CHAPITRE 13 :

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DIEGO


L'odeur du cannabis s'immisce dans mes narines, mon regard fixe le joint de Carlos se consumer entre ses doigts pendant qu'il me parle :

— Ils n'ont vu personne entrer chez Esmeralda, ce qui veut dire que le type qui a fait ça était déjà dans la maison avant que tu ne les envoies la surveiller.

Je hoche la tête sans vraiment prêter attention à ce qu'il me dit. Le truc, c'est que j'ai toujours en tête son visage traumatisé et baigné de larmes.

Et je me demande pourquoi ? Parce que, bordel, ça m'a déconcerté. Rien que d'imaginer qu'elle ait pu penser une seconde que j'étais capable de la violer, ça me rend fou. Je ne suis pas un ange, ça, tout le monde le sait. Mais un violeur ? Bordel jamais de la vie !

De mes deux index, je masse mes tempes pour tenter de faire passer ce mal de crâne qui a le don d'accentuer cette tension qui me brûle les nerfs depuis hier soir.

Toujours elle...hein... C'est toujours elle, qui revient sans cesse quand l'appel aux problèmes sonnent.

— Sinon..tu as parlé avec elle, pour le carnet ?

Je relève les yeux sur Carlos tranquillement assis sur son fauteuil, la jambe pliée en angle droit, mes yeux sont attirés par la cendre qui tombe de son joint et qui s'écrase sur mon tapis.

— Ouais, ça n'a rien donné.

— Tu veux que je lui parle ? Désolé hein, mais elle a l'air d'avoir pris ses aises avec toi La Niña.

Je me sens le toiser, putain que ça me brûle les couilles
d'admettre que c'est vrai. Mais qu'est ce que je peux y faire ? Je ne vais pas me faire passer pour un tyran avec elle alors que d'aussi loin qu'elle puisse se souvenir, j'étais comme un grand frère pour elle.

— C'est moi qui m'occupe d'elle. Prononcé-je d'un ton sévère en m'écrasant dans mon fauteuil.

Trois cognements retentissent contre la porte qui s'ouvre sur Fabio, les traits déformés par une sorte de préoccupations palpable, chaque fois que son visage était habillé de cette expression, ça ne présageait rien de bon. Je me lève, arquant un sourcil attendant qu'il poursuive.

— Eh bien..jefe, il y a..il y a-

— Il y a quoi ? Fabio ? Tu veux que je te casse ta gueule ou bien ?

Il soupire, et au vue de la couleur que prend son visage je me dis que ça ne peut être que la merde.

— Ton père est là. Laisse t'il échapper dans un profond soupir désolé.

Je sens mon corps se tendre, perdu entre la confusion et la rage. J'entends Carlos murmurer un « Manquait plus que ça. » Je sors de ce bureau, pris par une rage fulgurante, suivis de près par Fabio et Carlos. Je me sens bouillir de l'intérieur, mes pas guidés par cette colère noire qui s'intensifie à mesure que je me rapproche du portail.
Mes hommes postés à l'entrée se retournent lorsqu'ils m'entendent arriver, ils se décalent, laissant apercevoir mon géniteur que je n'ai pas vu depuis plus de dix ans.

C'est sans plus de réflexion que mon poing s'écrase violemment contre sa mâchoire. Un soupire satisfait m'échappe en même temps que je secoue ma main endolorie.

Putain, ça fait du bien.

Léo se tient la mâchoire et esquisse un sourire amusé avant de lever les deux mains en l'air :

— J'espère que ça t'as fais du bien, maintenant on peut parler ?

Un rire nerveux m'échappe, je lui tourne le dos, prêt à faire comme si rien ne s'était passé.

Comme si il ne venait pas de repointer sa gueule dans ma vie après tout ce qu'il a fait pour la gâcher.

— Il faut qu'on parle de la fille Sanchez. J'ai cru comprendre que Lolita était ici.

Lorsqu'il prononce son prénom, mon corps se crispe instantanément. Je sens ma mâchoire se contracter, puis je me tourne dans sa direction :

— Qu'est ce que tu viens de dire ?

— As-tu déjà entendu parler du pari ?

Mon regard croise celui de Carlos lorsque mon géniteur évoque le pari. Je résiste à l'envie d'arquer le sourcil parce que notre conversation commence à susciter un certain intérêt chez moi.

D'un geste de la tête je l'invite à l'intérieur.

***


— Comment tu as su qu'elle était ici ? Lui demandé-je en aspirant une nouvelle taffe de ma cigarette.

— Tout le monde le sait, y compris Federico.

Je hausse un sourcil, alors comment ça se fait que ce fils de
pute ne se soit toujours pas pointé ?

Putain, et si il en avait plus rien à foutre de sa sœur ?

Léo passe sa main sur sa barbe grisonnante, ses yeux bleu analysent ma baraque avant de se reposer sur moi.

— Je sais que nous avons eu nos différents-

— Bordel, n'imagine même pas pouvoir me sermonner sur les valeurs de la famille. Craché-je en soufflant la fumée accumulée dans mes poumons.

Il ricane avant de secouer la tête.

— Tu te souviens de tes cinq millions de pesos disparu ? Commence t'il.

— Comment je pourrais oublier qu'un fils de pute m'a volé cinq millions ?

— C'est ton argent qui est en jeu dans ce pari. M'annonce t'il calmement.

Je ricane, non, j'explose de rire face à cette putain de blague. Je passe une main sur ma barbe naissante, alors...Alors comme ça, on me vole, et ma tune sert à alimenter un pari de mes couilles entre narcos mais bordel quelle ironie !

— Tu connais le nom de celui qui m'a volé ? Demandé-je très sérieusement en écrasant mon mégot dans le cendrier.

— Non, tout ce que je sais, c'est que ta précieuse en a rendu fou plus d'un.

— Je ne comprends pas. Dis-je en sentant mon cœur qui veut sortir de mon corps.

— Pablo Sanchez était le plus concurrencer, mais de toutes les richesses qu'il possédait, celle qui avait le plus de valeur à ces yeux. C'était elle.

— Alors quoi ? Ces ennemis veulent baiser sa fille pour assouvir une obsession perverse ? C'est quoi ce bordel ?
Mon géniteur hausse les épaules, une multitude de questions traversent mon esprit. Je fronce les sourcils en croisant mes paumes devant ma bouche.

— Federico est au courant pour le pari ?

— Je l'ignore, mais j'imagine que si il était au courant il aurait essayé de récupérer sa sœur.

Quelques secondes s'écoulent où nous restons silencieux. Puis, je sens une idée éclairer mes doutes, guider mes pas à travers ce tunnel sombre dans lequel je m'engouffre depuis qu'elle est là.

Depuis que cette femme est devenu mon arme pour cette guerre de vengeance.

Je sais que je serais prêt à tout. Même à commettre la pire des atrocités, juste pour montrer à Federico que la pire erreur qu'il ait pu commettre dans sa misérable vie, c'était de me trahir.

LolitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant