CHAPITRE 35 :

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DIEGO


Mon cœur est faible.

Je le sais maintenant, une femme peut détruire le cœur en pierre d'un homme. Lolita l'a fait. Sur ce yacht il s'est passé ce qu'il s'est passé, Lolita m'a donné sa virginité.

Mais plus important encore, elle m'a donné sa confiance. Son rythme était le mien, sa cadence était la mienne. Je crois qu'on réussira à dépasser ses peurs, ensemble, moi je l'attendrais. J'étais comme un ado qui faisait sa première fois, stressé, j'avais peur de faire quelque chose de travers avec elle, j'avais peur de la brusquer, j'avais peur qu'elle n'apprécie pas ce que je lui faisais.

Ce soir nous avons appris à nous connaître d'une différente manière, et c'était beau.

Je me gare devant la propriété, j'aurais aimé que ce moment soit éternel, mais nous devons rentrer. J'attrape la main de Lolita que je mène à ma bouche afin d'y déposer un baiser.

— Merci pour ce soir Diego, c'était inoubliable.

Je m'apprête à lui répondre quand des cris à l'intérieur de la maison m'interrompent.

Mes sourcils se froncent.

— Tu as entendu ? M'interroge Lolita.

— Restes ici.

Je descends du véhicule et avance jusqu'à la maison
d'un pas décidé, la main sur mon arme coincée dans la ceinture de mon pantalon. Je pousse la porte, et mon bras retombe le long de mon corps quand je vois Juan et Carlos se battre en plein milieu du salon. Karina est assise dans les escaliers, l'arcade en sang, le visage baignant de larmes.

Je ne prends pas le temps d'analyser la scène, j'attrape Carlos par le col et le jette au sol, et lorsque Karina se lève et court vers Juan qui est presque inconscient au sol, je comprends. Au même moment la porte s'ouvre sur Lolita, son regard inquiet jongle de Carlos à Juan.

— C'est quoi ce bordel ? Je prononce enfin.

— Ce fils de pute baise ma sœur !! Cri Carlos, essoufflé.

Je rive mon regard sur Juan qui me regarde en haussant les épaules. Les sanglots de Karina résonnent dans le grand salon, je vois Lolita se diriger vers elle et la prendre par la main.

— Viens, on va aller nettoyer ça. Prononce t'elle d'une voix douce.

Cette fille est un ange.

Karina opine et toute deux montent à l'étage. Je soupire avant de m'asseoir sur la marche d'escalier, ma main frottant ma barbe naissante.

— Je ne veux pas de ça sous mon toit. Je finis par affirmer d'une voix forte.

— Tu aurais été à ma place tu aurais fait pareil, bordel Diego, il se tape ma sœur ! Gronde Carlos les mains sur les hanches.

Je fixe mes poings croisés entre mes jambes, je crois que dans cette maison personne n'a respecté le : « pas la sœur. »

Je lève mon regard sur Juan, toujours assis sur le sol les bras autour des genoux, il ne dit pas un mot, l'atmosphère est palpable.

— Karina est assez grande pour décider de ce qu'elle veut faire de son corps Carlos.

— Et toi tu dis rien ?! Cri Carlos en s'adressant à Juan.

Juan ancre son regard dans celui de Carlos avant de lancer :

— On s'aime, ça te va comme réponse ?!

Mes yeux s'écarquillent, Carlos et moi nous échangeons un regard choqué et déconcerté.

Je ne m'y attendais pas à celle là.

— Pardon ? Non mais attends dites moi que je rêve ! Dit-il en me suppliant du regard, puis il se met à faire les cent pas dans le salon, les deux mains derrière la tête.

— Non mais en vrai, sois pas jaloux, ça changera rien à notre amitié. Prononce Juan calmement dans une vaine tentative d'apaiser les tensions.

— Tu crois que c'est le moment de faire de l'humour ? C'est pas une question de jalousie, c'est de ma sœur qu'on parle ! Je veux pas de cette vie là pour elle.

— Elle est plus impliquée que tu le crois, elle vit avec nous, elle porte ton nom, c'est son monde à elle aussi tu dois l'accepter.

