Devant SIP Merde ! Ils sont toujours là.

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***
J'accompagne Ana jusqu'à la porte de l'immeuble en lui tenant le bras. Ryan est Sawyer repoussent les journalistes qui nous assiègent.
- Mrs Grey ? Est-il exact que vous soyez enceinte de trois mois ? Crie une journaliste au museau de fouine.
- Le bébé a-t-il été conçu durant votre lune de miel ?
- Mr Grey, est-ce parce qu'elle était enceinte que vous avez dû épouser Mrs Grey ? Hurle un gros chauve. C'est l'explication de ce mariage précipité ?
- Mrs Grey ? Notre bébé n'a-t-il vraiment que trois mois ? N'avez-vous pas programmé cette grossesse pour obtenir une bague au doigt ?
- Dégage connard !
Sawyer vient d'intervenir. Je ne lui ai jamais entendu une telle rage dans la voix. Ni un tel vocabulaire en ma présence.
- Mrs Grey, étiez-vous complice de l'enlèvement de votre belle-sœur ?
Cette fois, je me fige... avant de me retourner, décidé à massacrer cet enfoiré, mais Taylor m'en empêche. Deux agents de sécurité - Miller et Singer, si je me souviens bien - émergent de SIP pour venir à la rescousse. Roach les accompagne. Ana et moi sommes déjà devant la porte à tambour. Ana a les yeux écarquillés, le teint blême.
- Christian, pourquoi disent-ils ça ?
- C'est une propriété privée, crie Roach à la meute. Ne vous avisez pas de mettre un pied dans nos bureaux, je n'hésiterai pas à porter plainte.
Quelqu'un a dû prévenir la police : j'entends des sirènes. Deux voitures s'arrêtent le long du trottoir, l'inspecteur Clark sort de la première, plusieurs agents en uniforme le suivent.
- Dispersez-moi ces foutus journalistes, ordonne l'inspecteur à ses hommes.
- Nos lecteurs ont le droit d'être au courant ! Protesta un paparazzi. La liberté de la presse...
- La liberté de la presse ne vous donne pas le droit d'agresser une jeune femme ni de pénétrer dans une propriété privée. Et si vous ne la bouclez pas, vous passerez quelques heures en prison pour que cette évidence vous pénètre bien dans le crâne.
Les agents écartent les reporters qui ne sont pas contents.
- Mrs Grey ? Je suis Al James, de Seattle Celebrity News, crie un entêté au visage poupin. D'après nos informations, vous et d'autres membres de SIP étiez impliqués dans le kidnapping de Mia Grey. Pourquoi ce coup de feu ? Y a-t-il eu dispute au moment du partage ?
- Et votre patron était-il votre amant ? Hyde est-il le père de votre enfant ?
C'est à nouveau le chauve ventripotent. Ce porc transpire malgré la brise fraîche qui souffle ce matin sur Seattle. J'ai aussi le front moite sous l'effet de la colère qui bouillonne en moi.
Sawyer empoigne le mec par la nuque et le propulse en direction d'un agent. - Pourquoi n'empêchez-vous pas cette ordure d'insulter Mrs Grey ?
Sur un ordre de Clark, le policier passe les menottes au reporter. Al James recule en voyant le sort de son confrère, mais il crie d'un ton menaçant :
- La vérité finira bien par émerger, Mrs Grey !
Contournant les agents occupés près de la grille à disperser les autres, le mec s'approche d'Ana. Malheureusement pour lui, il est à ma portée. Je l'agrippe par le cou et le soulève sur la pointe des pieds.
- La vérité, misérable trou du cul ? Qu'est-ce que tu connais de la vérité ?
J'ai une bonne poigne. Le mec est déjà ponceau. Taylor me l'arrache des mains au moment où l'inspecteur Clark apparait près de moi :
- Mr Grey, entrez dans le bâtiment, je vous prie. Je vais m'occuper de ce coco-là. J'ai entendu ses accusations, si vous voulez porter plainte, je serai votre témoin.
Ana est dans l'entrée de SIP, complètement brisée. Elle a les deux bras croisés sur le ventre comme si quelqu'un venait de la frapper. Où est la jeune femme adorable qui, moins d'une heure plus tôt, attachait les boutons de ma chemise en me parlant gaiement du mariage de Taylor ? Je ne supporte pas que ces enfoirés aient ainsi terni sa joie de vivre.
Une vérité me frappe - quelque chose qui jusque-là m'a échappé. Depuis plusieurs mois, avant même notre mariage, j'insiste pour qu'Ana cesse de travailler et reste à la maison. Quel égoïsme de ma part ! Je la voulais à ma disposition, dans une cage... aussi dorée soit-elle. Si elle avait cédé à mes ordres, c'est moi qui aurais éteint son énergie vitale. Ce que j'aime chez Ana, c'est sa vivacité, son audace, ses rires, son imagination et son enthousiasme. Personne n'a le droit de lui voler ça, ni ces putains de journalistes, ni moi.
Même si je l'aime plus que ma vie.
- Ana, est-ce que tu n'as pas du travail ? Je suis le patron du patron de ton patron, je ne paye pas mes employés pour bouder dans le hall d'entrée.
- Tu ne crois pas que je devrais rentrer à la maison... ?
Mon cœur se brise. Je m'approche pour prendre son visage en coupe dans mes mains. Je me contrefous des gens qui nous entourent ou des journalistes qui risquent de nous voir à travers les portes vitrées.
- Non, baby. Quand on tombe de vélo ou de cheval, il faut remonter en selle pour repartir de plus belle.
- Hey Ana ! Crie une voix féminine et animée.
Nous nous retournons ensemble, il s'agit de Claire Murphy, la réceptionniste, une Afro-Américaine et une amie d'Ana. Près d'elle se trouve Hannah Maury, un grand sourire aux lèvres. C'est l'assistante d'Ana à SIP.
Prenant ma femme par le coude, je l'entraîne en direction du couloir. Des pas légers nous suivent. Une fois dans le bureau, j'en claque la porte pour laisser Hannah à l'extérieur. Elle est gentille, mais elle manque parfois de jugeote.
- Ana, regarde-moi.
Elle reste inerte, la tête basse.
- Ainsi, voilà ce que les gens pensent de moi...
- Bien sûr que non ! Tu ne vas quand même pas croire que quelques misérables fouille-merdes représentent la population de Seattle ! Ces gens-là vivent de la boue qu'ils répandent sur les autres, baby. Ne t'inquiète pas, je vais éteindre ces foutues rumeurs une par une. Même si je dois acheter tous leurs torchons pour y mettre le feu !
Anna s'écarte de moi et se laisse lourdement tomber dans son fauteuil.
- Mais enfin, tu les as entendus ? Ils insinuent que j'ai utilisé notre enfant pour te piéger ! Qui peut avoir l'idée de répandre de telles horreurs ?
Elle parait plus atteinte par cette accusation que par sa supposée complicité dans l'enlèvement de Mia.
- Ana, je sais que ce n'est pas vrai, c'est tout ce qui compte, non ? Elle lève sur moi des yeux sans vie.
- Ton père aussi croyait que je m'intéressais à ton argent. Et même toi... tu as cru que je te quittais pour cinq millions...
La voix est tellement brisée que la culpabilité me ravage.
- Je l'ai cru parce que tu me l'as dit. Je l'ai cru parce que... Merde, je ne l'ai pas cru longtemps. J'ai été con, complètement con, mais la situation était tendue. Je sais que tu m'aimes, que tu aimes notre enfant. Quant à ces ragots grotesques, nous réglerons le problème ensemble. Écoute, toutes les célébrités, que ce soit les rock stars, les acteurs, les hommes d'affaires, ont un jour ou l'autre leur vie examinée au microscope et leurs noms qui apparat dans les journaux à scandale. Je suis milliardaire. Tu es ma femme, ce qui fait de toi une cible. La meilleure façon de mépriser ces gens-là est de continuer à mener ta vie comme s'ils n'existaient pas. Donc, tu vas travailler.
- Ah...
Elle ne parait pas convaincue, Grey.
- Et afin de faire cesser ces rumeurs grotesques concernant ta grossesse, tu vas rencontrer un journaliste sérieux pour une entrevue.
- Non, je suis trop bouleversée. Je... je ne sais pas.
- Anastasia, réfléchis. Ce sera où tu veux et quand tu veux. Ce sera à toi de poser tes conditions. Et nous étudierons à l'avance les questions qu'elle aura le droit de te poser.
- Elle ?
- Oui, je pense que tu seras plus à l'aise si le journaliste est une femme. D'accord ? Elle hoche la tête comme un robot.
- Ana, tu m'inquiètes. Regarde-moi. Cette fois, elle obéit. Et ses yeux s'animent.
- Baby, ne les laisse pas t'atteindre, ne leur donne pas ce pouvoir.
- J'essaye, mais c'est difficile. Je n'ai jamais été accusée publiquement de façon aussi... Elle s'interrompt en frissonnant.
- Je sais. Je suis désolé. C'est à cause de moi que tu es dans cette situation.
- Je commence à comprendre pourquoi tu vivais dans ta tour d'ivoire, isolé du monde. Mais je ne peux pas, Christian. Je ne veux pas vivre comme ça !
- C'est pourtant efficace. Je te signale que mon nom n'apparaissait jamais dans les journaux à scandale, malgré mes divertissements d'un genre... particulier. Il faut que tu t'endurcisses, baby, tu entendras souvent des ragots déplaisants. Les gens s'intéresseront toujours à l'argent, à la beauté, à la position sociale. Cette forme de pouvoir créé des envieux, des jaloux, des aigris. Ne pense pas à eux, ils n'en valent pas la peine. Tu as de la famille et des amis qui t'aiment pour ce que tu es. Et moi, je suis follement amoureux de toi. Sois forte Ana, pour notre enfant. En es-tu capable ?
Je lance mon défi en levant les sourcils. Ana a petit sourire triste.
- Les mensonges sont comme un poison, Christian. Lorsqu'ils se répandent, ils risquent de provoquer des dommages irréversibles. Ils peuvent aussi devenir crédibles peu à peu. Je ne veux pas que tu puisses...
- Ah. C'est ce qui t'inquiète ? Ana, j'ai serré ton corps inerte dans mes bras. Je t'ai cru morte. Tout mon univers a été bouleversé ce jour-là. Tu es tout ce qui compte au monde pour moi, crois-tu vraiment que quelques mots hurlés par un gros porc suant aient le pouvoir de contrebalancer mon amour pour toi ?
- Non !
Elle se redresse et se jette dans mes bras.
- Je suis désolée, Christian, désolée d'être aussi faible.
- Tu n'es pas faible, mon amour. Tu es forte.
Je la serre contre moi en silence, un long moment. Puis je chuchote :
- ... et maintenant, tu te sens capable de travailler ?
- Oui.
- Pas de folies ! Dis-je sévèrement. Sawyer et Ryan resteront avec toi. Ne sors pas pour déjeuner. Envoie l'un des deux chercher ce qu'il te faut.
- Bien sûr.

Livre 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant