CHAPITRE 04 :

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DIEGO.

Nous attendons Arturo dans le hall de l'hôtel, accoudé au bar. Une douce musique résonne dans le hall, aussitôt recouverte par le tintement des verres que fait glisser le serveur sur le comptoir.

Je guette l'arrivée d'Arturo en jetant quelques coup d'œil vers les portes tournantes, le temps tourne aussi et je sens mon impatience creusée les rides sur mon front. Le liquide amer coule dans ma trachée, et je claque le verre contre le comptoir pour la énième fois en soupirant lourdement.
   
— Ce cabrón se fout bien de notre gueule ! Crache Carlos avant de se lever.
   
— Ce putain d'hôtel est à lui et il est même pas fichu d'être à l'heure. Renchérit Juan.

Moi, je ne dis rien parce qu'autrement je risque de péter un plomb dans les dix secondes qui vont suivre.

Je n'arrête pas de penser à ma cargaison mystérieusement évaporée que cet hijo de puta de Ricardo m'a volée. Et si la fille l'a réellement buté, je peux dire adieu à mes kilos de poudres, à mes millions de dollars. Et puis merde ! Arturo a intérêt à se pointer.

Je n'ai que des questions depuis qu'il m'a volé cette cargaison, un homme comme Ricardo n'aurait pas pu me baiser tout seul. Non...ça serait trop humiliant...Alors, quoi ? Qui a décidé de s'en prendre à mon cartel, d'essayer d'anéantir tout ce que j'ai construit depuis la mort de Pablo Sanchez ?

Ça pourrait être n'importe qui...pour n'importe quelle raison... Peut être qu'on essaye juste de m'assassiner ? Et c'est ce qui me conduit à penser qu'à ce moment même, avoir en ma possession le petit cul de Lolita Sanchez reste mon meilleur coup d'avance si jamais il s'avérait que se soit Federico qui essayait de me la mettre à l'envers.

Je m'étais tellement perdu dans mes pensées que je n'avais même pas remarqué la main d'Arturo tendue devant moi. Je n'avais même pas remarqué son arrivée à vrai dire. Je sens mon regard le toiser et son bras retombe le long de son corps avant d'entendre un de ses ricanements grossiers qu'il émet quand il est nerveux.
   
— J'aurais pas aimé. Chuchote Juan en ricanant.

Ses gloussements  me poussent à lui lancer un regard en biais, mais sa remarque vaut un nouveau rire gras de la part d'Arturo.
    
— Désolé pour mon retard Trevas, j'avais quelques petites choses à régler.
    
— Évitons les formalités, on ne va pas passer par quatre chemins .

Arturo s'attable autour du comptoir avant d'attraper un paquet de Marlboro rouge à l'arrière de son jean et d'en extirper une cigarette. Mon regard s'attarde quelques secondes sur ces deux hommes qui assistent à la scène de loin, confortablement installé à une table du restaurant jonchant le bar.
   
— La dernière fois que Federico a été aperçu, il gérait le plus grand cartel de Colombie.

Il expire une longue taffe de nicotine qui vient s'immiscer dans mes poumons, réveillant mon envie irrépressible de fumer.

Cette nouvelle, n'en ai pas réellement une en réalité, puisque je sais depuis longtemps que Federico gère un trafic des plus florissants...

Puisqu'il m'en a volé une majeure partie.
   
— Je veux savoir où il est, une adresse précise.

Mon ton devient de plus en plus cinglant, j'ai du mal avec les contacts sociaux ces derniers temps...Les gens mettent ma patience à rude épreuve et un rien me semble être une provocation. Un soupir, un regard, un sourire. Une mal interprétation et je ne répond plus de rien.
   
— Je veux savoir ce que je gagne dans cette histoire, Trevas.

Ma paranoïa me pousse à le toiser une nouvelle fois, je me demande tout de même s'il n'est pas en train de me faire du chantage. On ne me met pas d'ultimatum.

Mais là tout de suite, retrouver Federico est ma priorité numéro une.

Alors j'articule :
   
— Ton prix sera le mien.

Je laisse retomber mon dos contre le dossier du tabouret, j'analyse son visage pendant qu'il semble réfléchir à ce qu'il pourrait bien me demander. Seulement nous savons tous les deux qu'il a déjà sa petite idée.
   
— Je veux sa sœur, Lolita. Je sais qu'elle est vivante. 

Un sourire étire mes lèvres. A présent, j'ai la certitude que cette fille a de la valeur, et c'est moi qui la possède. Mais il n'y a que moi qui le sait.
     
— Qu'est ce qui te fais croire que je sais où elle se trouve ?
   
— Tu ne sais pas, mais tu vas la trouver. Et moi je te mènerai à
Federico.
   
— Pourquoi tu la veux elle ?

Ses doigts tapotent le comptoir avec enthousiasme, un grand sourire se dessine sur son visage quand dans ses yeux j'y lis une certaine excitation.
   
— Trevas...tu n'es pas au courant ?
Carlos et moi nous échangeons un regard bref, puis je reporte finalement mon attention sur Arturo qui écrase le mégot fumant de sa cigarette dans le cendrier.
   
— Peu importe, conclut-il. J'ai besoin de la fille, c'est comme un genre de fantasme.

Sur ce, il se lève et fait signe à ces hommes de le rejoindre.
   
— Mes hommes te mèneront à Federico, tu connais ma condition.

LolitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant