CHAPITRE 48

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LOLITA


Le chant des grillons berce le silence, la lumière de la pleine lune se reflète sur l'eau de la piscine creusée dans laquelle j'ai plongée les jambes depuis un moment. J'aime le silence de la nuit, il me rappelle que l'on finit toujours seul. Avec Diego, je croyais que ça ne m'arriverait plus jamais.

La solitude.

Avant, je ressentais constamment ce besoin d'être vue, ça peut paraître stupide, parce que j'ai toujours eu confiance en moi. Mais c'est comme si l'image que je renvoyais de moi même n'était pas réellement celle que j'étais réellement, j'avais l'impression d'être transparente, de ne pas être assez bien pour les autres.

J'ai grandi sans avoir vraiment d'amis, à l'école j'étais la fille bizarre qui avait des parents bizarres parce que je disais que mon père travaillait dans les épices et qu'il fabriquait de la farine. Quand Diego est arrivé, j'avais l'impression d'être intouchable parce que tout le monde à l'école avait peur de lui. Il se battait pour moi, se mettait tout le monde à dos parce qu'il défendait envers et contre tout cette gamine étrange que j'étais.

Déjà à l'époque, j'étais follement amoureuse de ce bad boy aux yeux bleus.

— Bonsoir.

Je sursaute en entendant cette voix dans mon dos, je tourne la tête vers l'homme qui s'assoit à mes côtés, il relève le bas de son jean avant de glisser ses jambes dans l'eau froide.

Guzman.

— Bonsoir. Je rétorque dans un murmure presque inaudible.

Il ne dit rien pendant un moment, mais le silence n'est pas gênant, au contraire.

J'ai l'impression que tout un tas de pensées sombres se bousculent dans sa tête à lui aussi.

Quelques minutes plus tard, je fais passer mon tee shirt par dessus ma tête avant de plonger dans l'eau.

L'eau gelée m'entoure, me fait presque rater un battement. Mais maintenant j'ai la certitude que je suis toujours vivante.

Lorsque je remonte à la surface, mon regard se pose sur Guzman qui me regarde avec amusement.

— Federico m'a beaucoup parlé de toi, mais il a oublié de préciser que tu es folle. L'eau est gelée ! Comment tu fais ?

Un ricanement m'échappe alors que je passe une main dans mes cheveux.

— C'est bizarre, mais j'aime ça. Dis-je, simplement.

— Quand j'étais gamin mon fère m'a poussé dans la piscine, encore plus gelée que celle ci. Depuis je ne suis pas un très grand fan des piscines.

— Alors pourquoi tu es venu tremper tes jambes dans l'eau ?

— C'était un prétexte pour te parler.

Je secoue la tête pour dissimuler le sourire amusé qui incurve mes lèvres, je nage jusqu'au rebord avant de sortir de l'eau.

— C'est comment la Russie ? Je lui demande en essorant mes cheveux.

— C'est...la Russie. Prononce t'il dans un soupire.

— Tu ne t'y plais pas ?

— Pas vraiment, je suis né au Mexique, alors j'ai toujours eu du mal à m'habituer à ce nouvel environnement.

— Et pourquoi tu es partis en Russie ? Si ce n'est pas indiscret.

— Ma mère a rencontré un russe, alors on l'a suivie. Je lui en veux encore de m'avoir trimballé dans ce pays, je déteste le froid bordel. Se plaint il en sortant ses pieds de l'eau pour appuyer ses dires.

Je hoche la tête avant de tourner mon regard sur lui, il y a une certaine prestance qui se dégage de lui, et lorsqu'il pose ses yeux bleus sur moi, je ne peux m'empêcher de penser à Diego, j'ai l'impression de sombrer dans cet océan à nouveau.

— Tu me rappelles quelqu'un que j'ai connu. Je laisse échapper dans un murmure.

— Qui ça ? M'interroge t'il avec interrogation.

— Un homme que j'ai aimé, mais c'était il y a longtemps. Dis-je pour ne pas m'éterniser sur le sujet.

— Si c'était il y a longtemps ça va alors, je pourrais peut-être tenter ma chance.

Je lève les yeux au ciel d'exaspération quand il ricane, l'idée d'entamer une nouvelle relation me retourne le ventre, mais la tentation d'essayer d'oublier Diego avec un autre homme est grande.

— Un jour, peut-être. Je lâche en levant les yeux vers le ciel.

Je ressens une certaine amertume en regardant les étoiles maintenant, elles me rappellent que nous sommes sous le même ciel lui et moi.

Et qu'il y a alors une chance que nous nous retrouvions un jour.

— Pourquoi ça c'est fini ?

Je relève les yeux sur Guzman, ses yeux me scrutent avec intérêt.

— Toi et cet homme. Ajoute t'il.

— Il n'était pas celui qu'il prétendait être.

Parler de lui fait remonter tous les souvenirs, beaux et paisibles, durs et douloureux. Diego et moi, nous étions chaotiquement liés, peut être que notre amour était voué à l'échec depuis le début. Mais c'était si fort.

Si fort que je n'arrive pas à l'oublier.

— Alors ce type doit être sacrément con pour laisser partir une femme comme toi.

Je me sens le toiser en l'entendant parler ainsi de Diego, mais au final je me dis que Guzman n'a pas vraiment tord.

Je le surprends en train de regarder mes seins moulés par mon soutien gorge en dentelle rouge, ses yeux perdurent sur moi avant de glisser jusqu'à mes lèvres.

— Ouais...Souffle t'il, c'est un con.

***

LolitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant