LOLITA.Assise sur les marches en bois devant la maison, je contemple le paysage qui s'étend devant moi. Des hommes se relayent assez souvent, et ma présence dehors ne semble pas les déranger. Heureusement, car j'ai encore la boule au ventre de ce qui s'est passé et j'ai juste besoin de respirer et de tout mettre au clair dans ma tête.
La vérité c'est que j'ai tellement de questions sans réponses, tellement de colère en moi que j'ignore comment toute cette histoire va se terminer.
Du bout des doigts je titille le bandage qui couvre la moitié de ma cuisse, je n'ai aucun souvenir du moment ni de la personne qui m'a soigné, et j'ignore également combien de temps j'ai sombré dans ce sommeil profond.
L'air hivernal s'immisce dans mes poumons, suivi de près par l'odeur du tabac. Je ne prend même pas la peine de me retourner car ma curiosité s'évapore lorsque du coin de l'œil j'aperçois quelqu'un s'asseoir sur la marche à côté de moi.
Mon regard monte progressivement sur cette silhouette, une faible lumière émise par des lampadaires au loin me permet de deviner les traits de son visage.
Froideur, sévérité, c'est tout ce que je vois lorsque mes yeux rencontrent les siens.L'odeur de la cigarette s'immisce dans mes narines, nous sommes restés pendant un moment dans un silence presque réconfortant. Je n'ai aucune envie d'échanger avec cet homme là, tout de suite. A travers la nuit, j'aperçois ses lèvres s'étirer dans un sourire narquois, déstabilisée, j'ai détourné le regard la première.
Sa voix grave perce le silence :
— Dure journée, hum princesse ?
— A qui la faute ?Son ricanement grave résonne à travers la nuit.
— Le fautif à payé pour t'avoir mise en danger.Une confusion immense me terre dans un profond mutisme.
J'inspire profondément l'air glacial en regardant devant moi, une multitude de questions et de pensées se bousculent dans ma tête, une seule passe la porte de mes lèvres :
— Qu'est ce que tu attends de moi ?J'ai posé mon regard sur lui, il a fait de même, son regard hostile m'analyse avec tant d'insistance que j'ai l'impression qu'il est en train de lire en moi.
— Tu ne veux pas réellement savoir.
— Je veux savoir. Diego, qu'est ce que tu attends de moi ?!Ses doigts attrapent avec violence ma mâchoire, sa poigne me tient si fort que j'ai l'impression qu'il va me briser les os.
Je sens mon regard le fusiller en même temps qu'il ne se gorge de larmes de douleur.
— Écoute moi bien princessa... je ne vais pas jouer le méchant narcotrafiquant avec toi. Tu vas rester ici parce que c'est le seul endroit où ton petit cul ne risque rien. Mais hausse encore une fois le ton avec moi, et je ne pourrais pas te promettre de me tenir encore longtemps. T'as compris ?Je hoche la tête avec difficulté tellement sa poigne serre ma mâchoire.
Quand ses doigts défont leur emprise je passe ma main sur
mon épiderme qui je suis sûre est marqué.
— Bien...Et pour répondre à ta question, c'est ton putain de frère que je veux.Je me tourne pour lui faire face, mais son regard fixe l'horizon. J'entends son souffle rejeter ses bouffés de nicotine dans l'air, je regarde la fumée s'envoler vers le ciel nocturne. J'inspire profondément en pinçant mes lèvres. Je sais que peu importe ce que je peux lui dire, rien ne lui fera changer d'avis, alors...à cet instant tout ce que je veux, c'est comprendre.
— Qu'est ce qui s'est passé entre vous ? Je me rappelle...vous étiez si...proche, on aurait dit deux frères.Deux frères. Voilà ce qu'ils étaient. Je n'étais encore qu'une enfant quand je les voyais combattre leurs peurs et leurs cauchemars qui aujourd'hui font d'eux des hommes puissants. Je voyais aussi de mes yeux plein d'innocence les chaînes qui les liaient. C'était le genre de chaîne qui ne se brise pas. Le genre qui vous lie pour toujours et à jamais.
— Les gens changent, Lolita.L'obscurité fait ressortir la noirceur de ses prunelles clairs. Il a raison, les gens changent. Il n'est plus le Diego d'autrefois comme je ne suis plus la petite Lolita qu'il devait défendre à l'école. Nous avons nos secrets, nos propres cauchemars, cette douleur qui compresse nos poitrines.
On est tous secrètement chaotiques.
Je soupire, de la buée s'échappe de ma bouche, je ramène
mes jambes près de ma poitrine et dépose mon menton sur mes genoux.
— Maintenant qu'Arturo sait que je suis vivante, il va sûrement essayer d'atteindre ceux que j'aime, j'ai peur pour ma tante.Je l'ai entendu ricaner à nouveau. La seconde suivante, un nouveau souffle de fumée s'échappe de lui. Je me sens le toiser, qu'est ce qu'il trouve de drôle au juste ?
— Malheureusement Lolita, je n'en ai rien à foutre.Mes sourcils se tortillent de colère, comment peut il être
aussi peu concerné par le destin de ma tante qui fut la première à prendre sa défense quand tout le monde pensait qu'il n'était qu'un petit voyou.
— C'est d'Esmeralda dont je te parle, tu n'as pas pu oublié tout ce qu'elle a fait pour toi ?!
— Ne pense surtout pas que tu es en position de me demander des services, tu n'es pas dans une cellule mais ça ne signifie pas que tu n'es pas ma prisonnière, alors comporte toi comme telle. Merde.Un ricanement nerveux m'échappe, je commence à être à fleur de peau et ça m'inquiète car je sais très bien que toute cette histoire ne fait que commencer.
J'ai peur. J'ai peur de moi. J'ai peur de ne pas être aussi forte que je le pensais.
Et cet espèce de détraqué ne va pas me rendre la tâche plus facile.
— Tu as raison, les gens changent. Mais de toute façon tu as toujours été qu'un connard.Son absence de réponse ne peut être que mauvais signe. Il écrase le mégot de sa cigarette contre la marche dans le plus grand des calmes, je le regarde faire en me décalant légèrement. Il se relève, et d'une main il me soulève avec facilité de sa poigne sur mon tee shirt.
Mon dos se retrouve plaqué contre l'un des piliers du porche, je peux sentir son corps tendu contre le mien. Je garde le menton haut malgré la peur qui fait accélérer mon rythme cardiaque.
Il approche son visage du mien et prononce d'une voix basse et étrangement calme :
— Je me souviens maintenant...toi tu n'as toujours été qu'une petite insolente.Je me sens frissonner quand il amène sa bouche à mon oreille, son souffle chaud contre ma peau s'abat comme des décharges électriques dans mon bas ventre.
Il chuchote :
— Sais-tu ce que je leurs fais aux insolentes ?Je secoue la tête négativement.
— Je les baise, Lolita. Et crois moi, tu n'en as pas envie.

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Lolita
RomanceSa plus grande erreur : Être la fille du chef de cartel le plus puissant du Mexique. Après une série d'évènements tragiques qui ont bouleversé sa vie, Lolita n'aspire qu'à avoir une seconde chance dans l'espoir de retrouver une vie normale. Mais e...