'entendre me dire qu'elle me pardonne. Sentir ses lèvres douces caresser chaque parcelle de ma peau et la sentir guérir mes blessures intérieures.
Caleb quitte la pièce, je m'assois sur mon fauteuil et mon regard se pose instantanément sur la photo d'elle et moi sur ce yacht, les souvenirs de cette soirée me reviennent en mémoire, et aussitôt un sourire nostalgique illumine mon visage.
Ses yeux verts brillent sous la lumière du flash, son sourire paraissait si sincère que j'avais l'impression d'être quelqu'un d'autre qu'un monstre. Mon sourire aussi était vrai, elle seule parvenait à me faire rire comme un gamin.
Je l'aime...Comme un fou.
Une chose est sûre, hermosa, peut être pas aujourd'hui, peut être pas demain.
Mais je te fais la promesse que je te retrouverais.

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Lolita
RomanceSa plus grande erreur : Être la fille du chef de cartel le plus puissant du Mexique. Après une série d'évènements tragiques qui ont bouleversé sa vie, Lolita n'aspire qu'à avoir une seconde chance dans l'espoir de retrouver une vie normale. Mais e...