Lolita

CHAPITRE 77

LOLITA

— Lolita, s'il te plaît, c'est de la folie de retourner là bas !

Je me tiens là, fixant les flammes dévorant tout sur leur passage telles des spectres voraces. Je suis paralysée par la peur, mais surtout par le choix que je m'apprête à prendre. Derrière moi, Guzman m'attend et me supplie de le rejoindre pour quitter cet enfer, mais il y a cette voix qui m'appelle à replonger dans ce chaos. J'entends son nom, une promesse d'amour et de rédemption m'attire vers cet incendie, l'homme que j'aime, celui que je croyais perdu à jamais, il est peut être là.

Chaque seconde semble durer une éternité alors que je pense aux conséquences de mon choix. Y retourner serait stupide, je risquerais tout, y compris ma vie. Mais finalement, quelle valeur à ma vie sans lui ?

Je peux presque sentir sa main dans la mienne. Cette force qui me pousse à rester, à le retrouver, c'est vital. Je ferme les yeux un instant et respire profondément en tentant de rassembler mon courage.

Finalement, j'ouvre les yeux, déterminée, sachant exactement ce que je dois faire.

— Je dois y aller, Guzman. je prononce sûre de moi.

—Diego n'est pas ici, je l'aurais su Lolita.

Je me tourne vers lui, quelques mètres nous séparent. Le pilote de l'hélicoptère commence à perdre patience lui aussi.

—Si Diego est en vie...

— Il est mort, c'est toi qui me l'a dit.

Je secoue la tête négativement, tout à coup, je ne suis plus sûre de rien. Ce que j'ai ressenti durant ces dernières semaines, peut être que c'était mon corps qui m'hurlait d'y croire, de rester forte jusqu'à ce que nous nous retrouvions.

Peut être qu'il était là depuis le début.

— Je suis désolé Guzman, je ne pourrais jamais assez te remercier pour tout ce que tu as fais pour moi. Mais je dois prendre le risque.

Guzman reste silencieux pendant un instant. En bas, les balles continuent de fuser, le sang continue de couler. L'incendie se propage et bientôt il ne restera que des ruines de cet endroit. Guzman passe sa main sur son visage et contracte ses mâchoires avant de lancer un dernier regard àl'hélicoptère.

—Fais chier putain ! Je viens avec toi.

Un sourire illumine mon visage, nous ne perdons pas plus de temps et dévalons les escaliers de la tour afin de regagner la cours. La sensation inexplicable qui parcours mon corps me fait me sentir plus vivante que jamais. L'espoir n'a jamais été aussi fort qu'à cet instant. Guzman et moi traversons la cours pour regagner le bâtiment, il tire sur les hommes de Martina pour nous couvrir. Je lève les yeux au ciel, les étoiles seront encore une fois témoin de mon histoire.

Cette nuit, c'est la fin, je le sais.

Nos pas se font de plus en plus rapides et alors que nous atteignons une porte dont la vitre est brisée, la détonation d'une balle perce mes tympans. Ma respiration se coupe, je baisse les yeux sur mon corps pour chercher l'impact de la balle sur mon corps, mais rien. Je tourne la tête vers Guzman, et nous baissons tous les deux les yeux sur la blessure sanglante qui perfore son abdomen.

— Non, Guzman ! m'écrié-je, mes mains tremblantes cherchant à arrêter le flot de sang.

Soudain, je sens une pression me tirer violemment par la queue de cheval avant que je ne me retrouve plaquée contre le mur.

— Où tu crois aller comme ça ?

Mon regard s'encre dans celui de Martina qui coince le canon de son arme sous ma gorge. Son visage est recouvert d'une couche de suie et un filet de sang s'écoule de son front.