Vers la Lumière

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Septembre 2014

Christian

Je n'oublierai jamais la première fois où j'ai tenu ma fille dans mes bras, si petite et vulnérable, et

pourtant si puissante. Dès la première seconde, elle m'a enroulé autour de son minuscule petit doigt. J'ai

su que je la chérirai de toute mon âme jusqu'à la fin de mes jours. Elle est si belle, si précieuse, si unique.

Phoebe Grace Grey. Elle ressemble à sa mère, Ana. Elle ressemble aussi à la mienne, Ella, du moins,

d'après les rares souvenirs que j'ai d'elle : mince, pâle, brune. Je n'aurais jamais cru pouvoir associer

ma fille et ma mère, surtout après la façon dont j'ai formellement refusé la proposition d'Ana de de

prénommer notre fille Ella. Je ne voulais pas voir mon sordide passé souiller l'existence de cette enfant

innocente.

Et pourtant, en la regardant, c'est à Ella Watson que je pense.

C'est à cause d'Ana qui, au printemps dernier, m'a forcé à aller me recueillir sur sa tombe.

Anastasia. Ma femme. Elle m'a tout donné en ce monde : l'amour, une famille et des enfants, la

lumière. Elle a ranimé ce cœur que je prétendais ne pas avoir. Et son dernier cadeau a été de me

réconcilier avec une partie de mon passé. J'en garderai toujours des cicatrices, morales et physiques,

mais d'après mon psychiatre, le bon Dr Flynn, je suis en voie de guérison. Et je n'arrive pas encore à y

croire : j'ai toujours cru que ce but ultime était inatteignable.

À cœur vaillant, rien d'impossible138, dit le proverbe.

C'est grâce à l'amour d'Ana, à sa confiance en moi, à sa présence dans ma vie. D'accord, je suis

(très) loin d'être parfait : je reste toujours un maniaque du contrôle, lunatique, colérique, excessif. Elle

m'aime malgré tous mes défauts. Et à ses côtés, j'apprends à me détendre, à savourer un bonheur

tranquille et quotidien. J'ai une famille. MA famille. Bien sûr, depuis qu'ils m'ont adopté, les Grey

m'ont entouré d'amour et offert une solide structure familiale dans laquelle grandir et m'épanouir, mais

c'était différent. J'avais la sensation d'être le mouton noir arrivé là par erreur, aussi je m'attendais sans

cesse à ce que mes parents réalisent la vérité et me flanquent à la porte. Aujourd'hui, tout mon passé

m'apparaît comme une gigantesque foutaise. Je déteste l'enfant tourmenté que j'ai été, l'adolescent

rebelle, le dominant violent. Je déteste quasiment tout de ma vie avant Anastasia. Elle a dessiné pour

moi une frontière infranchissable entre le bien et le mal, ou plutôt entre ce qu'il convient de faire et ce

qui est interdit. Et Dieu sait si cette frontière, avant de connaître ma femme, je l'ai souvent franchie !

Autrefois, je ne ressentais aucune culpabilité en maniant le fouet sur des femmes consentantes, qui

ressentaient un plaisir malsain à recevoir ce genre de traitements. Je connaissais du sexe ce qu'Elena

m'avait appris, je voyais le monde à travers sa vision déviée. Aujourd'hui, je suis un homme marié, père

Livre 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant