Lolita

CHAPITRE 63

DIEGO

Flashback, 12 ans auparavant.

Federico et moi fixions le firmament étoilé du haut du toit des Sanchez. Une brise fraîche soufflait sur nos visages, faisant voler nos cheveux bruns. On se retrouvait là pour fumer en cachette et discuter jusqu'à des heures tardives. Parfois, on passait la nuit ici, jusqu'à ce que le soleil se lève.

— Tu crois qu'on sera heureux comme ça ? m'a demandé Federico en tirant une nouvelle taffe de sa cigarette.

Je fixais l'horizon, qui se définissait dans une sorte de long tunnel sombre et interminable.

— J'en sais rien, on sera puissant et riche. Qu'est ce que tu veux d'autres ?

— De l'amour, de la morale. On aura des morts sur la conscience, on pourra pas fonder de famille, ni peut être même se marier.

Federico était faible, il avait peur même si il tentait de le cacher à Pablo. Mais Pablo le voyait bien, Federico n'était pas encore prêt. Même si je n'étais pas d'accord avec sa façon de penser, je crois que je comprenais ce qu'il ressentait.

Il avait tout à perdre, c'était un bon élève, qui avait un avenir. Il aspirait à devenir autre chose qu'un monstre, comme il aimait si bien le dire.

Moi, je n'avais rien à perdre. Sans Pablo j'aurais vécu à la rue, et la rue ne quitte pas celui qui a tout perdu.

Pablo me disait que j'avais un pouvoir, et que je devrais m'en servir si je ne voulais pas sombrer encore plus.

Soudain, une petite voix retentit. Je reconnus instantanément la voix de Lolita, malgré son jeune âge, elle était déjà très maligne. Federico fronça les sourcils, se demandant sûrement ce qu'elle faisait debout à une heure si tardive. Ses deux yeux émeraudes nous scrutaient intensément, jonglant de Federico à moi.

— Salut les garçons, vous faites quoi ?

— Je te retourne la question. rétorqua Federico.

Je tournais la tête pour écraser le mégot de ma cigarette contre une tuile.

— J'ai peur, Diego, tu peux venir dans ma chambre et vérifier si il y a des monstres ?

Un sourire amusé incurvait mes lèvres, elle savait ce qu'elle faisait.

— Je vais venir. dit alors Federico.

— Non, je préfère Diego, il sait mieux se battre.

Je me retenais de rire alors qu'il leva les yeux au ciel, désespéré. Lolita s'amusait à faire l'arbitre lors de nos entraînements de boxe, ces réactions lorsque je mettais son frère KO étaient à mourir de rire.

— Va te coucher, si il y a un monstre t'auras qu'à crier. Je suis sûr que Diego le super héros viendra te sauver, j'en doute pas une seconde.

— D'accord...

Elle serra fort sa peluche contre elle avant de s'en aller, déçue.

— Elle est amoureuse de toi. lança Federico avec une pointe d'amusement dans la voix.

Je ricanais. Cette gamine avait 9 ans, elle pouvait toujours courir. Une fois je lui ai promis qu'on se marierait quand elle sera plus grande, uniquement pour qu'elle me lâche les baskets.

— Trop jeune pour moi. prononçais-je.

— Même si elle avait notre âge, t'aurais pas intérêt à la toucher, c'est ma sœur quand même.

— Il y a des milliards de femmes sur terre, c'est pas ta sœur de 9 ans qui va m'intéresser. rétorquais-je sans dissimuler mon amusement.

***