CHAPITRE 65

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                                  LOLITA


C'est comme si je n'avais plus assez d'air dans mes poumons. Je déglutis difficilement en comprenant où j'ai mis les pieds. Guzman, lui, me regarde d'un air désolé avant de sortir quelque chose de sa poche dans laquelle il avait plongé sa main depuis le début de notre conversation.

— Je suis sincèrement désolé. prononce t'il avant de plaquer un tissu sur ma bouche.

Un cri étouffé m'échappe alors que je tente d'appeler à l'aide. Il n'y a plus personne dans la rue, et le moteur d'un véhicule vient aussitôt recouvrir mes cris.

La dernière chose que j'aperçois, se sont ces hommes qui sortent de cette camionnette blanche, soulèvent mon corps.

Et c'est le trou noir.

***

Lorsque j'ouvre les yeux, les derniers évènements me reviennent en mémoire de plein fouet. Mon regard analyse la cellule humide  dans laquelle je me trouve, et un vent de panique m'envahit en imaginant que je suis peut-être en Russie à l'heure qu'il est.

Je tire sur les menottes qui lient mes poignets à une rambarde en fer, ma respiration s'emballe quand je réalise que j'ai vraiment merdé cette fois.

Le soleil s'est levé, et la lumière s'insinue à travers les barreaux de la minuscule fenêtre. A l'heure qu'il est, Diego doit déjà avoir remarqué mon absence. Ce n'est plus qu'une question de temps pour qu'il me retrouve, et qu'il répare mon erreur.

J'ai l'impression que la boucle se répète, je commence à croire que je n'ai toujours été qu'un fardeau pour lui.

Lorsqu'il m'a appris la mort de Federico, j'ai vu dans ses yeux qu'il était prêt à être mon pilier, et à la façon dont ses bras me soutenaient pour que je ne tombe pas dans le vide.

Plus le temps passe, plus il arrive à me faire oublier toute la rancune que j'ai pu éprouver pour lui. Je commence à croire que son intention n'a jamais été de me faire du mal, comme j'ai pu le croire.

Soudain, le crissement d'une porte attire mon attention. Je relève la tête et tombe sur Katherina, toujours accompagnée par ces deux chiens de garde. Celui qui m'a ouvert le crâne me lance un sourire narquois.

— Je t'avais bien dit qu'on se reverrait. articule sa voix aiguë.

— Pourquoi tu as besoin d'être accompagnée pour me parler ? je lui demande en désignant du regard les deux hommes prostrés à ses côtés.

— Ils ne sont pas là pour m'accompagner, rétorque-t-elle, ils sont là pour toi.

— Qu'ils viennent, j'ai vraiment besoin de compagnie.

Mon ton insolent sert à dissimuler la panique au fond de ma voix. Va t'elle leur ordonner de me violer ? J'ai espoir qu'en tant que femme elle ne serait pas capable de faire une telle chose, pourtant, dans ses yeux je vois à quel point Katherina peut être cruelle.

— Si tu insistes.

L'homme au sourire narquois déverrouille la cellule avant d'entrer à l'intérieur, sous le regard satisfait de Katherina. Sans crier gare, son poing s'abat violemment contre mon visage. Une seule fois, ce qui suffit à me faire cracher du sang contre la paille humide qui jonche le sol de la cellule.

Sonnée, j'essaie de garder la face malgré les picotements sur ma joue droite. Le goût métallique sur ma langue est vraiment insupportable.

— Comme je te l'ai dit lors de notre dernière rencontre, tu es désormais  une monnaie d'échange. Si Diego veut te revoir vivante, il a plutôt intérêt à me donner ce que je veux.

LolitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant