Christian
Tenir Ana dans mes bras me procure toujours la même satisfaction, instantanée, intense et enivrante. Ce soir, ma femme est tout en contrastes, étonnant mélange de naturel et de sophistication. Elle porte des ballerines et une robe Prada - en soie, aux teintes crème et marron glacé - avec une queue de cheval et des diamants aux oreilles.
- Mrs Grey, tu m'as manqué aujourd'hui.
C'est la vérité. Mon âme a besoin d'elle en permanence pour ne pas dépérir. Je la dévore du regard. Déjà, un sombre désir se répand dans mes veines, aussi je m'approche d'elle et prends son visage en coupe avant de me pencher sur elle.
- Christian... chuchote-t-elle, la voix rauque.
Elle ne peut en dire davantage parce que je l'embrasse, une main au creux de ses reins. Mmm... J'aime le contact de la soie sur Ana. Je sens sa culotte en dessous, mais je cherche plutôt le bombé de son cul ferme. Empoignant Ana aux fesses, je la plaque contre moi. Je me frotte à elle. Je bande. J'ai envie d'elle. Mon baiser devient plus violent. Elle m'agrippe aux cheveux et répond à mon appel muet avec la même sauvagerie possessive et primitive. Sans quitter ses lèvres, je soulève Ana du sol pour l'emporter... Où ? Le lit est trop loin...
Sur une impulsion, je pivote pour coller Ana au mur, puis je passe ses jambes autour de ma taille. - Ici ? s'étonne-t-elle.
- Ici. Maintenant. Tout de suite.
Ma voix a changé, mes ordres sont secs et urgents. Elle y répond en s'amollissant contre moi, abandonnée et offerte.
- Oui monsieur.
Je la maintiens d'une main ; de l'autre, je remonte la soie de sa jupe jusqu'à sa taille. Comme je m'en doutais, elle porte des bas. Parfait. J'effleure la dentelle qui marque la démarcation entre le fin tissu et sa cuisse nue, dont la texture est tout aussi soyeuse, mais bien plus chaude, vivante et ferme.
Je n'ai pas envie de perdre du temps à la déshabiller et sa culotte et un obstacle à mes dessins. Je l'arrache. Amusée, Ana glousse doucement en frottant son visage contre mon cou. Elle s'accroche à deux mains à mes épaules, les jambes grandes ouvertes.
Glissant la main sur son sexe, je vérifie qu'elle est prête à me recevoir. C'est le cas. Elle est trempée. Elle réagit à mon envie d'elle. Notre connexion sexuelle a toujours été très forte, depuis le premier jour. Je suis heureux de voir que le temps n'a rien changé à notre attirance mutuelle et que même sa grossesse n'empêche pas Anastasia de me désirer. Au contraire, le bouleversement de ses hormones ne la rend que plus déchaînée. Ses seins sont plus sensibles, plus gonflés, je dois les manipuler avec soin.
C'est avec des doigts humides que je détache ma ceinture, mon bouton, ma fermeture éclair, pour libérer mon sexe rigide. Je me positionne et je pénètre ma femme d'une seule poussée. Elle pousse un cri. Moi aussi.
- Oh baby...
- Ne t'arrête pas ! s'écrie-t-elle. Vas-y. Prends-moi. Prends-moi fort.
Je suis plus que prêt à répondre à sa demande - à ses ordres mêmes. Je la martèle et son dos heurte le mur en cadence, un bruit érotique et sensuel qui m'enflamme davantage alors que je n'en ai pas besoin. Ana geint et cherche à étouffer ses cris contre ma gorge.
- Les murs sont insonorisés, baby. Personne ne nous entendra. Hurle, je veux t'entendre. Hurle, Ana.
Elle renverse la tête pour me regarder, les paupières mi closes, la bouche gonflée. Elle se mordille la lèvre, je m'interromps une seconde pour l'embrasser avant de reprendre mes coups de reins.
- Je vais... Je vais... halète-t-elle.
Il fut un temps où je lui aurais conseillé - non, ordonné - de retenir son orgasme afin d'exacerber ses sensations. Quitte à la menacer d'une punition si elle n'obéissait pas. Mais pas aujourd'hui. Au contraire, je suis enchanté de constater qu'elle atteint si vite la jouissance. Nous avons tout le reste de la nuit pour nous aimer plus longuement.
- Jouis pour moi, Ana.
Elle réagit instantanément et je sens ses spasmes. D'abord, sous mes mains qui la retiennent aux cuisses, puis sur ma queue, délicieusement malaxée par ses muscles intimes. En fait, Ana tremble contre moi de tout son corps. Ce qui déclenche mon propre plaisir. C'est si violent que ça me coupe les jambes, je dois plaquer une main contre le mur pour ne pas m'écrouler. Je presse mon front humide contre le sien, nos souffles sont aussi pantelants l'un que l'autre.
Quand je retrouve un minimum de contrôle, je me laisse glisser à genoux, puis assis, Ana toujours serré contre moi. Une fois le dos au mur, je serre ma femme dans mes bras. Elle est toute molle, abandonnée, les yeux clos. Elle a aux lèvres un sourire satisfait.
Quant à moi, je suis heureux.
- Tu es à moi, dis-je, tout bas.
Elle soulève les paupières, l'air étonnée.
- Bien entendu. Pourquoi ? Tu en doutais ?
Non, mais je repense à ce que m'a dit John sur les concessions de l'amour, ses tourmentes, ses difficultés. Rien n'est jamais acquis en ce bas monde. Dans le milieu professionnel, j'en suis conscient depuis longtemps. Et je découvre que dans un couple, c'est la même chose. Chaque jour offre une aube nouvelle, pleine de surprises et de découvertes. Le futur s'ouvre devant moi, lumineux, partagé...
En évoquant ces années à venir, je n'ai plus peur... enfin, presque plus. J'aimerais dire quelque chose d'important pour marquer cette révélation... - Ta robe est toute chiffonnée, baby. Grey ! C'est consternant.
- Ce n'est pas grave, répond-elle en souriant. Quand tu es arrivé, je m'apprêtais à prendre une douche avant le dîner. Tu veux la prendre avec moi ?
- J'adorerais, baby, mais je dois vérifier mes mails. Si je vais dans la douche avec toi, je sais très bien comment cela finira.
Ana se renfrogne.
- Tu as déchiré ma culotte. Comme elle venait de chez Victoria Secret, je n'ose même pas imaginer son prix.
- Tant pis. Ça valait le coup. J'étais pressé. Mais elle était très jolie et je serais heureux de la remplacer.
Quand j'ai connu Ana, elle portait de sages culottes en coton blanc. Personnellement, j'adore la lingerie fine, le satin, la soie et la dentelle. Ana ne s'est pas (trop) fait prier pour satisfaire mon fétichisme, mais elle s'offusque encore du prix de ces sous-vêtements. Surtout quand j'en fais de la charpie.
Le lendemain matin
***
Je suis réveillé en sursaut quand Ana quitte le lit pour se précipiter aux toilettes. Je soupire parce que je reconnais cette urgence : elle est encore malade. J'attends d'entendre le bruit de la chasse, puis l'eau qui coule dans le lavabo avant de la rejoindre dans la salle de bain.
Elle se regarde dans la glace, le visage ruisselant d'eau. - Ana, tu ne devrais pas aller travailler.
- Christian, nous avons la même discussion tous les matins. Ça va aller. D'après le Dr Greene, ces malaises ne devraient pas tarder à disparaître. De plus, Gail me propose des petits déjeuners adaptés à mon état, je réussis à les garder. Le plus souvent...
Ana esquisse un petit sourire d'excuse et reprend :
- Je ne perds pas de poids. Le bébé se développe normalement. Ne t'inquiète pas. Tout va bien.
Je prends une serviette pour lui essuyer le visage. Elle s'est librement aspergée, sans doute pour se rafraîchir après sa nausée. Hier soir, elle était une séductrice, une enchanteresse. Ce matin, elle paraît toute jeune et fragile. Je me sens d'autant plus protecteur envers elle.
- Tu es certaine que tu ne veux pas retourner voir le médecin, baby ? - Non, j'ai rendez-vous avec elle dans quinze jours. - Je viendrai avec toi.
- Tu te rappelles que le Dr Greene a prévu de me faire une nouvelle échographie ? Ça risque de prendre plus longtemps que d'ordinaire.
- Je sais. Je viendrai avec toi.
Je jette un coup d'œil sur ma montre. Il est encore très tôt.
- Ana, tu n'as pas besoin de te lever avant 45 minutes. Pourquoi ne retournerais-tu pas te coucher ? Tu es très pâle.
- D'accord.
Une fois que je l'ai aidée à s'étendre, elle me retient par le bras.
- Mets-moi une corbeille près du lit, s'il te plaît. J'ai failli ne pas réussir à atteindre les toilettes à temps ce matin.
- Tu n'as rien mangé ! Tu n'as plus rien à vomir.
- Si, de la bile... (Elle fait la grimace.) Et ce n'est pas très agréable.
Merde ! Cette grossesse l'épuise. Tout le monde a beau m'expliquer que c'est normal, je ne supporte pas de voir Ana dans cet état. Elle est si mince. Si jeune. Si petite... je me contrefous que toutes les autres femmes subissent les mêmes difficultés, je veux que ce soit différent pour la mienne. Mais je ne peux rien faire. Ce que je ne supporte pas. Quelque part, j'ai la sensation que tout est de ma faute.
Évidemment, Grey, c'est toi qui lui as fait ce bébé !
- Qu'as-tu de prévu pour aujourd'hui ? Dis-je, dans l'espoir de démontrer à Ana que sa présence à SIP n'est pas indispensable.
- Lire, essentiellement. J'ai une pile de manuscrits à trier et annoter. Dans l'après-midi, je dois aussi rencontrer un auteur pour déterminer la date de publication de son premier roman.
- Un homme ?
Mon ton est plus sec que je ne l'aurais voulu. - Non, Christian, c'est une femme.
Je pose la main sur le front d'Ana. Elle n'a pas de fièvre. Au contraire, sa peau est fraîche. En fait, peut-être même trop... Je la trouve aussi moite. Est-ce une suée froide ou bien l'eau du robinet ? Je n'en sais rien. J'examine Ana de près : elle a les yeux écarquillés et sa peau d'albâtre n'est pas du rose délicat de la santé, mais légèrement jaunie, comme le plus fin des parchemins. Bon Dieu ! Je m'en veux terriblement de l'avoir fait veiller hier soir. Ana a besoin de sommeil, bien plus que moi. J'aurais dû la laisser dormir.
- Tu es certaine d'être obligée de te lever ? Je pourrais téléphoner à Roach pour te faire remplacer quelques jours. Je pourrais aussi demander à Hannah de déplacer ton rendez-vous.
- Mais non, ça va aller.
Elle soupire, puis m'adresse un sourire en disant :
- Si tu veux faire quelque chose, apporte-moi un petit déjeuner au lit. Des toasts, sans rien dessus, et du thé, du Twinings avec le sachet...
-... à côté, oui je sais, Ana.
Enchanté à l'idée de pouvoir lui être utile, je me suis relevé d'un bond. Je file vers la porte. Au moment où je mets la main sur la poignée, une idée me vient. Je fronce les sourcils.
- Tu peux prendre du thé en étant enceinte ? Je croyais que tous les excitants étaient à éviter. Ana éclate d'un rire amusé.
- Christian, j'ai besoin de m'hydrater. C'est important.
Elle a raison. Une fois dans le couloir, je réalise qu'elle m'a manipulé : elle n'a pas rien promis, elle a détourné mon attention en me donnant une tâche à accomplir. Elle a très bien réussi à me distraire de mon obsession à son sujet.
Elle apprend vite.
Normal, Grey. Je te rappelle qu'elle vit auprès du roi des manipulateurs.
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Livre 4
RandomQui domine les autres est fort. Qui se domine est puissant. * Être aimé donne de la force Aimer donne du courage Lao Tzeu FAMILLE Par FIFTY SHADES de GREY **** LIVRE IV