De : Christian Grey Objet : Taïwan, si loin… Date : 14 décembre 2011 00:20 À : Anastasia Grey
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Alors, comment va ma famille aujourd’hui ? Je suis très heureux que tu aies enfin pris le temps de te reposer. Tu vas toujours faire des courses avec Mia cet après-midi ? Je regrette d’être si loin de toi, Taïwan est au bout du monde ! Tu me manques, baby ! Et Petit Pois aussi xx Christian Grey
P-DG, Grey Entreprises Holdings Inc.
De : Anastasia Grey
Objet : J’aurais dû travailler ce matin… Date : 13 décembre 2011 9:30 À : Christian Grey
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Ta famille va très bien mais se tourne les pouces. J’ai fait la grasse matinée et maintenant, je m’ennuie. Je ne suis pas sûre que faire des courses avec Mia soit « reposant » mais ta sœur tient absolument à choisir avec moi la décoration de la nurserie chez IKEA – c’est un magasin de meubles suédois. Elle n’est pas d’accord avec le vert menthe. Elle dit que nous aurions dû prendre jaune d’or… ou bleu. Elle est persuadée que l’enfant sera un garçon.
Ethan a parlé à Kate de notre expédition, du coup, elle vient aussi. Elle va s’opposer par principe à tout ce que dit Mia (y compris le sexe du bébé.) Je me demande comment je vais pouvoir acheter quelque chose. Je devrais peut-être demander à Grace de venir aussi en tant qu’arbitre ? Je tiens à ce que la chambre de Petit Pois dans la nouvelle maison soit prête. Mon BlackBerry est presque vide, je vais le mettre en charge. Je compte aussi lire ce matin un manuscrit que j’ai emporté avec moi
Ça fait drôle de voir que nous avons quinze heures de décalage horaire ! Travaille bien et reviens vite, tu nous manque aussi. Ana et Petit Pois
PS. Nous t’aimons très fort
De : Christian Grey
Objet : Je serai là après-demain Date : 14 décembre 2011 00:35 À : Anastasia Grey
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Oh baby, je suis heureux que tout aille bien, mais rappelle-toi ce que dit le Dr Greene. Pas d’excès. N’oublie pas que vous êtes deux. Combien de fois dois-je te rappeler qu’il te faut être prudente ?
Quant à Mia, je reviendrai très bientôt te sauver de ses griffes et nous pourrons discuter tous les deux de la maison – et de la chambre de Junior. J’aime le vert menthe ! Pas du tout le jaune…
Ma mère est à Portland aujourd’hui, elle ne pourra jouer à l’arbitre, mais Kate t’aidera si Mia abuse de ses prérogatives de tante.
Je compte les minutes qui nous séparent… Je t’aime xx Christian Grey
P-DG follement amoureux, Grey Entreprises Holdings Inc
Ana
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— Comptez-vous toujours aller chez IKEA aujourd’hui ? demande Gail.
Bien sûr ! C’est pourquoi j’ai libéré mon vendredi. Cette perspective me redonne instantanément le sourire.
— Oui, je dois y retrouver Kate et Mia. Et sur une impulsion, j’ajoute :
— Voudriez-vous venir avec nous, Gail ?
Sidérée, elle cesse une fois de plus les préparatifs culinaires. — Moi ?
Je termine mes lasagnes avant de lui répondre :
— Oui, je veux meubler la nurserie. Vous me donnerez votre avis. — Volontiers, Ana. Ce sera pour moi un plaisir.
— C’est un garçon ! — Non, une fille.
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— Mais non, je te dis que c’est un garçon, Kate ! s’écrie une Mia exaspérée, les deux mains en l’air. Accepte-le.
— Je ne l’accepterai que le jour où je lui verrai les cou*l…
Mrs Taylor intervient à point nommé en me désignant du doigt un grand tableau représentant un train.
— Hey, Ana, qu’en pensez-vous ? Il me semble avoir entendu Mr Grey dire qu’il aimait beaucoup les trains, étant enfant.
— Il préférait les petites voitures et les hélicoptères, tranche Mia. — En ça, il n’a pas changé, ricane Kate.
Avec un sourire de connivence, je remercie Gail de son tact pour avoir changé de sujet de la conversation. J’étudie le tableau qu’elle m’a désigné… Très joli, coloré et stylisé. Il irait bien sur le vert menthe que Christian et moi avons choisi pour les murs de la nurserie, un ton qui corresponde aussi bien à un garçon qu’à une fille. Je ne veux pas savoir le sexe du bébé. Du moins pas avant le jour de la naissance. Christian a enfin accepté l’idée de devenir père. Pour le moment, je m’en satisfais. Je préfère prendre chaque étape au jour le jour – un pas à la fois, comme dit toujours John Flynn.
Ce tableau est quand même trop chargé…
— Je ne pense pas que Christian l’aimerait, dis-je pensivement. Kate ricane.
— Ouais, une fille, ça n’aime pas les trains. Toi, Ana, tu n’y as jamais joué.
Je l’ignore et fais quelques pas pour regarder les autres tableaux exposés. Je tombe en arrêt devant une toile plus petite, représentant une mare et une prairie. C’est paisible, toute cette verdure, c’est même enchanteur. J’évoque la prairie près de la grande maison, là ou Christian et moi avons pique-niqué l’autre jour... Petit Pois l’aimera sûrement.
J’ai un sourire béat quand arrive le vendeur, que Mia a été chercher. — Je le prends.
Pendant qu’il emballe mon achat d’un papier à bulles, Mia tombe en arrêt devant une chaise à bascule pour enfant en forme de chauve-souris.
Kate fait la grimace
— Pas question ! Tu vas pervertir cette enfant avant même qu’elle soit née et la transformer en vampire.
— C’est un garçon ! Mia lui tire la langue.
Je secoue la tête, avec un soupir. J’avais espéré qu’elles cesseraient de se quereller, mais pas du tout. Kate et Mia sont très possessives envers leur futur neveu ou nièce. Elles se disputent mais en riant, c’est un jeu pour elles. Pour ne pas mettre de l’huile sur le feu, je ne veux pas prendre parti, mais secrètement, j’envisage un petit garçon – un adorable enfant aux cheveux cuivrés et aux yeux gris rieurs, un mini- Christian qui ne connaisse que le bonheur, les assiettes pleines, les parents aimants, qui ait toujours le sourire…
Ça me paraît une sorte de revanche sur la vie que Fifty a connue durant ses premières années.
Le vendeur s’appelle John, d’après son badge ; il est roux et très Américain, il ne pourrait être plus différent du bon Dr Flynn. Il repart avec mon tableau qui m’attendra à la caisse. Oh lala. Je n’en ai même pas regardé le prix. J’ai beaucoup changé depuis que j’ai rencontré Christian, je le réalise de temps à autre à des détails de ce genre, très révélateurs.
J’avais fait une liste de ce que je tenais à acheter pour la nurserie ; mentalement, je barre « tableau ». Il me reste le plus gros : le mobilier.
— Passons aux meubles pour enfants, dis-je au trio qui m’accompagne — Cherchez-vous quelque chose de particulier ?
Cette voix qui vient de parler dans mon dos, je la reconnais et je me fige. « Elle » ne devrait pas être là… Christian m’avait promis qu’ « elle » serait surveillée en permanence. Leila.
Quand je me retourne, j’ai le cœur dans la gorge. Je cherche Sawyer des yeux, étonnée qu’il ne soit pas déjà intervenu. Je reste bouche bée en voyant la jeune femme devant moi : blonde, grande, avec des yeux bleus de Nordique.
Ce n’est pas Leila Williams.
Elle affiche un sourire commercial tout en ajoutant : — C’est dans l’aile juste à côté, madame.
Étrangement, j’ai perdu toute envie de continuer mes courses. Pourquoi suis-je si bouleversée d’avoir cru reconnaître la voix d’une ex-soumise de Christian ? Je n’ai aucune crainte sur la fidélité de mon mari, je suis la seule femme qu’il ait jamais aimée. Ce doit être la grossesse et le bouleversement de mes hormones qui me rendent aussi puérile.
Quand je vacille, Gail me prend par un coude, Kate par l’autre. Mia, qui discute un peu plus loin avec un autre vendeur, n’a rien remarqué.
Sawyer s’approche instantanément de moi. — Est-ce que ça va, Mrs Grey ?
— Je crois que nous devrions rentrer, propose Gail, soucieuse.
— Sawyer, surtout ne dites rien à Christian, dis-je, le souffle un peu court. Je ne veux pas qu’il s’inquiète. C’est juste… ah, je ne sais pas…
Je me sens grotesque, je ne peux quand même pas leur avouer que la voix de cette jeune vendeuse m’a troublée. Et puis, Leila avait des excuses : elle était mentalement déséquilibrée. À mon avis, elle l’est toujours. Elle n’a pas représenté pour nous de véritable menace, contrairement à Jack Hyde ou Elizabeth Morgan. Ils sont tous les deux en prison, ils n’en sortiront pas de sitôt. Je ne risque rien. Du moins, autant que ne risque « rien » la femme du milliardaire le plus en vue de Seattle. Je suis toujours à la merci d’un paparazzi insistant, d’un apprenti kidnappeur, d’un désaxé quelconque.
Christian n’a pas tort. Je place une main sur mon ventre où repose Petit Pois, heureuse d’avoir un mari trop protecteur et des agents de sécurité avec moi. Je ne vois pas Ryan, mais je sais qu’il est là aussi… sans doute devant la boutique.
Kate me dévisage d’un air étrange. — Ana, tu as sacrément changé !
À son expression, je sais que je la déçois. Elle va bientôt se marier, quand elle aussi sera mère, nous retrouverons (je l’espère) notre ancienne complicité. Pour le moment, je la trouve… immature.
Très vite, je secoue la tête parce que cette idée me parait une trahison.
Devant le magasin, je fais mes adieux à Mia qui agite la main en annonçant continuer son shopping. Grand bien lui fasse !
— Je vous ferai une tasse de thé en arrivant, Ana, dit Gail. Vous vous sentirez mieux ensuite. J’ai la sensation d’avoir cent ans.
Pour me réconforter, je me dis que je reviendrai avec Christian. Ce sera très drôle de faire ces achats en sa compagnie.
Christian
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Jusqu’au dernier moment, j’ai hésité à aller à Taïwan malgré l’importance de ces réunions concernant le chantier naval. Mon dernier éloignement de Seattle m’a laissé des souvenirs amers : j’étais à New York quand Hyde a pénétré dans l’appartement, le jour où Ana m’a désobéi pour aller s’enivrer avec Kate au Zig Zag Café. Je secoue la tête. Beaucoup d’eau est passée depuis lors sous les ponts.
J’ai donné à Sawyer des ordres très stricts pour qu’il me prévienne si Ana avait le moindre problème. En fait, j’ai reçu toutes les heures un bulletin de santé et son emploi du temps. J’ai appris qu’elle prenait une journée de congé…
Le fait est rarissime.
Au début, je me suis inquiété : Ana se sentirait-elle fatiguée ? Je ne cesse de lui réclamer d’abandonner son travail durant quelques mois ! Son poste l’attendra après la naissance – comment peut- elle en douter ? Mais ma femme est entêtée ; elle prétend que travailler est pour elle une distraction et qu’elle deviendrait folle en étant enfermée toute la journée à l’Escala sans rien faire.
La grande maison n’est pas encore terminée. Les travaux ont bien avancé. Elliot nous a promis une livraison à Noël, ce qui me semble optimiste. Enfin… disons que nous pourrons emménager en janvier ou février, avant la naissance du bébé. En attendant, ça ne me gêne pas de rester au centre-ville, le trajet prend bien moins de temps. Et comme Ana insiste pour aller à SIP, c’est un souci de moins.
J’arrive à l’Escala dans la nuit, je vais directement dans la chambre, retrouver ma femme… Elle est endormie, de mon côté du lit, avec mon oreiller serré dans ses bras. Elle paraît si petite, si enfantine, j’en ai le cœur serré. Elle a à peine commencé à vivre et déjà, elle va être mère… En plus, elle gère au quotidien mes cinquante nuances de folie ? Où en trouve-t-elle la force et le courage ?
Après avoir passé un long moment à son chevet, je vais prendre une douche, puis je me sèche et je m’étends auprès d’elle.
Enfin, je suis chez moi, avec Ana dans les bras. Très vite, je m’endors d’un sommeil sans rêves.
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Livre 4
RandomQui domine les autres est fort. Qui se domine est puissant. * Être aimé donne de la force Aimer donne du courage Lao Tzeu FAMILLE Par FIFTY SHADES de GREY **** LIVRE IV