Ana
— Aaah !
Dans la cuisine, Teddy hurle à pleins poumons en entendant la porte d’entrée s’ouvrir. Il sait qu’il
s’agit de son père. Avec un sourire, je regarde mon bébé faire un gros effort pour quitter la couverture
sur laquelle il était assis, il abandonne ses jouets – ses cubes avec lesquels il tentait de construire une
tour – et se met debout.
— Oui, mon chéri, papa est arrivé, dis-je avec un sourire.
Christian est juste à l’heure ! Je viens de terminer son gâteau au chocolat, je sais qu’il s’agit de son
dessert préféré, en plaçant dessus trois bougies pour marquer ces trois décennies. Je lèche sur mes doigts
ce qui reste de glaçage. Miam, c’est délicieux. Je me souviens du premier gâteau que j’avais
confectionné pour lui, il y a deux ans. D’ailleurs, l’année dernière également… Serait-ce une nouvelle
tradition entre nous deux ?
Ce matin au réveil Christian m’a demandé de fêter son anniversaire entre nous trois, lui et moi et
notre fils. Je secoue la tête, il n’a aucune chance d’échapper à sa sœur : Mia organisera certainement une
fête à Bellevue, chez ses parents, avec toute la famille. J’espère simplement qu’elle n’aura pas d’idées
extravagantes pour marquer l’événement, un feu d’artifice, un groupe de hard rock ou je ne sais quoi.
Christian déteste toute publicité.
Au même moment, il pénètre dans la cuisine. Teddy piaille de plus belle en lui tendant les bras.
Christian tombe à genoux juste à temps pour empêcher son héritier de se fracasser le nez sur le carrelage.
Teddy marche depuis quelques semaines, sinon quelques mois, mais il a parfois des problèmes
d’équilibre quand il est excité.
J’entends Christian marmonner des mots d’amour à l’oreille de son fils, il le félicite aussi… de quoi ?
Aucune idée. Christian passe son temps à féliciter Teddy, que ce soit ou non mérité.
— Bonsoir, baby.
Un tendre baiser de mon mari m’arrache à mes pensées. Je lui souris.
— Bon anniversaire, Christian.
Teddy, dans les bras de son père, tend la main pour arracher les bougies ou jouer avec mon glaçage,
je ne sais pas. Christian l’en empêche en s’écartant du comptoir d’un geste vif. Il a d’excellents réflexes.
— Ce gâteau a l’air délicieux, Ana. Je vais me changer, je vous rejoins d’ici quelques minutes.
Je sais qu’il tiendra parole. Il passe toujours le minimum de temps dans la salle de bains, devant la
glace, et pourtant, il paraît toujours émaner d’un magazine de mode.
Il revient dans une chemise blanche à manches courtes et un jean. Il a les pieds nus. Les rayons du
soleil jouent sur ses cheveux cuivrés pendant qu’il s’assoit, avec Teddy, sur la couverture, le dos appuyé
au mur.
— Qu’avons-nous ce soir pour dîner ?
— Gail nous a préparé du poulet au parmesan avec de la semoule de couscous, des amandes et des
raisins secs, une salade de pois gourmands.
— Ted mange avec nous ?
— Oui, bien sûr, pourquoi ?
Christian éclate de rire.
— Il va adorer la semoule ! Nous en retrouverons partout pendant un bon bout de temps.
Oh lala ! Je n’avais pas pensé à ce détail. J’aurais dû demander plutôt de la purée. Christian a raison :
quand Teddy dîne avec nous, il insiste toujours pour se débrouiller « tout seul » et c’est assez salissant.
Tant pis, il est trop tard pour changer d’accompagnement.
Nous mangeons tôt, afin de ne pas retarder le coucher de Teddy, il n’a que treize mois après tout,
c’est encore un gros bébé, même s’il imagine le contraire.
À la fin du repas, j’apporte fièrement le gâteau et ses trois bougies allumées.
— Bon anniversaire, Christian. Fais un vœu.
Il m’offre un sourire ravi de petit garçon, puis il tente de faire participer Teddy à l’événement, bien
entendu, notre fils essaye à nouveau d’attraper les flammes. Avec un rire, Christian se décide à souffler
tout seul, il a les yeux braqués sur moi avec aux lèvres un sourire sensuel.
Teddy fronce les sourcils, très mécontent de voir que les bougies sont éteintes. Sa petite bouche
tremble, j’espère qu’il ne va pas à nous faire un gros caprice. Christian coupe une petite part de gâteau
et la pose dans l’assiette en plastique posée sur la tablette de sa chaise haute. Teddy se console
immédiatement, il plonge les deux mains dans la mousse au chocolat avec un rire enchanté.
— Il grandit vite, remarque Christian. Il ne devrait pas tarder à parler.
— Ça m’étonnerait, un enfant ne parle pas avant deux ans. De toute façon, il n’en a pas besoin, il
se fait très bien comprendre même sans l’usage de la parole.
Christian étudie son fils, le regard attentif. Je me demande à quoi il pense. Tout à coup, il secoue la
tête, et continue à servir le gâteau. Il emporte une bouchée à ses lèvres et ferme les yeux avec un
gémissement d’extase. Son visage évoque pour moi d’innombrables nuits d’amour, dans les bras l’un
de l’autre… j’en ressens un fourmillement familier. Je me mords les lèvres en me trémoussant sur mon
tabouret.
— Ne fais pas ça, baby. Tout à l’heure… chuchote Christian.
Après le dîner, il fait encore clair, nous emmenons Teddy entre nous deux, dans le jardin. Les lucioles
commencent à s’allumer, Christian les montre à son fils. Puis il le prend dans ses bras et se lance à leur
poursuite, ils rient tous les deux de la vanité de leurs efforts.
L’an dernier, pour notre premier anniversaire de mariage, nous étions Christian et moi à New York,
nous nous sommes promenés à Central Park. Il y avait aussi des lucioles, je pensais à mon bébé endormi
dans son berceau, en me demandant quand il serait assez grand pour s’intéresser à ces étranges petits
insectes le soir, à la tombée de la nuit… Et voilà, j’ai ma réponse, ce soir, pour un autre anniversaire.
Christian a raison, le temps passe vite, si vite… J’enlève mes souliers, l’herbe grasse est délicieuse
sous la plante de mes pieds nus. J’avance jusqu’au bord de l’eau, sur le ponton. Christian prétend que
très bientôt, il apprendra à Teddy à pécher. Je retiens un frisson. Quelle horreur ! Ray tentait également,
autrefois, de m’intéresser à la pêche, mais j’aimais seulement le regarder faire, de loin, sans toucher ni
les vers d’appâts ni les poissons gesticulants. C’est sans doute une question de gènes : seuls les hommes sont intéressés par ce genre d’activité. Je sais qu’Ethan lui aussi est un pêcheur confirmé, je me demande
si Kate a jamais essayé. Ce n’est pas un sujet dont je me souviens avoir discuté avec elle.
— Tends la main, bonhomme, dit Christian dans mon dos.
Je me retourne pour voir ce qu’ils font. Apparemment, Christian a fini par attraper une luciole, il
voudrait la montrer à son fils. Houlà, je la sens très mal pour cette pauvre bestiole. Teddy ne s’intéresse
nullement au petit papillon qui ne brille plus du tout, il regarde tout autour de lui, étonnée sans doute de
ne pas reconnaître le jardin au crépuscule. Il me voit, il crie et avance vers moi. Christian est juste
derrière lui, le visage crispé d’inquiétude en voyant son fils aussi près de l’eau.
Je quitte le ponton pour ne pas donner à Teddy d’autres raisons de prendre des risques. Il se laisse
convaincre sans difficulté de remonter vers la maison. D’ailleurs, si je dois en juger par son attitude, il
commence à être fatigué.
Moi, ce n’est pas le cas. J’ai bien l’intention de fêter l’anniversaire de Christian en tête-à-tête, dans
notre chambre. J’espère qu’il aimera les sous-vêtements que j’ai achetés pour l’occasion…
***
— Je te veux !
Le baiser de Christian est charnel et affamé. Sans fin. Et cette intensité m’est essentielle ce soir :
nous sommes Adam et Ève, un homme, une femme, seuls au monde. Il a glissé une main sous ma nuque
et me tient la tête renversée pour mieux s’abreuver à ma bouche. Je reconnais cette prise de possession.
Le plaisir me consume déjà alors qu’il n’a utilisé sur moi que sa bouche et sa langue. Un « sexpert », je
le dis souvent…
Son sexe gonflé et dur presse contre mon ventre. Enfiévrée, je recule légèrement afin de lui retirer
son pantalon et libérer son membre. Je le prends entre mes doigts, savourant sa dureté sous la douceur
de sa peau. Je commence un mouvement de va-et-vient, ce qui arrache un râle sourd à Christian, qui
frémit. Il m’allonge sur le lit et me déshabille en quelques secondes. Il est nu lui aussi, il m’écarte les
jambes et sans attendre s’allonge sur moi. Se tenant sur un bras, il guide son sexe et, du même
mouvement, entre en moi.
Il s’immobilise, haletant, tout en me regardant au fond des yeux. Je suis presque incommodée par
l’intensité de sa présence. Fascinée par son visage crispé penché sur moi, je ne bouge pas. En plus de
l’irrésistible montée du plaisir, je sens un tsunami d’émotions me menacer.
Christian prend une inspiration saccadée et me pénètre complètement. Je le serre de toutes mes
forces, de tout mon corps. J’ai la vue qui se trouble, la jouissance arrive vite, trop vite, en vagues
successives, un oubli total de tout ce qui n’est pas nos deux corps imbriqués. Spasme après spasme, le
plaisir parcourt mon ventre, mes jambes et chacun de mes nerfs. Christian jouit aussi, ce qui prolonge
du même coup mon orgasme. Il a encore ce râle rauque en se cambrant, agité de convulsions. Ses
hanches me martèlent presque violemment jusqu’au moment où, tremblant de tout son corps, il
s’effondre sur moi.
Je gis sous lui, trop épuisée pour bouger. Je respire à peine et lutte contre mon envie de pleurer.
Pourquoi pleurer après l’amour ? Je n’en ai aucune raison. Ça ne m’arrive jamais. Pourtant, j’aimerais
enfouir son visage contre lui et sangloter. J’ai peur… Trop de plaisir, d’émotions, de crainte…
Christian reprend progressivement son souffle .
J’ai envie de dire « Waouh ! », mais je me contente de resserrer mes jambes autour de lui. Je
m’accroche pour qu’il reste là, en moi.
Il a ce même rire rauque et sensuel, je sens son souffle dans mes cheveux.
— Je n’ai pas l’intention de m’en aller, baby.
Il reprend ses va-et-vient en moi, plus lentement maintenant que sa première fringale est assouvie. Il
a une étonnante résilience sexuelle ! De ses mains souples et fortes, il plaque mes hanches contre les
siennes. Cette deuxième session est aussi longue que la première a été brève.
Je n’en peux plus, je veux que Christian accélère, je tente de le forcer, mais il est le plus fort.
— Christian ! S’il te plaît…
— Baby, que tu es belle !
En quelques mouvements vigoureux, il me laisse enfin basculer dans l’extase.
Mais ce n’est pas fini… Christian me prend ensuite sous la douche et debout contre le mur de la
chambre. Demain matin, j’aurai mal partout et du mal à marcher, c’est évident… mais cette nuit est
dédiée à l’amour.
Christian est allongé près de moi dans le lit, un bras autour de ma taille ; son souffle chaud caresse
mon épaule. Il m’a marquée de son sceau. Je le savais déjà, mais cette nuit me l’a confirmé. Je lui
appartiens corps et âme. Je n’ai aucune autonomie, je n’exerce aucun contrôle sur ma propre vie…
Christian n’accepterait jamais que notre relation soit différente – comme celle de Kate et Elliot, ou de
Mia et d’Ethan. Il est très exigeant, j’en suis consciente, mais je ne le voudrais pas autrement…
Il est toute ma vie.
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Livre 4
De TodoQui domine les autres est fort. Qui se domine est puissant. * Être aimé donne de la force Aimer donne du courage Lao Tzeu FAMILLE Par FIFTY SHADES de GREY **** LIVRE IV