CHAPITRE 66

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LOLITA

Parfois je n'arrive plus à reconnaître mon reflet dans le miroir. Qui suis-je censée voir ? Qui suis-je censée être ?

Les cicatrices visibles et invisibles déforment la vision de la réalité, modelant une femme que je ne suis pas sûre d'aimer.

Quand je ferme les paupières, je vois leurs mains à tous laisser leurs traces sur chaque parcelle de mon corps. Ils laissent des bleus sur mon âme, des bleus qui ne guérissent pas.

J'ai l'impression de ne voir que la victime que je suis, sans laisser la place à celle que je devrais devenir. Mais à chaque pas en avant, les lambeaux de moi-même que j'ai délaissé derrière moi me ramènent sans cesse à la case départ.

Je glisse une robe dans ma valise après l'avoir soigneusement pliée. Diego m'a proposé de m'emmener dans une maison au bord de la mer pour quelques jours, d'après lui, j'ai besoin de repos après ce qui m'est arrivé. Je ne voulais pas accepter, parce que c'était réaliser que quelque chose de vraiment grave m'était arrivée. Or, je ne sais pas, et je crois que c'est ça le pire.

J'ai analysé chaque parcelle de mon corps pendant des heures pour trouver ne serait-ce qu'une trace que cet homme avait posé ses mains sur moi. J'ai cru que j'allais devenir folle.

Trois cognements résonnent contre la porte alors que je ferme ma valise, la porte s'ouvre sur Diego, il me regarde, un sourire incurvant ses lèvres.

— Prête ? prononce t'il en s'appuyant contre le chambranle de la porte.

Je hoche la tête en plissant les lèvres, Diego approche afin de s'emparer de la valise qu'il descend au rez-de chaussée.

Un sourire illumine mon visage lorsque je remarque Juan qui m'attend devant la porte d'entrée.

— Tu vas trop me manquer princessa. prononce t'il avant de me prendre dans ses bras. Et si l'autre pendejo t'embête, tu m'appelles, ok ?

Je ricane en hochant la tête contre son torse, je peux entendre Diego insulter Juan à côté.

— On va y aller. lâche Diego en posant sa main dans mon dos.

— Regarde comme il est jaloux. plaisante Juan au creux de mon oreille.

Il me lâche avant de nous ouvrir la porte, un vent frais s'invite dans la maison.

— Allez les amoureux, amusez-vous bien. s'écrit-il avant de me lancer un clin d'œil.

***

Il fait nuit lorsque nous arrivons à destination. Je sors du véhicule et claque la portière avant de contempler le magnifique petit chalet qui donne sur une plage privée. L'endroit est paisible, presque idyllique. Seule la caresse des vagues contre le sable résonne dans le silence de la nuit.

— C'est magnifique. je prononce en sentant la présence de Diego dans mon dos.

— Ce n'est rien comparé à ce que tu mérites, j'aimerais pouvoir faire plus.

Je me retourne pour lui faire face, la lumière de la lune éclaire les traits de son visage creusé par cette même inquiétude qui ne l'a pas quitté depuis des jours.

— Ça va, c'est parfait. dis-je en posant ma main sur son bras.

Un léger sourire étire ses lèvres et sa main vient se poser dans le creux de mes reins alors qu'il me guide vers la maison. Diego sort la clé avant de l'insérer dans la serrure, lorsque la porte s'ouvre et qu'il allume les lumières, je découvre une magnifique salle de séjour dans le genre boisé et chaleureux.

LolitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant