CHAPITRE 37 :

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DIEGO


C'est la quinte de toux de Lolita qui me sort du sommeil profond dans lequel j'étais plongé.

Il fait une chaleur insupportable dans la pièce, et je sens aussi mes poumons être dérangés par une gêne étrange.

Sa tête est posée sur mon torse et ses petites mains s'enroulent autour de ma taille. J'entends sa respiration saccadée devenir sifflante, inquiet, je secoue doucement son épaule pour la réveiller.

— Hum...Geint elle encore à moitié endormis.

— Ça va hermosa ?

Je bouge pour allumer la petite lampe de chevet qui éclaire partiellement la pièce, Lolita se frotte les yeux en se redressant, je la vois poser sa main sur sa gorge en grimaçant.

— Il y a quelque chose qui va pas. Articule t'elle faiblement.

Je hoche la tête, mes doigts caressent ses cheveux quand mon regard est attiré par la traînée de fumée qui s'infiltre sous la porte. Mes sourcils se froncent, je me lève sans un mot et me dirige vers la porte, la main sur la poignée, je sens ma paume être brûlée ce qui m'arrache un grondement de douleur.

Je ferme les yeux une seconde, réalisant très vite ce qui est en train de se passer...

La maison est en feu.

— Qu'est ce qui se passe ? M'interroge Lolita d'une voix inquiète.

— Il faut qu'on sorte d'ici, très vite.

J'avance vers le placard très rapidement avant d'attraper une veste que je lui lance dans un ordre de se rhabiller.

J'enfile un tee shirt pendant que Lolita met cette veste qui lui tombe au dessus des genoux cachant ainsi la nuisette qu'elle porte.

Mes mouvements sont rapides et calculés, nous n'avons pas une seconde à perdre si nous voulons sortir d'ici vivant.

Ma main attrape la sienne et nous nous rendons dans la salle de bain adjacente à la chambre, j'ouvre la fenêtre et mon regard plonge dans celui de Lolita qui me regarde, les sourcils levés d'incompréhension.

— Il y a un toit sous la fenêtre, une fois descendu il y a trois mètres qui séparera le sol.

Elle hoche la tête, je peux entendre sa respiration saccadée et à la manière dont elle plisse les lèvres je devine facilement qu'elle est terrifiée.

— Allez hermosa, donne moi ta main.

Elle s'exécute sans un mot, ma deuxième main vient se poser sur sa hanche pour la soulever, quand son corps passe l'encadrement de la fenêtre, je grimpe à mon tour pour me retrouver sur le toit incliné.

— Et les autres ? Prononce enfin Lolita d'une voix tremblante.

— Ils savent quoi faire.

Lolita me suit de près, s'accrochant à mon tee shirt pendant que je descends avec lenteur et précision le toit glissant à cause de la pluie.

— Accroche toi bien à moi. Lui ordonné je.

— Je suis désolé Diego, j'étais sûre d'avoir éteint le four. M'avoue elle d'un ton emprunt de culpabilité.

— Rien n'affirme que l'incendie vienne de là, le plus important c'est qu'on se sorte de là.

Elle hoche la tête, puis nous arrivons au bord du toit, je vois Lolita pencher la tête pour regarder par dessus le toit.

— J'ai le vertige. M'annonce t'elle clairement, mais tu fais deux mètres, donc techniquement si tu me rattrapes je n'ai qu'un mètre à sauter. Non ?

Un sourire léger incurve ma lèvre, ma main caresse sa joue et je prononce d'une voix rassurante :

— Je te rattraperais, fais moi confiance.

Elle hoche la tête d'un signe hâtif, et sans attendre plus longtemps je me baisse avant de sauter du toit. Je retombe sur mes deux pieds, et relève aussitôt la tête vers Lolita qui est déjà assise sur le bord du toit.

— Si tu ne me rattrapes pas je te tue. Me menace t'elle d'une voix peu sûre d'elle ce qui me fait doucement ricaner.

Je tends les bras, et presque instantanément Lolita saute, j'enveloppe son corps de mes bras puis je la repose au sol. Nos regard se croisent et ses lèvres se plissent dans un sourire gratifiant.

— Et maintenant ?

Et maintenant...

La vérité c'est que je bouillonne intérieurement, je sais que cet incendie n'a rien d'accidentel. Je mets ma main à couper que Federico est dérrière tout ça.

— On devrait rejoindre les autres. Je finis par prononcer en posant ma main dans le creux de ses reins.

Un vent froid souffle sur nous pendant que nous contournons la maison, je regarde les flammes se propager dans la maison totalement impuissant, je contemple une nouvelle fois tout notre travail partir en poussière.

Je sens la main de Lolita qui se veut réconfortante dans mon dos quand soudain nous entendons des cris au loin.

— C'est Juan ! S'écrit Lolita en courant vers lui.

Je la suis de prêt, deux silhouettes se dessinent progressivement dans la nuit. Juan et Caleb sont ensembles, et mes sourcils se froncent d'inquiétude lorsque je remarque l'expression dépité de Juan.

— Qu'est ce qui se passe ? Où est Karina ? Je l'interroge en posant ma main sur son épaule.

— J'en sais rien. Putain, Diego...Je crois qu'elle est encore à l'intérieur.

Sa voix se brise sur les derniers mots, et je comprends rapidement que quelque chose de grave est en train d'arriver.

— Elle était où la dernière fois que tu l'as vu ?

— Elle était avec moi, puis elle m'a dit qu'elle allait rejoindre Carlos dans le salon. M'explique t'il d'une voix tremblante.

— Carlos n'est pas encore sorti ?

Mon regard se pose sur la maison dont le feu a maintenant prit une proportion énorme, les vitres se brisent sous les flammes. L'odeur de brûlé se propage dans l'air environnant.

— Si, il est sorti avec Teresa, articule Caleb en tenant fermement un dossier entre ses mains mais je ne relève pas ce détail tout de suite. Il cherche aussi Karina.

Je lâche un profond soupire en passant ma main sur ma mâchoire. Il est trop tard pour retourner à l'intérieur.

Une minute plus tard c'est au tour de Carlos et de Teresa de nous rejoindre, l'air paniqué de Carlos se voit à des kilomètres.

— Karina n'est pas avec vous ? Lance t'il à bout de souffle.

Je secoue la tête négativement et Juan se met à courir en direction de la maison en flamme, prêt à retourner à l'intérieur pour chercher Karina. Mais la réalité, c'est que même si elle était encore à l'intérieur, il serait trop tard.

— Juan ! Hurle Carlos avant de courir pour l'empêcher de faire cette connerie.

— C'est ma femme ! Je peux pas la laisser là dedans !

— C'est trop tard. Rétorque Carlos en posant ses mains de part et d'autres de son visage. C'est trop tard...

Juan se dégage avec hargne de son emprise avant de se laisser retomber les genoux contre le sol. Je crois voir des larmes couler le long de ses joues.

— Elle portait mon bébé...

En arrière plan, le toit commence à s'effondrer.

— Il faut qu'on parte. J'ordonne en plaçant ma main dans le creux du dos de Lolita.

Lolita acquiesce en baissant la tête vers le sol, des larmes silencieuses glissent sur ces joues et je me sens totalement impuissant.

J'ai l'impression que je l'ai toujours été.

LolitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant