LOLITAPapa m'a toujours appris que derrière chaque erreur se cache une leçon. Que le plus important, c'est ce qui se trouve au bout de chaque chemin, pas le chemin en lui-même. Aujourd'hui j'espère que mes erreurs feront de moi une femme plus forte, courageuse et infaillible. Mais j'espère aussi que mon coeur ne cessera jamais d'être blanc, peu importe le nombres de fois qu'on a essayé de le rendre noir.
Je relis la lettre de mon père pour la énième fois, le feu de la cheminée crépite en bruit de fond. Je trouve le réconfort qu'à travers l'encre qui grise ce bout de papier. Je crois qu'il était la seule personne à m'avoir réellement aimé.
Trois cognements sourds retentissent contre la porte d'entrée, j'avoue que depuis que Guzman m'a surpris à ce gala j'ai peur qu'il ait compris que je me tenais du côté de Diego et que je sais ce qu'il fait vraiment de son temps libre.
Et si il venait pour me tuer ?
Je déglutis difficilement face à cette idée. Je me redresse et marche jusqu'à la pointe des pieds pour coller mon oreille contre la porte.
— C'est moi, Lolita...Murmure cette voix qui a le don de faire vibrer mon cœur plus qu'aucune autre.
Je ferme les yeux une seconde en collant mon front contre le bois froid, mon prénom dans sa bouche sonne comme si j'étais la seule femme sur cette terre qui n'ait jamais compté. Les jours où j'étais le centre de son univers me manquent, jusqu'à ce que je me rappelle que rien de tout ça n'était réel.
Mais qu'est ce qui l'était ?
— Diego...pars, s'il te plaît. Marmonné-je d'une voix presque inaudible.
— Laisse-moi te voir, rien qu'une seconde.
Je peux entendre dans sa voix que quelque chose ne va pas, et aussitôt je sens une boule se former dans mon ventre. C'est comme si nous étions liés, que nos deux âmes étaient soudées par un lien invisible, mais qui rappelle constamment à nos corps que nous ne sommes rien l'un sans l'autre.
Ma main tourne la clé dans la serrure avant d'ouvrir la porte, quand mon regard plonge dans le sien, c'est comme si du soulagement passait sur ses traits. Mais lorsque je plonge dans ses yeux c'est comme si j'étais en train de me noyer.
Je ne craquerais pas, je me l'interdis.
— Merci. Prononce t'il d'une voix tellement basse qu'elle provoque un long frisson le long de mon échine.
— Est ce que tu es soûl ? Lui demandé-je en cherchant une trace d'ivresse sur sa personne.
— Non, je n'ai pas bu. Est-ce que je peux entrer ?
J'acquiesce d'un hochement de tête avant d'ouvrir plus grand la porte pour le laisser entrer. Son regard se balade sur le salon, et un léger sourire étire ses lèvres. Il reporte son attention sur moi avant de prononcer :
— C'est joli, ça te ressemble.
— Merci...
Je plonge mes mains dans les poches arrière de mon pantalon de jogging en prenant une profonde inspiration, quand il est là...quand je suis près de lui, j'ai si peur de faire tomber les barrières que j'ai érigé pour me protéger de lui. Parce qu'au fond je sais qu'il est capable, en un seul regard, de me faire oublier les quatre derniers mois de souffrance que j'ai vécu à cause de lui.
— Je suis venu te prévenir que j'ai mis des hommes autour de chez toi, au cas où.
Nous nous échangeons un regard lorsqu'il m'annonce la nouvelle, lui comme moi savons qu'il n'est absolument pas venu pour ça.
— Tu n'as plus à faire ça maintenant.
— Maintenant que quoi ? On est encore marié, donc je peux encore protéger ma femme. Rétorque t'il sur la défensive.
— Ne dis pas ça, ton papier ne valait rien. Je n'ai jamais été ta femme.
Mon ton est tranchant, emplit de haine, quand je me rappelle le jour où il m'a forcé à signer ce papier qui nous unissait, avant de m'échanger à mon frère comme si j'étais un objet.
Il soupire avant d'opiner d'un hochement de tête, il me donne raison sans chercher à débattre contre moi, et je vois bien qu'il est en train de prendre sur lui actuellement.
— Pour moi tu seras toujours ma femme.
Sa voix est à peine audible, c'est comme si il se parlait à lui même. Il a l'air si vulnérable, là tout de suite. C'est dans ces moments-là que je revois l'ombre du garçon qu'il était autrefois, malgré tout ce qui s'est passé, je crois toujours qu'il n'a pas toujours été mauvais.
Il était seulement un enfant qui a tout perdu trop vite.
Je fais un pas vers lui, il le remarque et pose alors ses yeux sur moi. L'atmosphère est morose et froide, contrastant avec la chaleur qui s'étend dans tout mon corps. J'ignore si c'est le simple fait de sa présence qui me met dans cet état là, où si c'est juste que je le déteste au plus haut point.
Je n'ai pas le droit de craquer, lui pardonner si facilement m'est totalement inconcevable.
— Je te déteste, tu le sais ? Je prononce d'une voix basse alors que seulement un mètre nous sépare à présent.
— Tant que tu ressens quelque chose pour moi...ça me va.
Je frissonne quand ses doigts plongent dans mes cheveux, ma respiration devient saccadée, son regard me transmet toute sa possessivité et tout le désir qu'il éprouve en ce moment même. Sa voix douce se déverse sur moi :
— J'ai tellement envie de t'embrasser.
Je déglutis difficilement avant d'approcher lentement mon visage du sien, ma main se pose sur sa joue et je dois me mettre sur la pointe des pieds pour atteindre son visage. La cadence à laquelle bat mon cœur est dangereuse, j'ai l'impression que je peux m'évanouir à tout moment tellement les émotions se bousculent dans mon esprit.
Moi aussi, j'ai vraiment envie de t'embrasser, Trevas.
Nos lèvres s'effleurent, et je sens une chaleur irradier de mon ventre à mes cuisses, sa poigne sur mes cheveux se resserre, m'arrachant un léger gémissement. Mais avant que nos lèvres ne se scellent dans un baiser, je détourne le visage jusqu'à ce que mes lèvres se retrouvent proche de son oreille.
— Désolé, j'ai quelque chose dans le four. Je chuchote d'un ton arrogant.
Sa poigne dans mes cheveux ne s'est pas relâchée, mais à présent nous nous regardons droit dans les yeux, Diego passe sa langue sur ses lèvres qui s'étirent dans un sourire narquois.
— Tu veux jouer à la folle avec moi ? Articule t'il en approchant mon visage du sien.
— Je croyais que tu aimais les paris ?
Un ricanement nerveux lui échappe, il mord l'intérieur de sa joue avant de me relâcher.
Je lui lance un dernier regard avant de m'éloigner dans la cuisine, parce que j'ai vraiment quelque chose dans le four.
Lorsque je sors le plat tout chaud de lasagnes du four, l'ombre imposante de Diego apparaît dans l'embrasure de la porte.
— Elles n'auraient pas cramé si tu m'avais simplement embrassé. Lâche t'il d'un air rieur en désignant mes lasagnes.
— Elles ne sont pas cramées, elles sont dorées. Le contredis-je en retirant mes gants.
— Humm, raille t'il, dommage que je ne puisse pas y goûter.
Je lui tourne le dos pour dissimuler le sourire qui étire mes lèvres. Quel forceur...
La sonnerie de son téléphone brise le silence, sa voix résonne lorsqu'il décroche :
— Ouais ? Je suis occupé là.
Je me tourne face à lui, les mains posées contre l'évier. Soudain, son expression change, faisant transparaître de l'inquiétude.
— J'arrive. Prononce t'il avant de raccrocher. Je dois y aller, verrouille bien à clé derrière moi.
J'acquiesce d'un hochement de tête en le regardant s'éloigner.

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Lolita
RomanceSa plus grande erreur : Être la fille du chef de cartel le plus puissant du Mexique. Après une série d'évènements tragiques qui ont bouleversé sa vie, Lolita n'aspire qu'à avoir une seconde chance dans l'espoir de retrouver une vie normale. Mais e...