— Putain...il fallait que se soit toi mon beau frère. Lance t'il comme une fatalité.

Juan ricane légèrement avant d'essuyer du revers de la main le sang qui coule de son nez. Mes mains sur mes cuisses, je me redresse, Carlos s'approche de Juan et l'aide à se relever avant de lui donner une tape dans le dos.

— Bon, la prochaine fois c'est moi qui vous cogne bande de bâtards.

Je monte les escaliers, et donne trois petits coups contre la porte de la chambre de Lolita.

Je pousse doucement la porte et aperçois Lolita et Karina assises sur le lit, je remarque le petit pansement sur son arcade que Lolita a sûrement dû lui mettre.

Les deux femmes lèvent les yeux vers moi, je reste dans l'encadrement de la porte et prononce :

— Ils se sont expliqués, tout va bien.

— Carlos n'est pas fâché ? Me demande t'elle légèrement surprise.

— Non, je crois qu'il a finit par comprendre qu'on ne peut pas empêcher deux personnes de s'aimer.

Je vois ses yeux briller de larmes, un léger sourire soulagé étire ses lèvres et Lolita lui caresse le dos en souriant.

— Ça fait pas vraiment longtemps qu'on est ensemble, mais j'ai l'impression de le connaître depuis toujours. Dit-elle en essuyant ses larmes, émues.

— C'est ce que ressentent les âmes sœurs.

Mon regard croise celui de Lolita, sa réponse m'arrache un sourire. Karina soupire en hochant la tête :

— Bon...Je vais vous laissez, je crois que je dois avoir une longue conversation avec mon frère.

Elle se lève et me gratifie d'un sourire, les lèvres plissées, avant de se diriger vers la sortie. Je me décale pour la laisser passer.

La main sur la poignée, elle se retourne vers Lolita :

— Merci, d'être si gentille avec moi.

— Ne me remercie pas. Rétorque Lolita, souriant chaleureusement.

Karina quitte la chambre, je m'assois près de Lolita qui semble pensive :

— A quoi tu penses ?

— A mon frère, j'aurais aimé qu'il soit aussi
compréhensif que Carlos.

Son regard est perdu dans le vide, je pose ma main sur
la sienne comme pour la rassurer. Elle finit par relever ses yeux humides sur moi, j'ai l'impression qu'elle ne m'a pas dit tout ce qui s'est passé ce soir là avec Federico. Alors d'une voix douce je la questionne :

— Qu'est ce qu'il s'est passé ?

Elle prend un moment avant de répondre, inspirant et expirant profondément, ses doigts s'emmêlent nerveusement, c'est là que je me rends compte de l'erreur que j'ai fait en l'envoyant avec lui.

— Il m'a fait comprendre que votre guerre était plus importante que mon bonheur. Il a tellement changé Diego, il n'est plus le même.

— Tu sais qu'on a tous changé princessa, ce qu'on était n'existe plus.

— J'ai cru qu'il allait me tuer, Diego, mon propre
frère...

Je peux lire la tristesse et la déception dans son regard émeraude, je suis le seul responsable de sa tristesse à cet instant, je n'aurais jamais dû faire ça. La nostalgie dans sa voix me rappelle l'époque où Federico et moi étions comme deux frères, ces moments où nous étions les seuls à pouvoir nous comprendre, à savoir où nous nous cachions quand nous voulions fuir la réalité.

Mais cette époque est bien loin aujourd'hui.

— C'est moi qu'il déteste, pas toi.

— A présent il me déteste tout autant.

Elle baisse les yeux sur ses doigts qu'elle n'a pas cessé d'emmêler entre eux avec nervosité, mes doigts glissent entre les siens, prenant sa main dans la mienne, paume contre paume, c'est comme si elle me transmettait toute sa tristesse, et si je pouvais, je la prendrais sur moi.

— Je mettrais fin à cette guerre pour toi hermosa.

Ses yeux s'écarquillent de surprise.

— Quoi ?

— Si ça peut te rendre heureuse, je mettrais un terme à cette histoire pour que tu sois en paix.

Parce que ta paix est mienne.

LolitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant