Lolita

EPILOGUE

                                  LOLITA 

— Tu vois rien hein ? J'ai combien de doigts ? m'interroge Juan tandis que mes yeux sont bandés.

—Tu me fais un doigt d'honneur hein ? je lance avec ironie. 

—Voilà, j'en étais sûr qu'elle allait regarder ! se plaint-il à Diego qui se tient derrière moi, les deux mains sur mes épaules pour me guider. 

—C'est le moment où je suis censé feindre un quelconque intérêt ? 

D'après le silence de plomb j'imagine le regard cinglant que Juan doit lancer à Diego. 

—Bon alors, tu me l'enlèves ce bandeau ? 

—Juste avant, sache que j'y ai donné mes tripes ! s'éxclame t'il d'un ton enthousiaste. 

— On en doute pas Juan, allez, rend la vue à ma femme. 

Je sens ses doigts retirer délicatement le tissus de mes yeux, lorsque je recouvre la vue, je suis ébahis par ce que je vois. 

—Juan c'est...

Magnifique. 

Nous avons décidé que le mariage aurait lieu dans la maison que mon père m'a légué et Juan m'a supplié de le laisser faire la décoration pour la cérémonie, je n'ai bien évidement pas pu refuser. Quand je vois la beauté du lieu, je ne regrette rien. Les rangées de bancs blancs en plein air, entouré par la nature et la beauté de la campagne. Le parfum enivrant des roses blanches et des pivoines embaument l'air, créant une atmosphère romantique. 

Tout est absolument parfait.

Au bout de l'allée trône un magnifique arche fleuri qui se dresse majestueusement, tréssé de lierre et de roses. 

Oui, tout est absolument parfait pour ce jour où Diego et moi nous aprêtons à célébrer notre amour pour unir nos âmes pour toujours. 

Je lance un regard à Diego qui lui aussi semble ravis de ce que Juan a fait de cet endroit, même si il est trop fier pour l'admettre. 

— Je songe à me reconvertir en tant que décorateur d'intérieur. prononce Juan avec conviction, les bras croisés sur son torse.

Un ricanement m'échappe alors que Diego passe son bras autour de mon dos.

—C'est parfait...dis-je en appuyant ma tête sur son épaule. 

                                     ***

Ce miroir dans lequel je me contemple aujourd'hui est le même dans lequel je me regardais quand je me demandais comment est-ce que j'allais bien pouvoir m'en sortir.

Aujourd'hui mon cœur est gonflé d'une fierté que je n'avais jamas ressenti auparavant. 

Je l'ai fait, j'ai réussi. 

Malgré tout ce que nous avons perdu, tout ce qui nous a été arraché, tout ce que nous avons traversé pour atteindre le rivage, ça en valait la peine, quand on lit la fin, parce qu'elle est tellement belle. 

Dans ce miroir, je contemple la robe de mariée de mes rêves épouser à la perfection mon corps, avec ces longues manches transparentes ornées de motifs floraux délicats, le corsage lui, est agrémenté de perles scintllantes qui captent la lumière rendant chacun de mes mouvements étincelants. La jupe fluide s'évase à en former une traîne majestueuse. 

Même si certaines chaises seront vides, je sais que mon père, Esmerada, Federico, Karina et Yoni veillent sur nous aujourd'hui, pour le plus beau jour de notre vie.