CHAPITRE 70

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LOLITA

Je fais les cent pas sur le perron lorsque le son du moteur d'une voiture attire mon attention.

Un soupir de soulagement m'échappe lorsque je reconnais la voiture de Diego entrer dans la cour de la propriété.

Comment je suis censée lui annoncer ça ? Comment est ce qu'il va réagir ? Est ce que je devrais attendre d'être sûre à cent pour cent avant de dire quoi que se soit ?

Une chose est sûre : ce n'est vraiment pas le moment pour ça.

Je ne sais même pas comment je suis censée réagir, est ce que je dois être heureuse ou complètement terrifiée ?

— Hermosa, tu vas bien ?

La voix de Diego apaise instantanément mes angoisses, mais lorsque je relève les yeux sur son visage tuméfié, mes sourcils se froncent d'inquiétude.

— C'est quoi ça ? L'interrogé-je alors qu'il se plante devant moi.

Il ne semble pas comprendre, puis lorsque je désigne son visage d'un geste du menton il lâche :

— Ah, ça.

— Tu t'es battu avec un ours à L.A ? lui demandé-je en croisant mes bras contre ma poitrine.

— Non, avec le fils de Ruslan.

J'arque un sourcil et Diego me raconte pour le combat illégal et sa conversation avec Elijah Petrova.

Les garçons qui nous ont rejoins lâchent des commentaires sur le combat des deux hommes, et à la manière dont Juan s'exclame avec enthousiasme, ça me donne presque envie d'y assister.

— Et c'est pas tout. ajoute t'il, d'une voix empreinte d'inquiétude.

Les garçons rentrent à l'intérieur, nous laissant tous les deux sur le perron. Je comprends alors qu'il s'apprête à m'annoncer quelque chose d'important.

— Qu'est ce qui se passe ? Je l'interroge, inquiète.

Diego s'adosse contre le mur, un air triste passe sur son visage, je pose ma main sur son bras dans un geste réconfortant.

— Je crois que ma mère est avec eux. Lâche t'il sans préambule.

Ma bouche s'entrouvre sous le choc, je ne m'attendais pas du tout à ça. Et à la façon dont Diego baisse les yeux vers le sol, je comprends que lui non plus.

— Tu...tu en es sûr ? le questionné-je.

— Je n'ai que la parole d'Elijah comme preuve pour l'instant, donc non, je ne suis pas sûr.

Je m'adosse à mon tour contre le mur à côté de lui quand une pensée fugace traverse mon esprit. Tout s'assimile dans ma tête. Je me remémore la fois où Guzman m'avait raconté que sa mère l'avait emmené en Russie après qu'elle ait rencontré un homme. Ca voudrait dire que la mère de Diego est vraiment de mèche avec Ruslan.

Pourquoi je n'y avais pas pensé avant ?

—Diego...il y a quelque chose que je dois te dire.

Je ne peux plus lui cacher la vérité, je dois lui dire la vérité sur Guzman. Je dois au moins ça au petit garçon qu'il était et qui a cru perdre sa mère et son frère pour toujours.

Diego pose son regard sur moi, attendant à ce que je me daigne enfin à parler.

— Je suis désolé, j'aurais dû te le dire avant.

Son expression change, il se décolle du mur avant de se placer devant moi. A présent je ne peux plus fuir mes responsabilités. Je sens le sang me monter aux joues alors que je réflêchis à la manière dont je pourais formuler ma phrase sans qu'il n'est l'impression que je le poignarde en plein cœur.

— Parle vite, Lolita. prononce t'il d'un ton sec.

Je ferme les yeux une seconde avant de lâcher :

—Guzman est ton frère.

Lorsque j'ouvre les yeux, je découvre le visage de Diego complètement impassible, mais la seconde suivante, un mini sourire étire ses lèvres et il explose de rire.

— C'est impossible. crache t'il, il est mort putain.

— Non, ça ne s'est pas passé comme tu le crois. Lui expliqué-je en posant ma main sur son bras.

— Ah ouais ? Parce que tu sais mieux que moi peut être ? T'étais là quand mon père nous cognait ?! Cri t'il en se dégageant violemment de mon emprise.

Je me fige, je me mords la lèvre pour contenir les larmes qui perlent au coin de mes paupières.

— Tu n'es pas obligé de crier...

Je sais que c'est dur pour lui d'entendre ça, je ne peux même pas imaginer la peine qu'il ressent en apprenant que toute sa vie n'était qu'un mensonge.

— Je suis désolé. dit il en passant ses mains sur son visage.

Il s'assoit sur la première marche du perron, en gardant son visage enfouit dans ses paumes. Je déglutis difficilement avant de m'asseoir près de lui.

— J'ai longtemps cru qu'elle reviendrait me chercher tu sais.

Mon cœur se serre, j'aimerais le prendre dans mes bras en revoyant ce petit garçon aux vêtements troués que mon père a ramené à la maison ce jour là. Ce garçon qui errait dans la rue a seulement huit ans, meurti par les coups de son père, l'abandon de sa mère, la mort de son frère...

— La mort de Yoni m'a détruit, mon frère était tout ce que j'avais.

— C'est injuste ce qui vous ait arrivé. Mais tu as la possibilité de lui dire tout ça désormais. Ton frère aussi t'attendais.

—Il est avec eux Lolita, tu sais comment ça marche.

— Toi et moi on est pas la preuve que cette règle peut être brisée ?

La guerre entre Diego et mon frère ne nous a pas empêché de nous unir, malgré la difficulté, nous avons été capable de nous promettre pour toujours et à jamais. Lorsque l'univers décrète une chose, rien ne peut l'en empêcher.

—Tu as raison, Yoni est vivant...J'y crois pas.

Je prends sa main dans la mienne et plonge mes doigts dans les siens. Mon cœur bat fort dans ma poitrine lorsque je baisse les yeux sur mon ventre. Et chacun de mes souffles sont chargés de promesses et de craintes, un mélange d'espoir et de désespoir qui tourbillonne en moi. Est-ce de la peur ou de l'amour qui se forme dans mes entrailles ? Peut être les deux. Je sais que notre histoire se trouve à la croisée des chemins, où chaque choix peut nous mener vers un dénouement heureux ou une tragédie inéluctable. L'angoisse me serre la poitrine, certes, mais une lueur d'espoir persiste au fond de moi. Parce que peu importe la fin qui se dessinera pour nous, notre histoire a déjà laissée une trace indélébile sur nos âmes. Et si l'issue demeure incertaine, je sais qu'au delà du dénouement, c'est notre histoire qu'on a écrite ensemble qui compte réellement.

—Je t'aime Diego...prononcé-je alors que son bras s'enroule autour de mes épaules, ma tête vient se poser délicatement contre son épaule.

— Je t'aime plus encore, princessa.

LolitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant