CHAPITRE 68

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                                   DIEGO

Mes hommes postés à l'entrée nous saluent d'un signe de la tête lorsque nous arrivons. Ma main descend le long du dos de Lolita avant de se poser dans le creux de ses reins, je devine à son expression qu'elle aurait aimé que notre séjour au chalet ne s'abrège pas aussi vite.

Durant ces deux derniers jours, je ne l'avais jamais vue aussi souriante, aussi insouciante. J'ai compris beaucoup de choses quand son sourire illuminant son visage m'a fait ressentir tout un tas de choses inexplicables.

J'ai compris que j'étais prêt à beaucoup de choses pour qu'il ne disparaisse jamais. Mais pour ça, j'ai besoin de temps, et j'ai surtout besoin d'être ici pour régler les merdes qui nous tombent dessus.

A peine ai-je ouvert la porte que Juan, Carlos et Caleb s'exclament déjà sur notre retour. Juan saute par-dessus le canapé pour prendre Lolita dans ses bras, lui arrachant un petit rire de surprise.

— Tu m'as trop manqué bichito. dit-il en la serrant dans ses bras.

— Juan, on est partis que deux jours. lâché-je en rangeant les clés de ma voiture dans le tiroir à l'entrée.

— Toi tu m'as pas manqué, pendejo. rétorque t'il avant de conduire Lolita dans le salon en lui racontant qu'il a tenté de faire des pancakes mais qu'il a oublié de mettre de la farine.

Carlos avance vers moi avant de me saluer d'une accolade, je peux voir à son expression que quelque chose ne  va pas. Alors je l'interroge :

— Qu'est ce qui se passe ?

Carlos me regarde, l'air interloqué par ma question.

— Tu me connais vraiment par cœur, ça en devient flippant.

Un sourire incurve mes lèvres, après toutes ces années à l'avoir comme bras droit, j'ai fini par reconnaître des signes qui ne trompent pas. C'est ce qui a rendu notre duo indestructible.

— Il faut que je te dise un truc, un truc vraiment urgent.

J'opine d'un hochement de la tête avant de jeter un regard dans la direction de Lolita, elle est assise sur le canapé en train de discuter avec Juan et Caleb. Alors ma main sur la poignée de la porte, je nous fais sortir, Carlos et moi.

L'air frais souffle sur nous alors que nous nous asseyons sur la première marche du perron. Je sors une cigarette de mon paquet que je coince entre mes lèvres avant de tendre mon paquet à Carlos.

— Alors ? Je t'écoute. je lance en apportant la flamme de mon briquet à la cigarette.

Carlos prend une profonde inspiration en passant une main sur son visage, l'air de chercher ses mots. Il me rend nerveux quand il fait ça.

— Putain...je...en fait-

— Abrège, vite.

— Tess est enceinte.

Je ne m'attendais pas à ça, c'est sûr. Aucun mot ne sort de ma bouche, je me contente de regarder Carlos se décomposer devant moi.

— Et je sais pas quoi faire...m'avoue t'il.

— Tu vas l'assumer, la réponse est déjà toute trouvée.

Il ancre ses yeux dans les miens, me dévisageant presque avec surprise.

— Mais, et le cartel ?

— On se débrouillera, ce gamin aura plus besoin de toi que nous.

Carlos hoche la tête, l'air soulagé. Finalement, il lève les yeux vers le ciel noir et prononce :

— J'arrive pas à croire que je vais être papa, tu te rends compte ?

J'ai du mal à réaliser moi aussi.

— Tu feras un bon père, c'est certain.

— Il faudra que j'arrête cette merde. annonce t'il d'un ton plein d'excitation en lançant sa cigarette par terre.

Je ricane face à son geste, en réfléchissant à la manière dont je vais bien pouvoir protéger Teresa et son bébé en attendant que je règle cette histoire avec les Russes. Je repense souvent à Karina, en me rappelant que j'ai échoué à la protéger, et je ne referais pas la même erreur avec Teresa.

— Tu as changé, j'ai l'impression que Trevas a complètement disparu. 

— C'est juste que certaines choses n'ont plus autant d'importance qu'avant.

Depuis que Lolita est réapparue dans ma vie, mes priorités ont changées. Je ne désire plus la puissance et le pouvoir. C'est différent à présent, je le sens. Je crois que tout ce que je veux, c'est vivre une vie normale à ses côtés. Mais est ce que dans mon monde le luxe de choisir existe ?

C'est comme pénétrer dans les ténèbres sans aucune chance de revoir la lumière un jour. Les chaînes qui me lient à ce monde ne peuvent être brisées qu'à une seule condition : la mort.

— Diego ?

La voix de Caleb me sort de mes pensées, Carlos et moi tournons simultanément la tête vers lui qui se tient dans l'encadrement de la porte d'entrée.

D'un regard, je lui intime de continuer.

— J'ai une piste sur Ruslan Petrova. m'annonce t'il.

— Laquelle ? je réponds, intéressé.

— Elijah Petrova, son fils aîné. Il se rend régulièrement à des combats illégaux à Los Angeles, dont l'un qui aura lieu demain.

Carlos et moi échangeons un regard complice. Je compte bien me pointer dans le pays des gringos pour avoir une petite conversation avec le fils de celui qui s'en prend à mes affaires depuis des mois.

— On part quand ? m'interroge Carlos, comme s' il lisait dans mes pensées.

— Maintenant. lancé-je sans réfléchir.

***

Andrew nous attend avec le jet à l'aérodrome. Juan, Carlos et Caleb sont avec moi, nous traversons la zone bétonnée afin de rejoindre Andrew qui nous fait d'immenses gestes de bras pour nous alerter de sa présence, comme si les lumières de mon propre jet ne suffisaient pas. De ce que Caleb m'a dit, ce sera facile de communiquer avec Elijah, sa relation avec son baltringue de père n'est apparemment pas des plus harmonieuses, à mon plus grand intérêt. Mon but c'est de savoir le plus de choses sur Ruslan pour tirer les choses à mon avantages, il est comme un fantôme, tapit dans l'ombre, qui laisse le travail à ces larbins comme Katherina et Guzman.

— Hey guys ! Ça baigne ? s'écrit Andrew d'un air enthousiaste.

— Hey my friend. rétorque Juan en lui donnant une accolade amicale.

Je le salue d'un simple hochement de tête, mon attention portée particulièrement sur ce bob à motif de nappe qu'il porte depuis le jour que je le connais.

Nous montons dans le jet, Caleb s'installe en face de moi, son ordinateur portable sur ses genoux. Je rive mon regard à travers l'hublot, le ciel noir m'empêche d'apercevoir quoi que se soit. Mes mains plongées dans les poches de ma veste aviateur, je sens ce petit objet que je garde dans ma poche depuis maintenant plusieurs semaines.

Je ressors ma main, avant de découvrir cette chose au creux de ma paume. L'écrin bleu marine en velours cède sous mes doigts, révélant une bague en or blanc orné d'un diamant de deux carats.

J'attends le bon moment pour lui faire ma demande. Ce week-end loin de tout était la parfaite occasion, alors pourquoi je ne l'ai pas saisi ?

Je la désire, cœur et âme. Du plus profond de mes entrailles je désire que cette femme soit mienne, pour toujours et à jamais.

Aimer Lolita m'a procuré mille et une chose, et c'est la première fois que je l'admet, j'ai peur.

LolitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant