Bonnes Nouvelles

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Christian
Ana est enfin ramenée dans une chambre. L’infirmière me sourit gentiment :
— Elle dort, Mr Grey. Elle ne va pas tarder à redevenir elle-même.
Ana a plusieurs fois ouvert les yeux en salle de réveil. Nous avons échangé quelques mots mais je ne
pense pas qu’elle ait été véritablement conscience. J’ai juste entendu « j’ai froid », répété plusieurs fois.
Le personnel de garde l’a enveloppé dans une étrange couverture qui sortait d’un micro-ondes, (je crois),
très fine mais très chaude.
Mes parents sont avec moi dans la chambre. Ma mère pose une main fine sur mon épaule. Je suis
écroulé dans un siège, je ne pense pas que mes jambes me permettraient de rester debout. Par la porte
ouverte, je vois Taylor et Sawyer dans le couloir.
— Chéri, ton père et moi allons rentrer à présent. Je repasserai demain matin.
Je pose la main sur la sienne et serre doucement.
— Merci à vous deux d’être venu.
— C’est bien normal, fils. Embrasse bien Ana de notre part quand elle se réveillera.
— Christian, tu découvriras très vite qu’être parent, c’est aussi TOUJOURS se faire du souci pour
sa progéniture, à n’importe quel âge. Je suis heureuse que tu nous aies appelés. C’est important de se
sentir utile.
Sa réflexion me fait penser à…
— Vous avez des nouvelles d’Elliot ?
— Oui, il dit que ce n’est pas facile. Il rencontre chaque fois les mêmes difficultés administratives
à Haïti.
Quand je suis seul, je mets ma tête dans mes mains, je me frotte les tempes. J’ai un mal au crâne
faramineux.
Bon Dieu, quelle journée de merde !
Ana remue dans le lit. Un énorme fardeau disparait de mes épaules. Je me penche sur elle.
— Baby, comment vas-tu ?
— Mieux, répond-elle avec un sourire tremblant. En fait, je vais même bien. Je suis juste fatiguée…
Elle fronce les sourcils et parait réfléchir avant d’ajouter tristement :
— Mais c’était déjà le cas ces derniers jours.
— Comment ça ?
— Je n’arrêtais pas de dormir.
Oh baby !
— Anastasia, qu’est-ce que je vais faire de toi ? Pourquoi n’as-tu pas fait venir un médecin ?
— Pour quelle raison ? S’étonne-t-elle.
Elle m’explique doucement qu’elle pensait juste avoir pris froid et aussi que ses règles lui donnaient
des crampes. Et moi, je n’étais pas là pour prendre soin d’elle. Je suis furieux contre moi. D’un autre
côté, j’aurais eu l’air malin de devoir l’emmener dans un hôpital à New York, sans connaître les
praticiens. Merde, entre deux maux…
Je n’aurais jamais dû la laisser. Grey, elle voulait plus d’indépendance !
Ana est toute rouge d’avoir évoqué ses règles.
— J’ai pris de l’Advil ! Se défend-elle. Franchement, comment voulais-tu que je sache que j’allais
faire une hémorragie ?
L’Advil, pour Ana, c’est une panacée Je lui en donne souvent après une session dans la salle de jeu.
Cette idée me fait blêmir. Et puis je la revois dans cette mare de sang… J’aurais pu la perdre.
— Ana…
Elle me coupe la parole avec volubilité et enchaîne les questions. Elle veut savoir ce qu’elle a eu.
Elle est restée inconsciente la plupart du temps, il est normal qu’elle s’inquiète de son état. Je lui explique
qu’heureusement, ce n’était pas grave – un polype.
— Oh mon Dieu ! crie Ana affolée. Un polype ? Euh… c’est quoi ?
Ah ! Je crois avoir eu la même réaction cette nuit. Aucun souci, baby, j’ai un savoir tout frais à te
faire partager. J’en ai appris beaucoup sur les polypes utérins au cours des dernières heures ! Je la
rassure de mon mieux, il n’y a aucune séquelle après un curetage, elle pourra avoir d’autres enfants. Je
ne veux surtout pas qu’elle s’inquiète. Elle doit se reposer et remplacer tout le sang perdu. Je veux la
ramener au plus vite à la maison.
— Ana, par pitié, ne t’agite pas.
Elle a déjà les yeux qui se ferment. Dans un dernier élan, elle s’accroche à ma main et me demande
de rester avec elle. Bien sûr ! C’est le seul endroit au monde où je veux être – même si je hais les
hôpitaux.
— Au moins, cette fois, tu n’es pas dans le coma. Crois-moi, c’est une nette amélioration.
Elle s’endort un sourire aux lèvres. Je somnole dans mon fauteuil, la tête sur les couvertures. Ana et
moi sommes dérangés toutes les heures par une infirmière qui lui flanque une lampe dans les yeux et
prend sa tension. J’ai envie de râler et d’exiger qu’on laisse ma femme dormir en paix, mais je connais
le protocole après une AG, il s’agit d’éviter tout risque d’embolie… Bref, c’est pour le bien-être d’Ana,
aussi je ne dis rien.
Sawyer est rentré à Broadview mais Taylor est toujours de garde dans le couloir.
La nuit se déroule sans péripéties. À sa dernière visite, l’infirmière nous assure que tout est normal.
— Vous pourrez rentre chez vous dès que le Dr Greene aura signé votre exeat, Mrs Grey. Reposez-
vous bien ces prochains jours.
Oh, ça, c’est sûr. J’y veillerai – même si je dois enchaîner Ana à son lit pour l’empêcher de retourner
à SIP avant d’avoir complètement récupéré.
On frappe à la porte. C’est Grace. Elle entre avec un énorme bouquet de fleurs. Ana pousse un cri
ravi.
— Quelles sont belles ! Merci, Grace.
— J’ai déjà demandé un vase. Une infirmière ne va pas tarder à l’apporter.
— Maman, puisque tu es là, je vais m’éclipser un quart d’heure, le temps de prendre une douche,
d’accord ?
— Bien sûr, chéri.
Elles sont toutes les deux plongées dans une conversation concernant les livres préférés de Teddy
lorsque je quitte la chambre. D’après ce que j’entends, ma sœur a offert à mon fils un libre prêchant la
rébellion : Une règle est faite pour être enfreinte. Bon Dieu ! Mia va m’entendre !
J’ai (hélas !) déjà passé du temps dans ce putain d’hôpital, je sais où je peux me doucher. Dans le
couloir, Sawyer est revenu, avec un sac et des vêtements de rechange. Merci Gail ! J’ordonne à Taylor
de rentrer. Il hésite, puis acquiesce à contrecœur.
— Je vais me changer, monsieur. Je serai de retour dans deux heures.
Je sens son regard peser dans mon dos tandis que je m’éloigne. Quand je reviens, je constate qu’Ana
a reçu d’autres bouquets : Sawyer, Gail et Mia – que mes parents ont dû prévenir.
Elle a reçu un livre : Comment Communiquer Efficacement – pour les Nuls.
Tiens, ainsi cet opus existe. J’avais envisagé dans l’avion de me renseigner, je n’en ai pas eu le temps,
bien entendu. En l’ouvrant, je fais tomber un message.
Je demande à Ana.
— Comment vas-tu, baby ?
— Bien. J’aimerais qu’on m’enlève cette perfusion. J’ai des démangeaisons.
— Ne tripote pas cette aiguille, tu vas tout arracher. Le Dr Greene ne devrait pas tarder.
J’ouvre mon BlackBerry pour prévenir Andrea de mon absence aujourd’hui. Qu’elle annule tous mes
rendez-vous. Et qu’elle appelle aussi SIP pour prévenir qu’Ana est en congé maladie jusqu’à nouvel
ordre. Ma femme m’écoute, avec un sourire, un sourcil levé. Sans faire d’objection, elle se plonge dans
son livre.
Puisque j’ai mon appareil en main, je décide que je peux aussi bien vérifier mes mails. Je n’en crois
pas mes yeux devant la liste qui s’affiche. Je tombe dans un fauteuil et commence à traiter les plus
urgents. L’acquisition d’Appli Net demande d’autres décisions, que je suis le seul à pouvoir prendre.
Ros m’a envoyé plusieurs messages, Barney veut savoir si…
Quand je relève la tête, il est presque 11 heures et personne n’est encore passé. C’est inadmissible !
Je fais les cents pas – juste une expression, la pièce ne le permettrait pas. Je fronce les sourcils, Ana est
dans une petite chambre banale. Est-ce que… ? Non, Grey, elle ne va pas tarder à s’en aller. J’envisage
quand même d’acquérir une suite à l’année, sinon une aile privée dans cet hôpital. C’est idiot, mais ça
me change les idées.
— Arrête de tourner en rond, proteste Ana. Tu me donnes le tournis.
Je regarde ma montre – pour la dixième fois en cinq minutes.
— Mais qu’est-ce qu’elle fout, bon Dieu ?
D’un petit ton raisonnable, Ana évoque des « cas plus graves que le sien ».
— Je m’en fous des autres patients ! La seule qui m’intéresse, c’est toi.
Conscient d’être irrationnel – sinon complètement idiot – je reviens vers elle et la prends dans mes
bras. J’oublie tout en cachant mon visage dans ses cheveux… et c’est à ce moment précis que nous
sommes dérangés. Par le Dr Greene. Cette bonne femme a un sens du timing déplorable. Je l’accueille
sans la moindre affabilité. Elle m’ignore.
Le Dr Greene ressemble beaucoup à Kate par certains côtés…
***
Ana
Quand j’ouvre les yeux, je suis dans une chambre anonyme et obscure, avec une simple veilleuse au-
dessus de ma tête. Je suis toujours à l’hôpital. Cette fois, ma vision est claire. Christian est assis à côté
du lit, la tête dans les mains. Je tourne (à peine) la tête pour le regarder, étouffée par l’amour que je
ressens pour lui. J’essaie de bouger le bras. Une douleur au coude me fait froncer les sourcils, c’est une
perfusion. Pas étonnant, avec tout le sang que j’ai perdu.
Christian a remarqué mon infime mouvement. Il se penche sur moi.
— Baby, comment vas-tu ?
— Mieux. En fait, je vais même bien. Je suis juste fatiguée… comme ces derniers jours.
— Comment ça ?
— Je n’arrêtais pas de dormir.
Christian prend l’air sévère. Ses yeux gris sont brûlants d’anxiété et d’amour.
— Anastasia, qu’est-ce que je vais faire de toi ? Pourquoi n’as-tu pas fait venir un médecin ?
— Pour quelle raison ?
— Parce que tu n’allais pas bien !
— Je croyais que j’avais juste pris froid.
Il retient sa colère, je le sais à la façon dont sa mâchoire se durcit. Il a eu peur pour moi, aussi je lui
pardonne. Et puis, il a raison, j’aurais dû consulter.
— Je pensais aussi que c’était mes… (Je rougis,) mes règles qui tardaient à arriver. J’avais juste
des crampes et des courbatures, tu sais. Ce sont des symptômes grippaux, j’ai pris de l’Advil.
Je le regarde, implorante. Il ne répond pas. J’insiste :
— Franchement, je ne pouvais pas savoir que j’allais faire une hémorragie !
Christian blêmit.
— Ana…
Houlà, il est temps de changer de sujet. J’emploie une technique de diversion bien connue : le contre-
interrogatoire.
— Au fait, que s’est-il passé ? Qu’est-ce que j’ai eu ? C’est Grave ?
— Non, Dieu merci, c’était un polype.
Un polype… Dans ma tête, je vois un poulpe – un crabe… un cancer ?
— Oh mon Dieu ! Un polype ? Euh… c’est quoi ?
Christian s’étouffe d’un petit rire.
— J’en ai appris beaucoup sur les polypes utérins au cours des dernières heures, baby. Ils sont le
plus souvent asymptomatiques et provoquent parfois une hémorragie qui, dans ton cas, a été une
ménorragie. Ma mère m’a assuré que ce n’était pas grave. Après un curetage, il n’y a aucune séquelle.
Un curetage ? J’ai déjà entendu ce mot – lié à des avortements. Mon utérus ? Oh lala ! Suis-je devenue
stérile ?
— Est-ce que je pourrais avoir d’autres enfants ?
— Oui, baby.
— Tu es sûr ?
— Certain. Écoute, Ana, par pitié, ne t’agite pas. Le plus grave a été le sang que tu as perdu, il va
te falloir un moment pour le remplacer. Tu dois te reposer.
Il a raison, j’ai sommeil. Je m’accroche à s a main en demandant :
— Tu restes avec moi ?
— Bien sûr, baby. Au moins, cette fois tu n’es pas dans le coma. (Il grimace.) Et crois-moi, c’est
une nette amélioration.
Je lui souris, ravie. S’il est capable de plaisanter dans un moment pareil, c’est que je ne vais pas si
mal – et aussi qu’il ne m’en veut pas trop. Du moins, c’est ce que je veux croire.
Je ferme les yeux, très soulagée. J’ai retrouvé mon mari. Demain, nous parlerons. Demain, nous nous
réconcilierons.
***
Mercredi
Il fait grand jour. Grace et moi sommes seules dans la chambre, Christian s’est absenté un moment
pour aller prendre une douche. Ma belle-mère ne paraît pas très contente de moi.
— Ana, je ne comprends pas. Pourquoi ne pas m’avoir prévenu de tes symptômes ? Je suis médecin,
tu aurais dû me téléphoner.
— Je sais, Grace. Je croyais…
Je m’interromps. Que lui dire ? Je n’ai aucune excuse. Elle s’assied à côté de mon lit pour me prendre
la main.
— Ma chérie, tu es très courageuse et tu cherches à te débrouiller toute seule. Je le comprends. Si
l’absence de Christian te pesait, tu aurais pu venir chez nous, à Bellevue. Tu es ma fille, tu fais partie de
la famille, tu n’as pas besoin d’invitation pour résider à la maison. J’aimerais… (Elle sourit.) J’aimerais
vraiment que tu te sentes libre de me téléphoner dès que tu as un souci, de santé ou autre.
— Oh Grace merci. Le problème… Voilà, Christian et moi, nous nous étions disputés. Je ne voulais
pas… Je ne voulais pas vous inquiéter
— Les disputes sont tout à fait normales dans un couple, Ana. Crois-tu que Cary et moi n’avons
pas connu des hauts et des bas durant nos trente-cinq années de mariage ? Christian est parfois…
difficile, je le sais mieux que personne. Mais il t’adore, chérie. N’en doute jamais. Quoi qu’il fasse, il a
toujours d’excellentes intentions.
— Oui, Grace. Vous avez raison.
Elle me tapote la main et enchaîne :
— Malgré ça, tu sais ce qu’on dit ? Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus117
.
C’est la vérité. Parfois, c’est à croire que nous ne parlons pas le même langage.
— Vous avez raison. Je suis désolée.
On frappe à la porte. Une infirmière entre avec un paquet qui porte le logo de la FedEx118
.
— C’est pour vous, Mrs Grey.
Je m’étonne.
— C’est arrivé ici, à l’hôpital ? Qui peut déjà savoir que je m’y trouve ?
— C’est arrivé chez vous, madame, répond gentiment l’infirmière. Votre agent de sécurité vous l’a
apporté.
Grace s’écarte pour me laisser ouvrir mon colis. D’après le volume et le poids, c’est un livre. En
déchirant l’emballage, je découvre : Comment Communiquer Efficacement – pour les Nuls119 ? Qui a
bien pu… ? Dès que j’ouvre et lis le mot d’accompagnement, je souris.
Tu as intérêt à l’apprendre par cœur, Steele,
Tu auras droit à une interrogation en règle dès que je rentrerai
xoxo
KAK
Oh Kate ! Son geste est tellement émouvant ! Elle a un travail fou à New York, entre ses interviews,
ses défilés, son journalisme, mais elle a quand même pensé à moi. C’est une amie incomparable.
Avec un grand sourire, je lève les yeux sur ma belle-mère.
— Ça vient de Kate, Grace.
Elle fronce les sourcils, l’air sévère.
— Vraiment ? C’est un envoi… étrange, non ?
— Au contraire, c’est adorable de sa part. Je lui ai téléphoné l’autre jour, parce que je voulais aussi
aller à New York. Christian n’a pas voulu que je parte seule, il tenait à m’accompagner.
Grace paraît surprise.
— Dans ce cas, pourquoi n’étais-tu pas avec lui ce week-end ?
Je rougis. Je ne tiens pas à évoquer notre différend. Je dois pourtant à Grace une explication. Zut !
— Nous nous sommes disputés…
Grace me prend le livre des mains et lit ce qu’il y a écrit au dos.

— Je crois comprendre l’intention de Kate. Elle a raison. La communication est fondamental dans
un couple, ma chérie. Ne t’attends surtout pas à ce qu’un homme comprenne des indications subtiles ou
des sous-entendus. Ils sont très terre à terre, ils prennent tout au pied de la lettre.
J’éclate de rire.
— Maman m’avait expliqué la même chose, tout au début de ma relation avec Christian.
— Carla doit savoir de quoi elle parle, elle s’est mariée quatre fois. Même sans une aussi riche
expérience, une femme apprend vite.
Je prends sa main dans les miennes.
— Merci, Grace.
***
D’après ce que m’a dit l’infirmière tout à l’heure, je serai libérée en fin de matinée, lorsque le Dr
Greene passera visiter ses patientes. Christian arpente la chambre, sans cacher son impatience de me
ramener à la maison.
— Mais qu’est-ce qu’elle fout, bon Dieu ?
— Christian, je ne suis pas seule dans cet hôpital, il y en a d’autres patients – et certains d’entre
eux sont des cas bien plus graves que le mien.
— Je me fous des autres patients ! Tranche mon mari. La seule personne qui m’intéresse, c’est toi.
Il est tellement sincère… tellement exclusif, excessif. Tellement Fifty.
Je lui tends la main, il revient vers le lit, il me prend dans ses bras et m’embrasse les cheveux. Je
retrouve sa chaleur, son odeur et son amour, comme s’il s’agissait d’un trésor qui m’avait été dérobé…
et rendu par miracle. Jamais plus je ne considérerai le bonheur comme un dû. Un couple, ça se travaille,
ça se mérite, au jour le jour. Nous avons traversé la tempête, nous n’avons pas coulé.
La porte s’ouvre, c’est le Dr Greene.
Christian s’écarte de moi avec un feulement :
— Pas trop tôt !
Un couple, ça se travaille, mais… il te faudra quand même de la patience.
***
Le Dr Greene enlève son stéthoscope avec un sourire.
— C’est parfait, Mrs Grey. Vous pouvez rentrer chez vous. Veillez simplement à vous reposer
quelques jours.
Christian me surveille d’un regard étréci. Zut de zut ! Il va traduire ces instructions par : « tu dois
rester au lit pendant une semaine ». Je n’ai que trop connu mon lit ces derniers jours, je veux retrouver
le plus vite possible mon énergie et ma mobilité ; je veux m’occuper de mon bébé, parler avec mon mari.
Et lire le livre de Kate !
Christian est déjà au téléphone :
— Taylor ? Préparez la voiture. Nous rentrons… Devant l’entrée principale.
Je suis obligée de quitter l’hôpital dans une chaise roulante. C’est la procédure habituelle et je déteste
ça. Christian s’est déjà occupé de la paperasserie, je n’ai rien à signer. Je suis directement conduite vers
les portes vitrées à tambour, puis sur l’aire dépose-minute où le gros 4x4 noir nous attend.
Sawyer descend pour m’ouvrir la portière. Il m’examine, le front plissé.
— Bonjour, Mrs Grey. Je suis heureux de vous voir une aussi bonne mine. Vous nous avez tous
inquiétés cette nuit.
— Merci, Sawyer.
Taylor, lui aussi, s’approche de moi :
— Bonjour, Mrs Grey. J’espère que vous vous rétablirez très vite.
Je ne le regarde pas en répondant, d’une petite voix empruntée :
— Merci, Taylor.
Christian me prend dans ses bras pour m’installer sur le siège arrière, puis il attache ma ceinture avec
un soin maniaque.
Quelques minutes après, nous sommes en route pour Broadview. Il pleut des trombes. Je m’en fiche,
j’ai le sentiment que l’habitacle où nous sommes assis tous les deux, mon mari et moi, la main dans la
main, est inondé du soleil qui brille dans mon cœur.
Christian se penche sur moi et marmonne :
— Dès que nous serons à la maison, tu vas m’entendre, Mrs Grey !

Livre 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant