CHAPITRE 21 :

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LOLITA


Impossible de fermer les yeux, quand mon père envahit mon esprit.

J'essaie en vain de me protéger en rangeant nos souvenirs dans une case loin de mon cœur. Parce que son absence est la pire des présences.

Elle me consume, lentement, et je sais qu'un jour elle causera ma fin.Il est un souvenir qui me fait souffrir, parfois sourire.

J'essaie de me rappeler qui j'étais avant de changer à jamais. C'est fou, comme la mort nous change.

Comme la douleur te déforme. On était de belles fleurs, et on a finit en cendres. De la poussière.

Les crises de larmes qui m'ont assailli resurgissent comme des cicatrices durs à camoufler. A bout de force contre la baignoire, à essayer de ravaler la douleur qui voulait sortir de moi. Assise contre le mur, à ne plus pouvoir avaler ma propre salive.

Pleurer. Hurler. Parce que ça faisait mal. C'était plus physique que mental.

Se demander chaque seconde comment la vie sera désormais ; « Je vais mourir le cœur brisé papa », voilà ce que j'ai dis. Voilà ce que j'ai longtemps pensé. Je brûlais de l'intérieur, j'avais un brasier en moi.

Je me battais contre les démons qui me disaient que moi aussi ma vie était terminé. Que moi aussi je devais partir, que je ne tiendrais jamais.

On comprend très vite, plus tard, qu'on a pas le choix de survivre.

Noyer dans mon chagrin, je regardais autour de moi, la vie qui avait un goût fade, amer, un goût qu'elle n'avait jamais eu.

La migraine dans ma tête me rappelait avec désespoir que j'étais toujours vivante, je me regardais dépérir, impuissante, incapable d'éteindre ce feu qui était en train de consumer ma vie.

Les premiers jours, les premières nuits, où l'envie irrépressible de se réveiller du cauchemar qui me tenait me libère enfin. Puis les jours passent et on se rend compte que le seul moyen de se réveiller de ce cauchemar, c'est la mort.

Voilà pourquoi on survit.

Puis le temps passe et on finit par accepter, qu'on est né pour être les martyrs dans cette vie. On accepte de lire la pitié dans leurs yeux, on accepte de dire que tout va bien alors que notre cœur se meurs chaque jour un peu plus.

Moi j'ai accepté tout ça. Parce que j'ai toujours pensé aux autres, jamais à moi. Comme si je devais leur dire oui, pour qu'ils ne se sentent pas mal pour moi. Alors que personne ne pouvait partager ma douleur.

Nous sommes les seuls à pouvoir éteindre cet incendie, et le temps presse, alors il faut l'éteindre, avant de finir en cendres et de ne jamais pouvoir renaître.

J'ai passé la majeure partie de la journée à dormir, je me sens épuisée, capable de plonger dans un sommeil profond pendant des jours entiers.

Mais savoir que Federico est ici à réveillé une nouvelle angoisse en moi, une boule dans mon ventre m'empêche de penser à autre chose qu'à lui. J'ai longtemps espéré qu'il revienne pour moi, après tout, il est la seule famille qui me reste.

Aujourd'hui, je sais qu'il est revenu pour moi, mais pas pour la bonne raison, c'est seulement pour empêcher Diego de faire quoi que se soit qui pourrait nuire à lui et à son business, en fait, tout n'a toujours tourné qu'autour de lui. Moi, je ne suis qu'un pion dans leur histoire.

Maintenant je voudrais qu'il reparte, qu'il retourne se cacher en Colombie ou je ne sais où dans ce monde. Parce que je ne supporterai pas de savoir qu'il lui ait arrivé quelque chose, surtout, je ne supporterai pas l'idée que Diego lui ait fait du mal.

LolitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant