Lolita

CHAPITRE 60

                                    LOLITA

Je passe mes mains sous l'eau avant de les essuyer avec le torchon, puis j'enfourne avec enthousiasme le plat de lasagne dans le four, en bougeant mes hanches sur le rythme de la musique qui passe à la radio.

Diego a appelé tard cette nuit, Juan s'est réveillé.

Je suis tellement soulagée, la boule dans mon ventre s'est enfin déliée et je me suis dis que ça lui ferait plaisir de manger mes lasagnes, je sais qu'il les aime quand c'est moi qui les cuisine.

Je n'ai pas arrêté de penser à ce que Diego m'a dit hier. J'avais envie de lui dire de se battre pour moi, mais au fond je savais qu'il avait raison. Peut être qu'il vaut mieux pour nous de se séparer pour de bon, et par là je veux dire, ne plus jamais se revoir.

Mais pourquoi cette idée me paraît inconcevable ?

J'ai vu dans ses yeux qu'il était prêt à tout pour me faire partir, pour me laisser une chance d'être heureuse loin de lui, seulement je me demande si lui aussi sent à quel point nos deux âmes sont liées.

C'est comme si partir allait m'arracher le cœur, et je ne suis pas sûre de pouvoir y survivre.

Esmeralda me dirait "ça s'appelle de la dépendance affective, chérie.", et je nierais parce que c'est trop dur de l'admettre, pour une femme qui rêve d'être indépendante.

Seigneur, je ne sais pas quoi faire.

Je me fige quand je crois avoir entendu un bruit à l'étage. C'est une vieille maison, le plancher craque et les portes grincent. Seulement le plancher grince lorsqu'il y a un poids dessus.

Lorsque quelqu'un marche dessus.

Je sors mon téléphone et envoie un message à Diego, lui demandant si c'est lui qui est venu, ce qui est complètement absurde puisque si c'était le cas il serait passé par la porte. J'ai les poils qui s'hérissent, je n'ose pas bouger ni même respirer. Puis je repense aux hommes de Diego, si quelqu'un voulait s'introduire dans la propriété, ils l'auraient aperçu.

Calme toi ma pauvre, tu es paranoïaque.

Je prends une profonde inspiration et décide d'aller voir par moi même, j'attrape le couteau le plus aiguisé dans le tiroir avant de me diriger vers les escaliers que je monte précautionneusement. Le silence semble être revenu, mais pourtant, la chair de poule sur mes bras persiste.

Arrivée en haut de l'escalier, je pousse la première porte qui donne sur un bureau que je n'ai pas encore eu le temps d'aménager, la pièce est plongée dans le noir, alors je referme la porte e continue d'avancer dans le couloir.

Je n'avais jamais remarqué à quel point cette partie de la maison pouvait être glauque, c'est sûrement le manque de luminosité qui créer cet effet.

Ma main sur la poignée de la salle de bain, je sens comme un courant d'air passer sous l'encadrement de la porte. Mes sourcils se froncent, je ne me rappelle pas avoir ouvert la fenêtre.

Je fais un pas en arrière faisant grincer le sol sous mon poids,  et la seconde suivante, la porte s'ouvre et je me retrouve sauvagement propulsée contre le mûr.

Je retombe contre le sol, sonnée. Deux hommes apparaissent dans mon champ de vision. Je m'entends hurler lorsque l'un d'eux me soulève d'une poigne ferme dans mes cheveux.

Je me débats, tente de me défendre à l'aide du couteau dans ma main que je n'ai pas lâché. Je crois que j'arrive à blesser cet homme car il pousse un cri avant de me lâcher. Je profite de cet instant pour me redresser, je me mets à courir, avec l'étrange sentiment que je ne vais pas assez vite, je dévale les escaliers à toute vitesse avec ces deux hommes à mes trousses.